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jeudi 23 avril 2015

Russie: quand les néolibéraux s'attaquent à l'Etat

Jusqu'où va l'influence de Koudrine?

De l'étendue de la sphère d'influence de Koudrine, dépendra la capacité de la Russie à se renforcer dans cette phase de tension géopolitique. Non pas parce que Koudrine va aider la Russie à passer le cap, au contraire, mais parce que sa capacité de nuisance est très forte. Le Ministère des finances de la Fédération de Russie, dirigé par l'élève du chantre du néolibéralisme, a décidé de reprendre le programme de "rationalisation" des structures étatiques initié en 2010 par Koudrine lui-même et abandonné en 2012 car n'ayant produit aucun effet positif. Il s'agit d'une forte réduction de la fonction publique, d'une remise à plat du système de santé, d'enseignement et même de la culture. Tout doit être productif et rentable, rentrer dans les normes de l'OCDE. En cette période de fragilité sociale, le ministère des finances soit joue volontairement avec le feu, soit fait preuve d'une totale inconscience. Il n'en reste pas moins vrai que sa politique pousse au soulèvement social.


Le premier vice-premier ministre I. Chuvalov, qui faisait à l'étranger sur des scènes officielles des pronostics particulièrement noirs sur la capacité de la Russie à surmonter la crise, se voit  maintenant, avec le ministère des finances, en charge de "dégraisser le mammouth" étatique. Ce qui n'augure rien de bon sur le fond des réformes à produire. Réformes qui sont pourtant nécessaires.

Le problème serait que la Russie aurait trop de médecins et d'enseignants, par rapport aux autres pays de l'OCDE, il faut donc en réduire le nombre. Pour cela, une politique très efficace a été mise en place. En 2010, une réforme fédérale, initiée par Koudrine alors ministre des finances, prévoyait d'adapter aux lois du marchés 330 000 établissements publics. Car, c'est bien connu, les fonctionnaires ne produisent rien, ne travaillent pas, ils doivent donc de gré ou de force entrer dans la logique du business. Donc sortir de la logique du service public, c'est-à-dire quand l'Etat doit assurer un service qui est nécessaire à la population et justement souvent non rentable en terme économique. 

Et la Russie de Chuvalov, Koudrine et autre reprend le discours néolibéral à la mode dans notre société mondialisée:  trop d'Etat tue l'Etat, il faut donc soit rendre rentable, c'est-à-dire "marchandiser" les services publics, soit les réduire. Or, en 5 ans, le nombre de fonctionnaires n'a été réduit que de 8%, ce n'est pas assez et c'est beaucoup moins que ce qui avait été prévu. Et l'attention n'est pas portée sur une répartition géographique, sectorielle. Non, il faut dégraisser en large et en travers. Car l'Etat est inefficace a priori puisque c'est un Etat et les établissements publics doivent être ouverts à la concurrence, voire simplement envoyés vers le privé.

Dans le domaine de la santé, les établissements doivent être regroupés - ce qui permet de libérer le parc immobilier. Quel est le rapport avec l'efficacité de la médecine? C'est un mystère. D'autant plus que de plus en plus de soins qui étaient pris en charge par les hôpitaux sont transférés vers les centres médicaux, sans que les capacités d'accueil aient été adaptées, tout en renvoyant des médecins et fermant des établissements de part et d'autre.

Quelques chiffres. Depuis octobre 2014 à Moscou 8300 employés dans le domaine de la santé ont été purement et simplement renvoyés. Ce qui a totalement destabilisé un système qui commençait pourtant à mieux fonctionner. Une très importante vague de manifestation des personnels de santé a eut lieu, un débat public lancé après coup une fois que la mal a été fait et la paix sociale a été achetée avec le paiement de compensation pour un montant total de 2,69 milliards de roubles. Ce qui a effectivement aidé à faire des économies. Et c'est ce système que veut généraliser le ministère des finances, sans en tirer les leçons. Sachant qu'une très forte pression est mise sur les régions. Dans tout le pays en 2014, 90 000 postes ont été fermés sans considération de l'équilibre territorial et 350 établissements de santé "réorganisés". L'on ne compte plus les villages éloignés qui se trouvent sans accès direct à un établissement médical et donc dont la population est privée d'un accès au médecin. Idem pour les maternités. La diminution des établissements de soins, s'est accompagné d'une forte augmentation du nombre d'établissements privés et ainsi du budget dans chaque famille accordé aux soins, dans un pays où pourtant la médecine est censée être gratuite. Et la tendance ne fait que se renforcer puisque le ministère des finances prévoit une réduction de 11% des hôpitaux et de 8% des centres médicaux publics dans tout le pays dans les quatre prochaines années. En ce qui concerne la réduction des places, rien que pour Moscou, d'ici à 2018 le nombre de lits doit être réduit de 30 000 et passer de 80 993 à 54 250.

L'enseignement n'est pas non plus épargné. Trop d'enseignants? Qu'à cela ne tienne, on regroupe juridiquement les établissements, qui se partagent les enseignants en fonction des matières. Des enseignants qui courent d'un bâtiment à un autre et ainsi on peut renvoyer ceux qui enseignaient en étant rattachés antérieurement à ces établissements. De la même manière, a été réduit le personnel des services de comptabilité, des services juridiques, qui sont partagés entre différentes écoles et maternelles. Quant à l'enseignement supérieur, les postes ne sont pas forcément remplacés ou créés, des établissements sont également regroupés et libèrent ainsi le parc immobilier, il faut recentraliser tous les établissements sous l'égide du ministère de l'éducation. Ainsi, le MGIMO, légendaire établissement dépendant du ministère des affaires étrangères et formant les diplomates du pays s'y oppose fermement. Ce n'est qu'un exemple. Par ailleurs les établissements doivent être rentables et se financer. La logique du commerce entre partout, également là où elle est destructrice. Car si l'enseignement fondamental n'est pas commercialisable immédiatement, c'est de lui dont dépendra la solidité et la profondeur de l'évolution de la société dans son ensemble. Ce qui est effectivement difficilement chiffrable.

Pour finir, on remarquera que la période est on ne peut mieux choisie. Certes, il faut faire des économies budgétaires. Mais augmenter le mécontentement social et la précarité en période de tension, où le consensus est nécessaire, n'est pas forcément la meilleure politique, à moins de vouloir mettre les gens dans la rue. Et la politique dirigée par Chuvalov et Koudrine y conduit. En ce qui concerne le ministre des finances actuel, n'oublions pas qu'il est l'élève de Koudrine, le porte-parole du néolobéralisme en Russie. Et l'on retrouve réellement la patte de Koudrine dans les projets de réforme menés par le ministère des finances, comme le démontre son plan de réforme de la santé mis en ligne par son groupe d'analyse. Est-ce réellement la bonne équipe gouvernementale pour mener le pays dans le contexte de crise internationale?



5 commentaires:

  1. Oligarques de tous les pays, unissez-vous !
    Cela va mal finir cette crise du capitalisme mondial ...

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  2. Et Poutine dans tout ça, que fait-il ?

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  3. Oui, c'est la question que je me pose. Qu'attend-il pour virer ces nuisibles?

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  4. C'est comme pour le Dombass ; Poutine attend son heure , mais à force de l'attendre , celle-ci ne va-t-elle pas finir par passer ? Que Vladimir fasse gaffe . Il se croit invulnérable sur ses 85% de soutien populaire , mais les peuples sont versatiles . Or si Vladimir tombe , c'est la barbarie "démocratique" , tantouzarde et islamaophile , qui gagne . Il ne nous restera plus qu'à faire un baroud d'honneur en faisant un méchoui avec certaines dames et diablesses au visage d'ange , qui n'ont de cesse que de nous détruire, . Vladimir , nous comptons sur toi , tu es notre seul espoir !!

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  5. Cela dit , sur le Dombass et l'attentisme apparent de Vladimir , je dois nuancer mon propos . Il est certain que les yankees veulent le pousser à dégaîner le premier , ce qui ferait de la Russie le grand perdant de cette guerre . Il est trop intelligent pour leur faire ce plaisir (au contraire de notre ridicule Porcinet) . Il faut donc détruire les intérêts US de toutes les façons et partout dans le monde . Les Brics et la future monnaie de réserve eurasiatique est un élément clé das cette contre-offensive . J'espère que les services secrets travaillent à préparer une insurrection générale anti-US en Tchéquie d'abord ,qui vient de subir une scandaleuse provocation otanesque , ds les pays baltes ensuite . Le reste suivra , comme l'intendance , aurait dit de Gaulle...:-)) . Mais cela peut prendre des années . La Novorussie tiendra-t-elle ? Les malheureux ukrainiens pourront-ils supporter encore des années de néo-nazisme protégé par l'oncle Sam ? Et nous autres "gaulois" n'aurons nous tous pas succombé sous le nombre toujours croissant de jeunes mâles musulmans qui débarquent chaque jour de Méditerranée ?La chasse à l'US-collabo et à l'islamocollabo devrait être ouverte . Mais sans l'aide de la (Sainte) Russie , nous ne pouvons rien .

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