L'idéologie américaine, dominante dans le monde, se retrouve dans une impasse. La "culture" qui la sous-tend et qui permet son expansion dans les autres pays ne peut et ne doit être remise en cause. Elle doit continuer à être considérée comme "neutre", comme "sienne", quel que soit le pays. McDo et le rock, pilliers du monde moderne, ne peuvent être remis en cause.Ce qui oblige à des réactions disproportionnées et contre-productives, signe distinctif des systèmes à tendance totalitaire.
Le rock et le McDo sont les deux piliers de la culture américaine dans le monde, tellement bien intégrés, qu'ils sont considérés non pas comme des éléments de présence américaine, mais comme un élément de la culture occidentale contemporaine. Donc idéologiquement neutres.
Et vous pouvez voir des personnes qui se déclarent contre l'américanisme conquérant manger au Mc Do ou écouter les Rolling Stones. Ca n'a rien à voir.
Ainsi, sous couvert de neutralité, les Etats Unis ont fait passer un mode de vie, qui entraîne aussi une certaine vision du monde. Musique, films, livres; le ton est donné. Dans ce schéma qui ne laisse pas de place à une réelle alternative, toute remise en cause des dogmes fondamentaux que sont devenus ces symboles ne peut être acceptable. Un peu comme l'Union soviétique ne pouvait absorber une critique ouverte, peu importe qu'elle soit proférée dans un village perdu ou à Moscou, il fallait absolument réagir. Quitte à ce que ce soit disproportionné. Voire ridicule ou contre productif.
Deux exemples très récents.
Un chanteur un peu connu à l'époque soviétique, Yuri Loza, qui ne fait plus la Une depuis bien longtemps, a connu son heure de gloire à l'époque soviétique pour une ou deux chansons, a osé critiquer les groupes de rock idolâtrés, comme Rolling Stones ou Led Zeppelin, affirmant que 80% de leur musique est impossible à écouter, que les guitares ne sont pas accordées, que les chanteurs chantent souvent faux etc etc etc.
Comprenant et déclarant que l'on va bien sûr lui tomber dessus à bras raccourcis et caricaturiser ses paroles, il les maintient. Temporisant, en disant qu'il est certainement possible, dans la jeunesse, de prendre plaisir à cette musique, mais pas pour une oreille professionnelle.
Et pour répondre à cette déclaration, en russe, qui touche un public - du point de vue de la mondialisation - assez réduit, il a fallu qu'un des producteurs des Rolling Stone et Led Zepplin disent qu'il ne peut être d'accord avec la critique faite à ces deux groupes par Yuri Loza - chanteur dont il a dû apprendre l'existence à cette occasion. N'y a-t-il pas une certaine disproportion? Le danger était-il à ce point important qu'il faille sortir l'artillerie lourde? Ou bien maintenant faut-il réagir à toute déclaration risquant de remettre en cause le bien-fondé de la prééminance de la culture américaine, sa supériorité objective, partout dans le monde?
L'autre exemple est l'ouverture d'un restaurant de restauration rapide à Lugansk, sur le modèle du McDo.
En 2014, avec le conflit dans le Donbas, la compagnie Mc Donald avait quitté la région, laissant les bâtiments. Des business men de la ville de Lugansk en ont réaménagé un et vendent des hamburgers et des frittes aux habitants de la ville. Le tout avec le drapeau local.
Et la direction de Mc Donald ne sait pas comment réagir. Mais doit réagir. McDo, le symbole de la malbouffe américaine ne peut être utilisé - et ridiculisé - à côté d'un des drapeaux honnis du Donbass. Il paraît que les juristes se penchent sur la question.
Mais il y a un problème: les Etats Unis ne reconnaissent pas le Donbass, or Lugansk ne reconnait pas la juridiction ukrainienne. Les juristes de McDo ne peuvent attaquer l'ouverture de ce restaurant rapide rappelant très fortement les McDonald devant les juridictions de Lugansk, sans reconnaître l'autonomie de la jeune république et ils ne peuvent attaquer devant les juridictions de Kiev, car cela n'aura aucun effet à Lugansk.
Ici aussi, le système doit réagir pour défendre ses symboles. Et même l'agence d'information Reuters est mise à contribution. Pour un resto rapide coincé dans la ville de Lugansk. Mais il est interdit de toucher aux symboles et McDo ne peut cohabiter avec un drapeau du Donbass. Question de principe.
C'est cette rigidité de tout système à tendance totalitaire (système qui entend changer l'individu de l'intérieur) qui peut le perdre. Car réagir à ces détails, leur donner plus d'importance qu'ils n'en ont en réalité, montre la faiblesse réelle du système.
"Car réagir à ces détails, leur donner plus d'importance qu'ils n'en ont en réalité, montre la faiblesse réelle du système."
RépondreSupprimerCe qu'elle fait d'aileurs en écrivant son article, de plus, mac do n'est ni un mode de vie, ni une culture, c'est de la fainéantise de ne pas faire à manger, c'est le peu de considération que l'homme a pour son alimentation.
S'ils livrent à Paris, je suis preneur !
RépondreSupprimerC"est du Brzezinski;
RépondreSupprimergenre:
“puisque nous sommes de moins en moins fort, c’est à nous de prendre la direction des choses...” (« As its era of global dominance ends, the United States needs to take the lead in realigning the global power architecture ».
“plus nous sommes faibles, plus nous sommes forts”
http://www.dedefensa.org/article/brzezinski-reduit-a-la-pensee-zombie
Brzezinski lui-même s'inspire des shadok ! Pour qu'il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes !
SupprimerIl y a rock (anciennement appelé pop...) et soupe artificielle musclée sauce U$. Dommage que soient cités les Stones (devenus une machine à fric, c'est vrai, mais qui ont moins le mérite d'avoir contribué à l'intérêt pour le blues, musique de travailleurs noirs immigrés de force), et Led Zeppelin, les deux étant des groupes britanniques et pas zuniens. Mais il est vrai que le matraquage de musique prétendant "Rocking the free world" ou similaire participent au meurtre des cultures locales. Quant à Mc Do, Hollywood et les romans glauques US, ne pas s'y adonner fait partie d'une hygiène de vie salutaire et c'est assez facile.
RépondreSupprimerCe n'est pas un sujet frivole que vous avez effleuré là, Karine ! Qu'elle vienne du blues ou de la country music (l'autre source -de racine celtique celle-là- authentiquement populaire du rock), je crois qu'il faut en prendre acte : la plus grande réussite de la mondialisation libérale anglo-saxonne aura été sa musique.
RépondreSupprimerPourquoi ? D'abord parce qu'elle s'impose sans résistance possible, et s'il est facile de manger ailleurs qu'au Mac Do, il est impossible d'échapper au bruit de fond musical désormais omniprésent dans la culture dite de modernité.
Ensuite parce que, comme l'a très bien dit un jour Mick Jagger (lequel n'est pas Mozart mais n'est pas idiot pour autant) en parlant du rock : « Je ne sais pas si c'est de l'art, mais c'est au moins de l'artisanat ». Il suffit d'aller sur youtube pour le constater (je passe personnellement des nuits entières à regarder des vidéos de musiciens amateurs), le rock est bien un artisanat mondial qui a mis l'émotion et la pratique musicale à la portée de tous à travers une forme culturelle simple.
Là se trouve aussi la limite de l'entreprise de décervelage (elle l'est, indéniablement) et par conséquent de nos lamentations d'impuissance. Le rock n'est qu'une forme, et son fond se perd à l'évidence dans l'imaginaire de chacun, lequel reste ancré dans un fond culturel collectif particulier totalement étanche à l'entreprise.
N’importe qui peut utiliser la forme rock pour faire passer son propre message, et je me suis déjà étonné ici que les ukrainiens comme les gens de la Novorussia utilisent volontiers du hard rock pour accompagner leurs vidéos de propagande !
Je note avec amusement que votre chanteur russe (que je ne connaissais pas) utilise pour sa (belle) chanson un rythme ternaire typique de la musique rock jamaïcaine. Du reggae en somme ! Il est d'ailleurs très facile d’accommoder des valses populaires européennes (slaves ou non), à la sauce reggae puisqu'elles se jouent souvent sur trois temps (idem avec du Brassens par exemple).
Je conclurai en paraphrasant De Gaulle jadis sur la Russie : « chaque culture boira son rock comme du buvard ». Illustration sans réplique ci-après.
https://www.youtube.com/watch?v=iOKZxQDcjpY
https://www.youtube.com/watch?v=oaKEAU7SoCE&list=RDoaKEAU7SoCE#t=80
La Gaule
Je me suis planté sur le lien d'Igor et Christelle (crime!). Celui-ci est complet :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=oaKEAU7SoCE
LG
La sous-culture américaine à laquelle il faut ajouter (est c'est essentiel) l'industrie cinématographique et plus encore les séries télévisées est en effet un vecteur essentiel de l'acculturation américanoïde des masses, il n'y a qu'à regarder l'Eurovision où il n'y a quasiment plus que des chansons en globish alors que le russe (au hasard) est une langue beaucoup plus mélodieuse, ou aller dans n'importe quelle grande surface en France où l'on entend que des chansons à l'accent yankee. ou l'anglo-américan qui envahit la sphère commerciale
RépondreSupprimerEt cette acculturation est primordiale pour imposer naturellement, comme une évidence, la domination militaire, économique et politique des Etats-Unis sur les pays occidentaux principalement.
AK