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jeudi 7 juillet 2011

L'opération "Prokhorov" ou comment Medvedev tue un parti de la classe moyenne

"Ребята, я вас беру"




C'est une histoire très simple et très banale. Il y a un parti politique, poussiéreux, inefficace, symbole des projets ultra-libéraux du Kremlin en matière de pluralisme partisan, mais qui peut encore servir. A quoi? La réponse est claire. En cette période préelectorale, il faut des partis pour réaliser les paroles du Président en terme de libéralisme politique. Mais il faut - c'est une évidence - un parti qui remplisse son rôle et dont les dirigeants affichés connaissent leur place. C'est à ce moment où Prokhorov réussi là où a échoué Kassianov, par deux fois déjà. L'article d'Oleg Kachine déconstruit toute la logique de la nouvelle technologie politique qui gère la sphère partisane en Russie.

Le 25 juin est réunie l'assemblée du parti Pravoe delo, un des 7 partis aujourd'hui enregsitrés. En 3 heures, les membres prennent en leur sein un nouveau venu qui n'a jamais entretenu aucune relation avec ce parti et le nomment à l'unanimité président. Sans programme. Ni conflits, ni discussions, tous comme un seul homme. Si un observateur non au fait des us et coutumes de la politique russe s'était alors trouvé dans la salle, selon les mots d'O. Kachine, il serait certainement devenu fou. Mais là, tous restent calme, tout est normal. Même s'il est difficile de dire que chacun des votants connaissaient les raisons conduisant à l'élection de Prokhorov.

Depuis le printemps, des bruits couraient sur la nécessité de changer la direction de Pravoe delo, pour lui donner un nouveau souffle. Des noms étaient périodiquement évoqués, comme ceux de Kudrine ou de Chuvalov. C'est alors que Volochine, ancien directeur de l'administration présidentielle, en lien avec la fille et le gendre de B. Eltsine, Tatiana Iumacheva et son mari Valentin, commence des consultations sur la réforme du parti et sa rénovation. Une idée apparaît, que ce parti doit être celui de la classe moyenne encore apolitique, qu'il doit se différencier d'Edinaya Rossïya par sa relation à la société. Autrement dit, il ne doit pas se comporter avec elle comme avec un territoire colonisé.

Au cours de ces consultations, comme le soulignent anonymement les participants, l'ombre de Medvedev est toujours présente. Volochine et T. Iumacheva lui rendent constamment compte et transmettent ses positions. C'est alors que le projet du manifeste du nouveau parti est présenté au Président ainsi qu'une liste de 15 nouveaux noms devant devenir le nouveau visage du parti, que celui-ci modifie totalement la conception. Selon ses dires, avec de telles personnes, on ne va nulle part, "le parti a besoin d'une locomotive avec du fric", et l'on revient vers ... les oligarques. Prokhorov est contacté. Il s'entretient avec Medvedev le 28 avril à la suite de quoi il va voir Poutine pour confirmer sa candidature.

Suite à cela, les membres qui participaient aux réunions ont compris qu'ils n'étaient plus utiles à personne et se sont retirés, devant l'absurdité de remettre à nouveau en place un parti des oligarques, projet qui a 15 ans d'âge, et ne sera pas plus efficace aujourd'hui qu'il ne l'a été hier.

L'on traduira la conclusion de cet article. Comme il n'est pas difficile de le comprendre, aucune des personnes interviewées par "Vlast" n'a demandé que son commentaire soit publié avec la mention complète de son identité. Cela s'explique: les gens qui font de la politique dans la Russie contemporaine sont privés de l'habitude de raconter ouvertement quoi que ce soit. Il n'y a pas d'homme politique public en Russie maintenant, et le nouveau parti Pravoe delo réformé ressemble à s'y méprendre aux projets des partis d'il y a 10-15 ans, il semble être une expérience tout aussi absurde, un jeu pour le jeu, du mouvement pour le mouvement. En ce sens, Mikhail Prokhorov, bien sûr, semble être le leader idéal pour ce type de parti. Un individu, à l'actif duquel il y a surtout du mouvement, du club "Snob" à son nouveau projet automobile "io-voiture", seulement lui pouvait devenir le leader de Pravoe delo. Il aime ce genre de chose.

Pour les quelques personnes qui voient encore en Medvedev le héros du libéralisme en Russie, certes le coup peut être difficile à accuser ... mais les mythes survivent logtemps à la réalité ... surtout lorsqu'ils sont nécessaires.

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