Le 12 février, en marge de la conférence internationale de Munich sur la sécurité internationale, le "Groupe international de soutien à la Syrie" s'est réuni. Pendant plus de 6h, la Russie et les Etats Unis, à travers S. Lavrov et J. Kerry, se sont entretenus. Finalement, un plan pour un accord de paix a été trouvé. Alors qu'il existe déjà une résolution de l'ONU. Alors que l'accord fut immédiatement suivi de menaces, diplomatiques et militaires. Un accord auquel personne ne croit, malgré les belles déclarations. Un accord dont le but est de marquer des étapes dans un processus de rapport de force. Des négociations pour les négociations. La paix sera trouvée ailleurs quand toutes les parties y seront intéressées ou lorque l'une d'elle sera assez forte pour l'imposer à l'autre. Pour l'instant, les conditions ne sont pas réunies.
Ainsi, d'ici une semaine, le groupe international piloté à égalité par la Russie et les EtatsUnis doit se mettre d'accord pour trouver les conditions à un cessez-le-feu. Evidemment, comme le rappelle S. Lavrov, puisque le secrétaire d'état américan lui ne l'avait pas précisé, cela ne signifie pas de déposer les armes contre les groupes terroristes. En fait, le problème restant toujours le même, à savoir l'indétermination commune des terroristes, cet accord va tourner court. Il a déjà tourné court. Mais pour un moment d'histoire, vous pouvez écoutez la conférence de presse commune (en anglais), présentant les modalités de la nouvelle et brève coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme en Syrie:
Ainsi, coopération sur tous les fronts. Délivrance de l'aide humanitaire à tous les syriens et non plus de manière sélective, tous les membres de la coalition doivent collaborer avec la Russie et les Etats Unis doivent s'en porter garant, il faut réanimer le dialogue entre Assad et l'opposition.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, sauf que ... Sauf que, au minimum, deux points de discorde restent. Le premier concerne le Président syrien. Kerry commence son allocution en faisant peser justement sur Assad tous les maux du pays. Pas une seule fois l'état islamique ou les terroristes ne sont nommés, mais Assad est responsable de la fuite des habitants, de la guerre, de la crise humanitaire, etc. Or, la Russie rappelle que Assad, qu'il plaise ou non, est le seul dirigeant légitime en Syrie. L'évincer revient à plonger le pays dans le chaos politique et donc faire le jeu de l'état islamique. Le second point d'achoppement concerne ces gentils et méchants terroristes. Comme l'a déclaré D. Medvedev, il est quasiment impossible de trouver une différence, ni dans l'idéologie, ni dans le mode de fonctionnement, entre Al Nostra, Daech et Djech al Islam. Ce sont des bandits armés qui passent d'un groupe à un autre en fonction de conflits intérieurs ou du montant de la paie reçue et tous combattent contre la Syrie.
Quelques remarques.
Personne ne voyait l'importance d'un cessez-le-feu tant que l'état islamique progessait.
Mais maintenant que l'armée régulière syrienne avance, avec l'aide de l'aviation russe et des combattants kurdes, maintenant qu'Alep va bientôt être libéré, il est urgent de poser les armes et de discuter. Avant Alep. Comme lors des accords de Minsk, de toute urgence il a fallu discuter aux portes de Mariupole. Avec le résultats que l'on voit. La position du Donbass est trop faible, car territorialement limitée, pour pouvoir se faire entendre et peser sur le processus face à Kiev.
Mais cette fois-ci, la Russie a tiré les leçons, ce qui provoque des réactions très violentes. Tant médiatiques, que diplomatiques et militaires.
"Les bombardements russes font le jeu de l'état islamique", Brett McGurck
Cette absurdité vient en droite ligne de la campagne de dénigrement menée par les médias occidentaux contre la Russie. Les syriens ne fuient pas devant et en raison des groupes terroristes qui violentent la population civile et l'asservissent dans les territoires occupés, non ils fuient évidemment Assad et l'aviation russe. Logique. Mais maintenant, la Russie, qui a fait reculer l'état islamique quand la campagne militaire occidentale avait permis son expansion, est accusée, sans aucune explication, dans le journal Challenges, de favoriser les terroristes. Il est impossible de ne pas relever la complicité des journalistes qui ne demandent pas à Brett McGurck, l'envoyé spécial du Président américain auprès de la coalition pour la lutte contre le terrorisme en Irak et au Levant, d'expliquer de quelle manière le bombardement des bases terroristes, des camps d'entrainement, des caches d'armement et des files de camions citernes favorise le développement de l'état islamique. Alors même que tous les instituts d'analyse sont d'accord pour reconnaître le recul de l'Etat islamique. Il est impossible de poser la question, car il n'y a pas de réponse qui ne soit déshonorante pour celui qui répond. Donc la question n'est pas posée et l'affirmation est bien publiée. C'est le plus important.
La Russie et l'Occident sont face à une nouvelle guerre froide, D. Medvedev
Tirant les conséquences logiques de l'évolution des relations entre les structures sous contrôle américain et la Russie, les propos du Premier ministre russe, D. Medvedev, ne sont que de simples constatations. Et la simplicité de leur véracité a fait peur. Mais n'a rien changé.
Comment appeler autrement le comportement des politiques occidentaux? Quand, alors qu'une sortie politique peut être trouvée, Hollande appelle la Russie à cesser ses bombardements en Russie et des membres du Conseil de sécurité de l'ONU veulent faire cesser les combats pour Alep. A aucun moment, bien sûr, les Etats Unis n'interviennent directement. Les pays satellites sont là pour ça.
Et justement Alep. Le danger principal pour la crédibilité de la coalition. Faire tomber la ville serait un coup très dur pour les terroristes, qui risqueraient de se voir couper de leur soutien turc.
Mais la guerre de froide peut se réchauffer dangereusement.
Car la Turquie et l'Arabie saoudite ne sont pas prêtes à renoncer à leurs intérêts dans la région. Le lendemain des pourparlers de Munich, l'Arabie saoudite a envoyé des hommes et des avions en Turquie pour participer à des missions en Syrie. Et la Turquie a bombardé à plusieurs reprises le territoire syrien. Plus particulièrement, aux alentours d'Alep, l'aéroport justement libéré par les forces d'Assad et diverses positions kurdes. Malgré de faibles protestations américaines à ce sujet, la Turquie se dit prête à continuer car Alep ne doit pas tomber et les kurdes sont des terroristes. La Turquie semble oublier que Alep est aux mains des terroristes ... La Syrie s'est adressée au Conseil de sécurité pour la violation de sa frontière, mais il semblerait que, pour l'instant, le Conseil soit plus préoccupé par les frappes russes contre les groupes terroristes. Logique.
La situation est d'autant plus tendue que, dans le même temps, J. Kerry montre une intransigeance pleine de principes à l'égard d'Assad, qui doit absolument cesser les combats. Et si la Russie n'est pas en mesure de le lui faire comprendre, les Etats Unis interviendront alors au sol. D. Medvedev a très clairement répliqué qu'il ne sert à rien de vouloir faire peur à la Russie avec une opération au sol, à moins que les Etats Unis ne soient prêts à endurer une guerre de longue durée.
Pour conclure, il semble évident que ces pourparlers ne conduiront pas à un cessez-le-feu immédiat. Ils font partie d'un processus très long de tests de résistance réciproques. Car aucune partie n'est prête à plier, chacune espère encore pouvoir remporter la partie. Parallèlement aux combats au sol, la guerre se mène également sur le plan diplomatique. Ce fut un round supplémentaire, il y en aura encore d'autres. Mais pendant ce temps, l'armée régulière avance et la Russie n'a pas cédé. Il y a donc un risque d'escalade, car la Syrie est une guerre que les Etats Unis ne peuvent se permettre de perdre. La question est de savoir à combien ils sont prêts à faire monter les enchères. Pour l'instant, la Turquie vient de déclarer que, finalement, elle n'est pas prête à lancer une opération au sol. Pour l'instant. Pour combien de temps? Cela dépendra du rapport de force américano-russe ... et du degré de fanatisme américain à se vouloir seule puissance mondiale.
Je n'ai jamais compris pourquoi la Russie avait fait pression pour que les armées de l'est de l'Ukraine acceptent le cessez-le-feu alors que les troupes Ukrainiennes s'écroulaient, et que Marioupol allait être libérée à moindre frais.
RépondreSupprimerparce que, c'est l'Occident qui paye, et qui ne le peux pas... Alors pour le peuple Ukrainien la misère , le froid, et la désillusion !
Supprimerainsi va le monde...