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vendredi 13 avril 2012

L'immunité de fait du Ministre de l'Intérieur: Nurgaliev n'est pas responsable pour la police

"Хоть матом Нургалиева ругай, хоть на голове стой, они не смогут его снять"


Les députés Spravedlivaya Rossiya voulaient lancer la procédure conduisant à la démission de ses fonctions du ministre de l'Intérieur, mais la Douma n'a pas inscrit la question à l'ordre du jour.

Pourtant soutenus par leurs collègues LDPR, les députés Spravedlivaya Rossiya n'ont pu obtenir l'inscription à l'ordre du jour de la Douma de la question de la démission de ses fonctions du ministre de l'Intérieur, R. Nurgaliev. Fondement formel du refus: une erreur de procédure - les députés auraient dû inclure le Comité pour la Sécurité.

Cette difficulté technique n'empêchera pas le chef de fraction, G. Gudkov, de faire sa déclaration à la Douma. En effet, beaucoup de reproches sont adressés à R. Nurgaliev et sa responsabilité est invoquée dans l'échec de la réforme de la milice/police. Après les évènements de Kazan, où des policiers ont violé à mort un homme avec une bouteille (voir l'article ici en russe), il est devenu évident pour tous que la procédure de révision de l'autorisation d'exercer les fonctions policières laisse passer même des sadiques.

Après le buit médiatique provoqué par le scandale, une enquête sur le ministère de l'intérieur de la République du Tatarstan a été faite par le Ministère fédéral de l'Intérieur, qui a déclaré le fonctionnement de ce ministère satisfaisant.

Selon les politologues, Nurgaliev est indéboulonnable. Il peut faire et dire ce qu'il veut, les députés peuvent parler autant qu'ils le veulent, ils ne peuvent le démettre de ses fonctions.

C'est un cas flagrant d'absence de fonctionnement politique du système russe. C'est la démonstration du danger et de l'échec du mode de fonctionnement clanique, qui affaiblit et décrédébilise les structures étatiques, donc l'Etat lui-même. L'irresponsabilité ne peut aller de paire avec l'Etat de droit.

jeudi 12 avril 2012

La question de la constitutionnalité du Statut de Moscou

Voir: http://www.izvestia.ru/news/521612

Des députés municipaux d'opposition estiment absolument nécessaire l'élection des directeurs de l'Administration de Moscou ainsi que celle des Préfets.

En ce sens, ils ont saisi la Cour constitutionnelle pour vérifier la conformité à la Constitution fédérale du Statut de Moscou - Sujet de la Fédération.

Cela pose en fait la question de l'efficacité du système de l'auto-administration locale. Ils tentent de cette manière d'augmenter le poid des élus locaux dans le système administratif.

La tentative est intéressante. Mais il ne faut pas que cela conduise à un mélange des genres. Et en Russie les notions de décentralisation (faisant suite à l'élection) et de déconcentration (faisant suite à la nomination) ne sont pas très clairement établies.

Si l'élection est un procédé incontournable de renforcement de la démocratie locale, la nomination permet une verticale du pouvoir qui est indispensable dans tout Etat.

Il sera intéressant de voir la position de la Cour constitutionnelle sur cette quesion sensible.

mercredi 11 avril 2012

Pas de grace, mais une possible amnestie: on relance le débat

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/2012/04/10_a_4341997.shtml

D. Medvedev relance le débat. Après avoir écarté la possibilité d'une grace présidentielle, dans laquelle il devrait prendre ses responsabilités de Président, il renvoie la balle au Parlement pour une possible loi d'amnestie, pour les personnes incarcérées pour des motifs économiques.

Lors d'une des réunions de ce "Gouvernement ouvert", la question de la criminalité économique a bien évidemment été soulevée et bien évidemment s'est restreinte à la question centrale de la libération des entrepreneurs incarcérés. En soi même la question est importante. Il y aurait eu en tout près de 3 millions de personnes privées de liberté pour raisons économiques. Et aujourd'hui, on compterait environ 13 000 hommes d'affaires sous les verrous.

Pourtant une question n'est pas posée. Sont-ils sous les verrous parce que la justice a été instrumentalisée à des fins politiques ou personnelles? ou sont-ils sous les verrous parce que ce sont des hommes d'affaires véreux? Il semblerait que la réponse n'intéresse personne.

Toujours est-il que sous le coup de cette loi d'amnestie - dont pour l'instant même le projet est inexistant - pourrait se retrouver des "personnalités" bien connues, comme M. Khodorkovsky, P. Lebedev ou encore A. Kozlov.

L'avenir proche montrera s'il ne s'agit que d'un moyen de renvoyer la balle au Parlement - et au prochain Président - ou si finalement D. Medvedev aurait eu la volonté de régler cette question.

mardi 10 avril 2012

Astrakhan: le combat continue

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/elections2011/2012/04/09_a_4340817.shtml

A Astrakhan, le combat continue. Un combat pour l'honneur. Un combat pour que les élections ne soient pas qu'une formalité vite réglée. Un combat pour le droit d'être citoyen.

J. Shein est dans sa 25e journée de grève de la faim, le danger devient vital. Enfin, les réactions prennent une dimension fédérale.

Mironov se dit prêt à soulever la question devant V. Poutine lors de sa venue prochaine au Parlement. Udaltsov et quelques autres personnes se sont mis également en grève de la faim. Navalny appelle les bloggers à aller à Astrakhan en signe de soutien.

Mais la question clé de l'accès à l'intégralité des bandes vidéos de surveillance des bureaux de vote n'est pas réglée. A quoi cela servait-il de mettre en place un système de surveillance s'il n'y a pas de possibilité matérielle d'utiliser le matériel par la suite devant la justice? Se donner bonne figure à si bon prix est un jeu dangereux en politique.

Certains membres de Edinaya Rossiya ne comprennent pas la démarche de Shein. Ce n'est pas une méthode politique, il met un terme à sa carrière au lieu de se préparer pour les prochaines élections du maire.

C'est vrai que la méthode n'est pas politique. C'est vrai que l'utilisation systématique de ce type de méthode tuerait la politique.

Mais ...

Mais peu de gens ont de toute manière le courage de faire une grève de la faim sur le long terme. Donc, il y a peu de risques pour le système.

Mais quand les citoyens et les acteurs politiques ne peuvent trouver de réponse adéquates dans le système, notamment dans la justice, ils utilisent les moyens qui sont à leur disposition. C'est humain. C'est normal. Donner les moyens de prouver. Sans cela, il n'y a que spéculations. Et là est le danger pour le système qui a déjà peu de légitimité dans la population.

lundi 9 avril 2012

Le "Comité" Koudrine: un Comité pour quoi?

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/2012/04/05_a_4129205.shtml
et http://ria.ru/politics/20120405/619068480.html

A. Koudrine, ancien ministre des finances - qui a quitté son poste suite à un conflit ouvert et public avec D. Medvedev - a mis en place un "Comité des initiatives sociétales". L'idée, pas très claire, serait de faire remonter et de traiter les besoin locaux concrets, en collaboration avec les pouvoirs locaux, quelle que soit leur couleur politique.

Ce Comité met en place plusieurs projets prioritaires, "l'école de l'auto-administration locale", "la transparence de la police", "la solidarité citoyenne", "la santé pour tous", etc. Qui peut être contre? Personne. Mais que signifient concrètement ces projets, personne non plus ne peut le dire. Poser une question aussi vague, ne préjuge pas de la manière de la règler.

Pourtant certains éléments laissent entendre le type de réponse qui peut leur être apportée.

Pour cela il est intéressant de regarder de plus près la personnalité des premiers membres de ce Comité. Des personnalités très marquée par le libéralisme ambiant "à la russe". E. Iacine, E. Gontmakher, A. Netchaev, M. Dmitriev ou encore I. Urgens. Ces personnalités, par leurs écrits, rapports, analyses, par les centres de réflexions qu'ils dirigent, dont ils font parti, avec lesquels ils collaborent, ont déjà plus ou moins traité ces questions. Du moins, leur position n'a rien d'inattendu.

Ce sont les égéries du libéralisme tout crin. La question qui se pose, sur le fond, est de savoir ce qu'ils pourront apporter de plus dans le cadre de ce Comité, qu'ils n'ont déjà apporté jusque là? Ce n'est pas clair.

L'autre aspect problématique de ce Comité, est sa forme. Ni parti politique - mais pourrait le devenir, ni Think Tank mais en revendique le mode de fonctionnement, association - mais pas enregistrée.

Autrement dit, A. Koudrine n'a pas fait de choix, il se ménage toutes les voies possibles. L'autonomie du projet est censée être garantie par le financement exclusivement russe et exclusivement en provenance du bisness - donc indépendance par rapport à l'Etat. Mais n'est-ce pas aussi une forme de lobbying caché? Cela renforce en tout cas l'encrage quasi "ultra" libéral du groupe.

Ce projet s'inscrit dans la situation politico-sociale résultant du cycle électoral passé. La droite a besoin d'une représentation populaire, mais n'arrive pas à la gagner, les gens étant encore très attachés aux réponses sociales - réflexe normal dans un contexte social délicat. Et les réponses apportées par la droite libérale ne sont ni comprises, ni acceptées par la population, dans sa majorité, à l'exception normale des hommes d'affaires.

En la matière, Koudrine ne propose rien de nouveau, il reprend les mêmes personnes, change simplement la forme, mais sans la préciser. Il semble surtout tâter le terrain pour voir s'il a des chances politiques dans l'avenir.