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samedi 26 janvier 2013

A la différence de Depardieu, silence autour du changement de nationalité de Tina Turner

Voir: http://www.gazeta.ru/culture/news/2013/01/26/n_2724641.shtml

Quand G. Depardieu demande la nationalité russe, toute la bonne pensance de hurler à la trahison d'Etat, au reniement de la patrie.

Quand Tina Turner refuse la nationalité américaine pour la nationalité suisse, l'info passe au milieu des infos culture, loin de la première page.

Etrange différence de traitement. Il y a donc une différence d'enjeu. Cela tient-il au pays que l'on quitte ou au pays dont l'on prend la nationalité?

vendredi 25 janvier 2013

La cote de popularité des dirigeants russes et les enjeux politiques

Le dernier sondage effectué par le Centre Levada sur la cote de popularité des hommes politiques russes montre une légère baisse de la popularité de V. Poutine et une stabilité pour Medvedev, qui reste toujours derrière le Président.
La cote de popularité de V. Poutine est passée à 62%, rejoignant les chiffres du début en été 2000. Cette donnée est en soi plutôt un bon signe, après les extravagants 88% de l'année 2008. En effet, la baisse montre une normalisation de la représentation de la fonction présidentielle. Nous ne sommes plus dans le cadre d'un "leader national", mais, comme dirait Hollande, d'un "président normal". C'est le signe d'une diversification de l'espace politique, les opinions favorables se reportant alors sur d'autres personnes, et du développement de l'esprit critique de la population, signe de maturité politique.
Pour sa part, D. Medvedev reste stable à 57%, quand l'activité globale du Gouvernement ne satisfait pas la majorité de la population: 47% de satisfaits contre 52% de critiques. Ce qui est plus inquiétant pour le Gouvernement est la perte de confiance montante en ce qui concerne tant ses choix politiques, que ses possibilités de mettre le pays sur la bonne voie. Seulement 25% des gens sont certains que le Gouvernement pourra améliorer la situation, et 30% l'espèrent. Les sceptiques restent majoritaires avec 41%. La population reste pour l'instant très partagée sur la voie à suivre, puisque 42% pensent que le pays est sur la bonne voie, quand 41% ont une opinion contraire.
Ces résultats montrent parfaitement le partage de la société sur la politique à suivre. Cette montée et de la vision critique ouvrent l'espace pour des politiques alternatives, que pourraient construire et présenter une réelle opposition politique.

jeudi 24 janvier 2013

Projet de loi sur la remise en question des élections des gouverneurs: les raisons et les arguties

Voir: http://www.newsru.ru/russia/23jan2013/election.html
http://izvestia.ru/news/543511

Les gouverneurs des Sujets du Caucase se sont adressés au pouvoir fédéral en demandant de revenir à un système concerté de nomination des dirigeants des Sujets entre le Centre et les assemblées locales, des élections directes risquant, selon eux, de provoquer une montée des tensions ethniques. Parallèlement, la Douma vient d'adopter en deuxième lecture un projet de loi laissant aux Sujets eux-même le droit de décider en fonction de leurs spécificités locales de recourir ou non aux élections directes des dirigeants des Sujets. Pourtant, les arguments des dirigeants du Caucase et des députés divergent.
 
Pour les dirigeants des Sujets du Caucase, la complexité des relations inter-ethniques ne peut être compatible avec un système d'élections directes. Dans certains Sujets, comme le Daguestan, les postes sont traditionnellement répartis entre les ethnies, ce qui pourrait être remis en cause par les élections. Et de rappeler également les élections en Karatchaevo-Tcherkessie, où en 1999, où le vainqueur n'a pas été reconnu par l'autre ethnie, qui appelait à la cessession. Les politologues sont plus retenus. Selon certains, à part le Daguestan, traditionnellement dirigé par un Conseil d'Etat réunissant les différentes ethnies de la région, des élections sont importantes dans les autres républiques, afin justement d'amener à une rotation des cadres dirigeants. Et il semble bien que ce soit ça le réel problème, la rotation du pouvoir.
 
Alors les députés se lancent dans une diatribe pour la sauvegarde de l'unité de l'Etat. Ils invoquent le risque, avec les élections, de revenir à la situation des années Eltsine, à la souveraineté des Sujets, à la construction d'une confédération, à la perte de l'Etat.
 
Or, l'orgnisation d'élections directes n'a rien à voir avec ces arguments. La souveraineté dont il s'agit, n'est pas celle des Sujets eux-mêmes contre le Centre, mais de la population de ces Sujets sur leur territoire. Car remettre en cause la possibilité d'organiser des élections, sans même consulter la population, est une forme de spollation. En effet, la manière dont est organisée le projet de loi évince totalement la population de la prise de décision et elle la remet entre les mains des personnes intéressées elles-mêmes pour rester en place. Cela revient à demander à un politique s'il veut prendre le risque d'une élection ou s'il préfère un système d'allégeance. Qui peut avoir des doutes sur la réponse.
 
En ce qui concerne la confédération, il s'agit d'un système beaucoup plus complexe de rapport de pouvoirs, qui ne peut être induit par de simples élections. Cette hystérie parlementaire traduit plus la peur du système électoral lui-même, que la peur d'un danger réel pour l'Etat. Car l'Etat, pour sa stabilité et sa légitimité, est intéressé par des élections locales. Cela permet de le renforcer à tous ses échelons. C'est justement dans les mécanismes de démocratie local que l'Etat moderne peut se consolider.
 
 
 

mercredi 23 janvier 2013

Pour l'adoption internationale, préférence donnée à la politisation de la justice

Voir: http://www.gazeta.ru/social/2013/01/22/4936917.shtml
http://www.supcourt.ru/Show_pdf.php?Id=8403

L'adoption de la nouvelle loi interdisant l'adoption des orphelins russes par les familles américaines a provoqué une nouvelle suprise, procédurale cette fois. Un procureur ayant attaqué la décision de justice devant les juridictions de Saint Petersbourg, pour remettre en cause les décisions autorisant l'adoption par des familles américaines survenue avant l'entrée en vigueur de la loi, les réactions furent immédiates.
 
L'Ombusman pour les enfants a tout de suite annoncé que la loi ne pouvait remettre en cause les décisions prises avant son entrée en vigueur. La Cour suprême doit, selon lui se prononcer. Et dans l'urgence, elle se prononce. Contraingnant ainsi les juges dans leurs décisions.
 
En effet, une loi ne peut remettre en cause des droits légalement acquis avant son entrée en vigueur, sauf exceptions expressément indiquées dans la loi. Mais le problème n'est pas sur le fond.
 
La Cour suprême a choisi d'envoyer une simple lettre aux juridictions de droit commun leur expliquant qu'ils doivent autoriser les adoptions par les familles américaines, dont les décisions ont été prises avant le 1er janvier de cette année. La procédure est plutôt étrange, car ce type d'acte n'est pas prévu par le droit processuel russe ...
 
Car la Cour suprême n'a en fait que deux possibilités, en droit. Soit elle laisse la procédure suivre son cours devant les juridictions inférieures, sans intervenir car elle n'en a pas le droit, et sera (peut être) amenée à se prononcer en cassation ou en nadzor, soit elle doit adopter un arrêté du Plenum, acte justement prévu pour l'interprétation des lois destiné aux juridictions inférieures.
 
Deux aspects sont choquants. La violation de la procédure: d'où viendrait ce pouvoir de l'Ombudsman de demander à la juridiction suprême de prendre des actes qui n'existent pas dans la nomenclature en vigueur et pourquoi les juges s'exécutent aussi facilement devant les demandes politiques? Autre aspect, le silence de plomb des défenseurs de l'indépendance des juges.
 
Et, surprise, personne ne réagit. Personne n'en appelle à l'indépendance des juges, au respect des procédures, sans quoi, aucune institution ne peut survivre. Tous ses défenseurs se taisent ... car le sens de la lettre leur convient. Cela fait penser à cette chanson de Barbara "Où sont tous mes amants / Tous ceux qui m'aimaient tant".
 
Ils n'aiment peut être pas tant l'indépendance de la justice, que le sens de la décision. Car si la Cour suprême est "autorisée" à agir ainsi sur la question de l'adoption, elle l'est sur tout autre question. Il faudrait choisir entre indépendance et politisation de la justice, mais le choix est valable pour toutes les questions.

mardi 22 janvier 2013

Le FSB doit mettre en place un système de défense contre les cyberattaques

Voir: http://hitech.newsru.com/article/21jan2013/fsvvshckrs
http://www.newsru.ru/russia/22jan2013/putin.html
http://www.rg.ru/2013/01/21/set-site.html

La protection des données informatiques et la sécurisation de l'espace virtuel est un enjeu majeur de notre époque. En ce sens, le Président V. Poutine, par oukase le 15 janvier 2013, a demandé au FSB de mettre en place un système de défense des données informatiques et de sécurisation d'internet, comme cela est en place en Europe et aux Etats Unis.
 
Le problème est réel. Sur les seuls sites de la présidence, de la Douma et du Conseil de la Fédération, selon les données du FSB, chaque jour sont déjouées environ 10 000 DOS-attaques. Sans compter les attaques contre les données des grandes banques ou entreprises.
 
Les motivations sont différentes. D'une part, l'information est devenue une arme. Tout autant l'information véritable, secrète, dans le sens intérieure, dans les domaines économiques, sociaux ou militaires, qui sont la proie de l'intérêt grandissant de services extérieurs. Mais cela concerne aussi la fausse information, qu'il est possible de diffuser, l'information a contenu illégal, extrémiste ou terririste, qui utilise aujourd'hui largement internet pour rapident se propager.
 
D'autre part, la criminalité "en ligne" concerne l'appropriation d'informations de caractère économique, financier, sur les entreprises et banques, pour la revendre ou l'exploiter à son propre profit. Cette nouvelle forme de criminalité s'est fortement développée dans tous les Etats.
 
Par cet oukase, le Président entend concentrer les forces et centraliser la responsabilité de mise en place d'un système de défense. Il revient également à cette structure d'évaluer la situation de la sécurité des données en Russie, de contrôler le niveau de sécurité des infrastructures sensibles en matière d'information et d'établir les sources des incidents liés aux ordinateurs.
 
Par exemple, le groupe Anonymous organise de par le monde des attaques de sites officiels. Ils s'en sont pris ces derniers temps au site de la présidence et du parti Edinaya Rossiya, pour la Russie, mais également aux Etats Unis, au site de la CIA ou du Pentagone. Ils se sont par ailleurs adressés au Président Obama pour faire reconnaître les DOS-attaques comme une forme de contestation sociale. Ici, il sera important de différencier les attaques qui visent à s'approprier des informations pour les revendre ou les utiliser contre leurs propriétaires d'origine - ce qui ne peut en aucun cas être une forme de contestation sociale, mais constitue simplement une activité criminelle - et les attaques qui ont pour but de bloquer momentanément un site, d'y incérer un contenu visant à le tourner en dérision, ce qui peut être considéré comme une forme de contestation.
 
 

lundi 21 janvier 2013

Suicide de l'ingénieur/activiste A. Dolmatov en Hollande pour ne pas trahir sa patrie

Voir: http://www.specletter.com/obcshestvo/2013-01-18/umer-oppozitsioner-ili-konstruktor.html
et la lettre d'adieu écrite par A. Dolmatov à sa mère http://slon.ru/fast/russia/opublikovana-predsmertnaya-zapiska-aleksandra-dolmatova-876367.xhtml

Alexandre Dolmatov s'est suicidé en Hollande après avoir obtenu un refus à sa demande d'asile politique. Histoire surprenante, qui soulève beaucoup d'interrogations.
 
Membre actif du parti national-bolchévique, il le quitte en 2004 pour se consacrer à sa carrière, dans une entreprise stratégique de construction d'armement. En 2010, il revient vers l'opposition active, collabore notamment avec le parti Drugaya Rossiya et prend part à la manifestation du 6 mai 2011, lors de laquelle il est interpellé avec beaucoup d'autres manifestants quand les combats commencent avec les forces de l'ordre.
 
Mis dans un fourgon avec d'autres participants, il serait contacté par un membre particulièrement actif, qui le prend en main. Cette personne l'incite à s'impliquer de plus en plus, à préparer de grandes actions.
 
Dans le cadre de l'affaire ouverte devant la justice sur les débordements lors de la manifestation, l'appartement de Dolmatov est fouillé. Celui-ci panique, quitte précipitamment son travail, son pays, part en Ukraine et se "réfugie" en Hollande. Europe des libertés et des droits de l'homme, terre d'accueil de tous les persécutés, il y demande l'asile politique pour un avenir meilleur.
 
Il est incarcéré dans un centre de transit pour réfugiés en attendant l'examen de sa demande. Elle lui est refusée après plusieurs mois d'interrogatoires et des conditions de vie très précaires. Après deux tentatives de suivide, il est quand même transféré dans le centre de déportation en attendant son extradition vers la Russie. Il se suicide. Sa lettre d'adieu adressée à sa mére est transmise et rendue publique. La Hollande déclare que le suicide n'est pas lié au refus, mais à des motifs personnels et familiaux (voir http://www.kommersant.ru/doc/2108856). Pour certains activistes russes, c'est évidemment l'Etat qui est responsable de sa mort, puisqu'il se sentait suivi depuis quelques temps (http://www.kommersant.ru/doc/2108864?isSearch=True). Les associations hollandaises de défense des droits de l'homme, pour leur part, vont attaquer devant la CEDH les actes des autorités hollandaises, qui ont violé les droits fondamentaux de A. Dolmatov, en le tranférant vers le centre de déportation malgrè 2 tentatives de suicide, dont son avocat n'a pas été informé.
 
Mais revenons à cette lettre. Il y écrit des choses surprenantes pour quelqu'un qui fait une demande d'asile politique. Pour quelqu'un qui n'est pas amené à négocier son "passage", à remplir la corbeille de la mariée.
 
Voici les grands traits de la lettre: A sa mère, il demande le pardon. Il part pour ne pas devenir un traitre, pour ne pas faire porter la honte de ses actes à toute sa famille. Ce qui l'a conduit à fuir la Russie: la paresse et le manque d'attention qui l'ont conduit à ne pas suffisamment connaître les nouvelles lois. Ainsi, il a trahi "un homme honnêteé (dont il ne évoile pas l'identité), il a trahi la sécurité de son pays. Il lui demande aussi de croire en Dieu et de ne pas écouter tous les activistes. La Russie est forte comme aucun autre pays et le sera de plus en plus. Et la vie en Russie est meilleure que partout ailleurs.
 
Pourquoi parler de trahison? De la mise en péril de la sécurité de son pays? Il est connu que Dolmatov travaillait dans une entreprise stratégique d'armement, mais depuis deux ans, il n'avait plus accès à des secrets. Les hollandais n'étaient pas forcément au courant, ils sont peut être allés trop loin.
 
Mais il existe une autre version (voir ici http://izvestia.ru/news/543277) et là on tombe dans le fantastique et la fantasmagorie. Selon D. Netchaev (également membre des nationaux-bolchéviques), ce seraient les services spéciaux russes et hollandais, ensemble, la main dans la main, qui l'auraient tué après l'avoir pressé. Il est évidemment bien connu que la Hollande est un satellite de la Russie, donc le FSB peut travailler sans problèmes à l'intérieur d'un périmètre aussi sécurisé que l'est un centre de détention pour réfugiés.
 
Pour son avocat russe, ce sont les conditions de détention spartiates, avec des détenus venus du Tiers Monde, qui ont provoqué le suicide. Pour lui, de cette manière, en utilisant ce moyen de pression, les hollandais l'ont conduit au suicide.
 
Pour le Conseil de coordination de l'opposition, même si Dolmatov est mort en Hollande, sous contrôle des services hollandais, il est hors de question que la Hollande soit responsable. Donc la Russie est responsable. Logique imparable.
 
Pour Tchirikova, il n'y a pas de différences entre livrer des juifs aux nazis et renvoyer Dolmatov en Russie. On appréciera son sens de la proportion et la banalisation de la shoah. Surprenant pour une personne qui entre, selon la célèbre revue Foreign Policy parmis les 100 plus grands penseurs mondiaux (avec Pussy Riot et Navalny pour la Russie)(voir http://www.gazeta.ru/social/news/2012/11/27/n_2636601.shtml)
 
Pour le politoloque G. Pavlovsky, le processus d'interrogatoire et la pression qui en sort n'est pas négligeable dans le suicide.
 
Une enquête est ouverte, mais de toute manière, il y a peu de chance pour que la vérité éclate un jour.