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vendredi 19 août 2011

Campagne électorale: TV contre internet?

Россияне говорят net партии власти

Комментирует Павел Салин, ведущий эксперт Центра политической конъюнктуры России


Petit à petit, la campagne électorale se déplace de la télévision vers internet, car le nombre de personnes regardant la TV est en baisse constante. Ce qui conduit les partis à devoir sensibiliser à leur cause une grande quantité de jeunes internautes.

Toutefois, Edinaya Rossiya, selon les experts, est intéressée à ce que, comme auparavant, la campagne électorale reste télévisuelle, puisqu'il n'est pas très populaire sur la toile, et c'est le moins que l'on puisse dire.

Les études montrent que l'auditoire classique télévisuel est en passe de veillissement, mais d'un autre côté, c'est aussi une frange de la population qui va se déplacer pour voter, à l'encontre des internautes, plus jeunes, mais dont la participation aux élections est à conquérir.

Pour cette raison, même si les partis se lancent aussi sur la toile, l'avenir proche de la télévision dans la campagne électorale n'est pour l'instant pas en danger.

On ajoutera que la fermeture de la TV aux partis d'opposition et la surmédiatisation de l'activité du parti du pouvoir malgré la loi devant garantir l'égalité en la matière renforce l'impression d'une concurrence des campagnes électorales. Il y aurait une campagne "officielle" médiatisée télévisuellement qui garantie l'hégémonie des forces en place. Et parallèlement se met en place une campagne "officieuse", mais plus représentative du paysage politique actuel en Russie. Pour l'instant les deux mondes coexistent sans grande interférence, mais les mécanismes existent pour leur future fusion.

jeudi 18 août 2011

La Cour suprême russe soutient le referendum local

Верховный суд пересчитал коммунистов
КПРФ считает, что для организации референдума не нужно собираться всем горкомом

Максим Иванов


La Cour suprême de la Fédération de Russie a satisfait le recours déposé par des membres moscovites du Parti communiste visant à l'annulation de la décision de la Commission électorale de Moscou leur interdisant la tenue d'un referendum local à Moscou et contre la décision de la Cour de la ville de Moscou confirmant cette décision.

Au printemps de cette année, le Parti communiste a tenté d'initier un referendum portant sur trois questions sociales liées au gel des tarifs des impôts locaux à Moscou jusqu'en 2014, la réalisation de travaux fondamentaux de rénovation des bâtiments en fonction de leur degré de vétusté et à la modification de la loi sur la carte électronique universelle. Conformément à l'art. 8 de la loi sur les referendum dans la ville de Moscou, non seulement les citoyens (au moins 300) en ont l'initiative, mais également les groupements ayant le droit de participer aux élections. La décision d'initier le referendum a donc été prise le 2 avril par le comité de direction de la ville de Moscou du Parti communiste. La décision a été signée non seulement par le dirigeant du groupe, mais également par tous les participants, à savoir 66 membres sur les 100 que compte le Comité.

La Commission électorale de Moscou rejette la demande le 21 avril, sans motiver sa décision. Un membre de la Commission a expliqué, bien que rien ne soit précisé dans la décision, que le problème viendrait du fait que 9 des membres du Comité régional du PC ne sont pas officiellement résidents à Moscou.

Les membres du Comité du PC ont portés un recours devant la Cour de Moscou, qui a refusé de retenir comme justification légitime du refus par la Commission électorale le lieu de résidence des membres du Comité de direction locale du Parti. En revanche, la Cour a refusé de retenir l'absence de motivation comme fondement pour attaquer la décision de la Commission électorale et elle a soutenu la décision de la Comission dans le sens où toutes les signatures doivent être présentes sur l'acte, règle qui s'applique de la même manière aux individus et aux groupements politiques. Bien que la loi soit silencieuse sur ce point.

Dans son pourvoi en cassation devant la Cour suprême de la Fédération de Russie, le Comité locale du Parti communiste conteste les deux actes: et la décision de la Commission électorale et la décision de la Cour de Moscou. La Cour suprême, quant à elle, soutient la position des requérants et a déclaré illégale la décision de la Commission électorale de la ville de Moscou et a annulé la décision de la Cour de Moscou. Toutefois, il est difficile d'en tirer pour l'instant plus de conséquences, puisque la partie argumentative de la décision n'a pas encore été publiée. Si l'argumentation est formelle - liée à l'absence de motivation de l'acte - la portée de la décision sera très limitée et la Commission électorale pourra perpétuer sa pratique liberticide. Mais si l'argumentation porte sur le fond, dans ce cas une porte de la démocratie locale peut s'ouvrir.

Il faut juste rappeler qu'aucun referendum local n'a jamais pu être organisé à Moscou - et dans les autres Sujets de la Fédération non plus, sauf sur initiative du pouvoir.

mercredi 17 août 2011

Spravedlivaya Rossiya: les rats se préparent à quitter le navire

Левые эсеры
«Справедливую Россию» могут покинуть ключевые депутаты и спонсоры


Après l'exclusion du parti Spravedlivaya Rossiya des premiers membres à rejoindre le Front populaire de V. Poutine (le vice-président de la Douma fédérale Alexandre Babakov, l'ancienne députée Elena Vtoryguina et les députés Mikhail Starchinov et Vassili Chestakov), de nouvelles défections sont à attendre suite aux faibles perspectives qu'offre le parti aujourd'hui. Des figures importantes tant au plan fédéral que local tiendraient des pourparlers avec d'autres partis politiques. Les pourparlers sont menés en même temps avec plusieurs partis aussi différents que le Parti communiste, le front populaire ou Pravoe delo.

Les sponsors eux aussi s'interrogent et commencent à se retirer en douceur, puisque le parti ne peut plus maintenant garantir d'être représenté à la Douma.
On soulignera pour notre part que l'important pour certains députés est vraiment le fait d'être élu, peu importe par qui et pour quoi, mais ils ont besoin de garder leur immunité. Ainsi en est-il, comme le rappelle justement l'article, du député Mikheev qui se retrouve sous le coup d'un mandat international lancé par la Moldavie.

Evidemment, les députés n'affichent pas leur intention.

Etre député est donc un travil en soi. Peu importe le parti. Peu importe le programme. C'est un peu comme être chauffeur de bus: ce n'est pas la marque qui compte, ni la route à faire, mais le fait d'être assis au volant. Donc si les députés russes appartiennent à l'organe représentatif du pays, ils ne représentent essentiellement qu'eux-mêmes. Ce qui est rendu possible - et même normal - par l'absence d'un réel pluralisme politique, par l'absence d'une différenciation politique partisane.

mardi 16 août 2011

Prokhorov: y aurait-il enfin un vrai projet européen pour la Russie? à suivre...



Suite aux nombreuses réactions dans la sphère politique russe (voir la critique de Iachine sur grani.ru ici) - et surtout en réponse à la critique de Edinaya Rossiya - M. Prokhorov a précisé ce qu'il entendait en parlant des liens entre la Russie et l'Union Européenne.

Il rappelle que la Russie mène depuis de nombreuses années des pourparlers avec l'UE quant à l'annulation du régime des visas entre ces deux territoires. Ce qui est soutenu et par la population russe et par le Gouvernement, sans le moindre soupçon d'antipatriotisme. En effet, la guerre froide est finie, les visas ne sont pas une barrière migratoire (ceux qui le veulent entreront toujours même illégalement dans le pays souhaité), mais une barrière militaire. Or, le système issu de la guerre froide est dépassé et il est important de s'inscrire dans le nouvel ordre des choses.

La Russie a besoin du capital de production de l'Europe occidentale, c'est-à-dire sa compétence industrielle, sa technologie, pas d'argent.

Pour leur part, les européens ont besoin d'avoir l'assurance que leurs besoins énergétiques en gaz et en pétrole seront couverts sans chantage de la part de la Russie. Et par dessus tout, ils ont besoin d'un réel scénario de sortie de crise. N'est-ce pas vraiment le bon moment pour commencer à construire une alliance stratégique économique, qui exclura à l'avenir la possibilité de tout conflit armé et qui permettrait à la Russie de mobiliser les ressources européennes pour se moderniser?

Il faut conclure une alliance profitable de part et d'autre. Et il faut le faire au bon moment. Voici la formule: l'euro et Schengen - oui, être membre de l'OTAN et de l'UE - non. Une véritable alliance économique avec l'Europe renforcera les deux parties et le bouclier nucléaire russe est apte à protéger tout le continent. Notre souveraineté réelle - et non imaginaire - en grandira, car aux têtes de missiles nucléaires, au gaz et au pétrole s'ajoutera une haute valeur ajoutée économique: nouvelles usines, routes, villes. Et un rouble qui dépend de la valeur du pétrole (dont le prix est fixé en dollars), n'est vraiment pas une garantie de souveraineté.

Comment comprendre ce texte de M. Prokhorov?

Techniquement, pour un européen, ce texte se comprend remarquablement bien. On croirait entendre n'importe quel homme politique français, par exemple d'après-guerre. D'autant plus que l'on y trouve des arguments très bien connus en France, notamment le thème chéri de la construction européenne, à savoir intégrer les intérêts économiques pour éviter les guerres. On y retrouve aussi une logique très simple - et qui a bien fonctionné en Europe d'après-guerre: relancer la construction (usines, routes etc.) pour relancer l'économie, ce qui est fondamental à la stabilité politique.

On y trouve des arguments plus réalistes sur l'appréciation de la situation en Russie comme la dépendance du rouble, la protection de la souverainté - à juste titre - ou encore la modernisation. Mais à l'inverse de la manière soit creuse soit irréaliste dont cela est habituellement traité par les politiques russes, ici non seulement l'approche est constructive, mais en plus plutôt réaliste. Bref, M. Prokhorov a été très bien conseillé et le style est très européen.

Il y a bien sûr des questions qui se posent. André Bogdanov avec son Parti démocratique tournait autour de 0,5% des voix aux présidentielles. Son projet politique se positionnait autour de l'intégration de la Russie dans l'UE. Le danger pour Prokhorov est d'être conduit dans une position aussi caricaturale au sujet des rapports Russie/UE, position avec laquelle il flirte dangereusement. Car techniquement, autre question, comment envisager l'utilisation de l'euro sans être membre de l'UE. Les instruments politico-juridiques actuellement en vigueur au sein de l'UE ne le permettent pas. Il serait donc nécessaire d'en créer un sur mesure. Ce qui peut politiquement se justifier.

Sur le plan économique, il est vrai que l'Europe dépend à plus de 50% des importations en matière énergétique, mais l'on voit mal le pouvoir actuel refuser la vente des seuls produits qui les fassent vivre et lui apportent des devises! En revanche, là où et l'Europe et la Russie pourraient être gagnantes dans une formule qui sauvegarderait l'intégrité territoriale russe, c'est au niveau de l'emploi. Environ 8% de chômage dans la zone euro, chiffre qui ne demande qu'à vertifineusement augmenter avec la crise. L'investissement dans une Russie où tout est à reconstruire serait profitable à tous.

Pour finir, politiquement, l'européanisation de la Russie est un moyen historiquement utilisé pour aider le pays à se moderniser. L'Europe a tout à y gagner, si elle peut parallèlement faire baisser la corruption.



lundi 15 août 2011

Sergueï Mironov cherche à se positionner dans l'opposition russe

"Им нужно занимать жесткую оппозиционную позицию" http://www.kommersant.ru/doc/1752358

Spravedlivaya Rossiya doit devenir de l'opposition dure. Sergueï Mironov tente de conduire ses codisciples sur cette voie. Il est même recommandé de renforcer la coopération avec les figures les plus connues de l'opposition actuelle, comme Boris Nemtsov, Vladimir Ryjkov et Igor Yourguens. Dans un inteview, Vladimir Ryjkov,co-fondateur du parti PARNAS, commente avec certains doutes la position de Spravedlivaya Rossiya.

Tout d'abord, V. Ryjkov rappelle que ce parti n'a pas défini clairement son positionnement politique et n'a pas pris de décision commune, ce qui exclu, contrairement aux rumeurs dans ce sens, toute possibilité de négociation notamment avec le PARNAS. Il hésite toujours à entrer réellement dans l'opposition ou à continuer à conduire sa politique de semi-opposition et de semi-loyauté au Parti du pouvoir.

Il est nécessaire de faire dès à présent une remarque quant à cet article de Kommersant, en itallyque pour la forme. En effet, Yourguens n'est pas dans l'opposition, il ne l'est en tout cas pas plus que Medvedev dont fait fonction de boîte à idées. En ce qui concerne plus précisément Sravedlivaya Rossiya, la période est bien évidemment propice à des rapprochements, les élections parlementaires approchent et il y a des risques à ce que Spravedlivaya Rossiya ne puisse plus bénéficier à l'avenir de ressources "technologiques", comme elles sont appelées ici, que lui garantissait son allégence à Edinaya Rossiya. De fait, comme le souligne V. Ryjkov dans son interview, les intentions de vote sont tombées à 3-4% et ne cessent de baisser - ce qui correspond déjà, à notre avis, plus au niveau réel de ce parti artificiel . C'est pourquoi il lui semble nécessaire que Spravedlivaya Rossiya détermine précisément ses intentions politiques et son programme, afin de pouvoir bénéficier du soutien des électeurs. En ce sens, toujours selon Ryjkov, si Pravoe delo et Spravedlivaya Rossiya occupent ce terrain de l'opposition, ils peuvent attendre de bons résultats électoraux.

On ajoutera encore pour notre part que le positionnement de Spravedlivaya Rossiya dans l'opposition va sembler, de toute manière, douteux à l'opinion publique. Tout d'abord parce que ce sursaut de conscience intervient après la disgrâce de Mironov, ce qui démontrerait plus le côté personnel d'une revanche d'amour propre que d'une vision politique mûrie et constante. Ensuite, il sera difficile de convaincre les électeurs qu'un parti qui n'a jamais voté contre un projet de loi Edinaya Rossiya, qui a toujours voté positivement le budget, qui n'a jamais présenté de candidat aux présidentielles contre les dauphins du pouvoir va défendre les intérêts de ces mêmes électeurs, au risque d'entrer dans un conflit direct inéluctable avec ses anciens "supérieurs". Enfin, et si la stratégie d'Edinaya Rossiya changeait en cours de route, Mironov résisterait-il longtemps au chant des sirènes?

Bref, pour réellement s'intéresser au développement d'une opposition politique russe digne de ce nom et constructive, il n'est pas nécessaire de perdre du temps à regarder en ce sens, sauf à vouloir brouiller les cartes avant les prochaines échéances électorales.