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lundi 25 août 2014

La contre-offensive de la République de Donetsk: le Stalingrad de l'armée ukrainienne?

Донецкая область
Oblast de Donetsk

Le 24 août, les combattants de l'armée de la République de Donetsk ont annoncé un changement tactique décisif pour l'avenir du combat. Au lieu de mener des attaques ciblées, ils lancent une contre-offensive de grande ampleur afin de faire significativement reculer l'armée ukrainienne. Et pour l'instant, ça marche. Plus de 7000 soldats ukrainiens se trouvent encerclés, avec armement et techniques. Cela avant les "négociations" de Minsk, une discussion "possible" entre V. Poutine et V. Poroshenko, sous l'égide de l'UE. Mais la question qui arrive sur toutes les lèvres, vue l'ampleur des pertes humaines de l'armée ukrainienne, vus les échecs successifs pour faire tomber Donetsk et Lugansk, malgré tous les efforts - bombardements, artillerie lourde, armes chimiques etc. - cette question est la suivante: Donetsk sera-t-il le Stalingrad de l'armée ukrainienne? Cette question se pose juste avant la suivante, du bout des lèvres, celle-ci, tellement elle fait peur. Et que va-t-il se passer cette fois que les combattants ont repris du terrain? La dernière fois un avion "s'est" écrasé ...
 

Carte des offensives du 10 au 24 août
Comme l'affirme la République de Donetsk, lors de la contre-offensive, en deux jours, l'étau s'est refermé sur une partie de l'armée ukrainienne, à savoir:
  • le 8e Corps d'armée,
  • les 28e et 30e brigades mécanisées,
  • la 95e brigade aéromobile
  • et également les bataillons punitifs "Aïdar", "Donbass" et "Chakhtersk".
Ce qui fait au moins 7000 soldats ukrainiens bloqués par les combattants: 5000 dans l'armée régulière et 2000 pour les bataillons, financés par les oligarques.
 
Sur le plan des armes, cela correspond à plus d'une centaine de blindés, 40 tanks, 50 système Grad et Uragan et plus de 60 éléments d'artillerie. Une trentaine de blindés ont été récupérés et seront utilisés par les combattants.
 
Les bourgs de Luganskoe, Svetloe et Dolia ont été prises par les combattants, dans les environs de Donetsk. Cela sans compter les différentes zones d'habitation également libérées, comme Novodvornoe, Agronomitcheskoe, Ossikovo etc.
 
L'armée de la République de Donetsk s'élargit petit à petit. Sur la base de ce qui existait déjà, ont été crées:
  • 3 brigades à pied composées des soldats ukrainiens, passés volontairement chez les combattants;
  • Les mineurs de Donbass ont mis en place une brigade supplémentaire de volontaires.
Avec ce que les combattants ont récupéré lors du début de l'opération de contre-offensive, ont été créés:
  • 2 bataillons de tanks,
  • 3 divisions d'artillerie à réaction,
  • 2 divisions de canon motorisé,
  • 3 divisions d'artillerie.
Sans entrer plus avant dans les détails, il est évident que les combattants reprennent la main. Le plan du pouvoir à Kiev de reprendre la zone avant le 24 août, pour la fête de l'indépendance ukrainienne, non seulement ne s'est pas réalisé, mais la fête a été marquée par un défilé des prisonniers ukrainiens dans le centre de Donetsk, devant environ 5000 habitants descendus dans les rues, malgré les menaces de bombardement, pour manifester en faveur de la République populaire de Donetsk.
 
Александр КОЦ, Дмитрий СТЕШИН
Manifestation des habitants de Donetsk, 24 août 2014
 
Александр КОЦ, Дмитрий СТЕШИН
Défilé des prisonniers ukrainiens, Donetsk, 24 août 2014
 
Les bonnes âmes d'en suffoquer, car O mon Dieu, s'il y a des prisonniers, il y a une guerre. C'est la réalité de la guerre qui choque dans ce défilé. C'est l'image du défilé des prisonniers allemands à Moscou en 1944, qui lui ne choquait pas. La guerre, avec son lot de morts, de prisonniers, que l'on veut cacher sous l'appellation "opération anti-terroriste". Mais Kiev ne peut reconnaître l'existence de ces prisonniers. Les Etats Unis non plus, car ce serait reconnaître des droits aux combattants, ce serait leur refuser le statut tellement confortable de terroristes. Et comment financer une guerre civile au nom de la démocratie?
 
Or, les échecs successifs de l'armée ukrainienne sont flagrants. Selon une fuite du Conseil national de la défense ukrainienne, depuis le début de la guerre civile dans le Donbass, l'armée compterait 12 000 morts et 19 000 blessés. Ces chiffres sont ahurissants. Et ils ne tiennent pas compte des civils morts et blessés, des combattants morts et blessés, ni des déserteurs. Sans oublier aussi les organismes para-militaires qui prennent une part active dans cette sale guerre. Je n'ose imaginer le chiffre global.
 
Et la situation n'est pas pour s'améliorer. Les bataillons de Kiev appelaient une aide qu'ils n'ont pas reçu. L'aviation ne peut plus les appuyer, elle a subi des pertes colossales. Les membres de la Garde nationale, des bandits et non des soldats professionnels, commencent à littéralement paniquer. Il a suffit de l'annonce de l'avancée des combattants plus ou moins en direction de Mariupole, ville ô combien stratégique dans la région, pour que des groupes entiers de la Garde nationale partent en courant. La panique a été mise dans la ville. Or, cette ville est une des plus importante d'Ukraine, un port de la mer d'Azov. C'est une sorte de revanche après le massacre que la population a subie ici par la Garde nationale à l'occasion du 9 mai.
 
Ce renversement de situation tombe on ne peut mieux à propos. Car le 26 août, V. Poutine pourrait rencontrer P. Poroshenko à Minsk. Et les déclarations officielles russes ne cessent de tomber. Lavrov rappelle que la Russie a reconnu l'élection de Poroshenko, malgré toutes les nuances qui entâchent sa légalité, rappelant que chacun espérait qu'il utilise son mandat pour mettre fin au conflit et non pour le relancer. Dans le même temps, le ministère des affaires étrangères russes a informé son homologue ukrainien de la possibilité d'envoyer un second convoi humanitaire.
 
Avec tout cela, P. Poroshenko arrivera à Minsk, un nouveau plan de paix à la main, encore un autre. Le premier ayant débouché sur le renforcement de l'opération anti-terroriste, on peut s'inquiéter des conséquences du suivant. Mais, ça, c'est une autre histoire. Pour l'instant, une certitude, les combattants reprennent du terrain, l'armée ukrainienne est partiellement en déroute, mais attaque encore de toutes ses forces les villes de Donetsk et Lugansk. Ainsi, pour fêter l'indépendance, un missile balistique tactique Tochka-U a été lancé par l'armée ukrainienne sur la ville de Donetsk. Pour la première fois, l'armée est allée jusqu'à utiliser ce type d'arme contre Donetsk, son tour étant manifestement venu, comme ce fut déjà le cas pour Lugansk et d'autres villes ukrainiennes. Pourtant Donetsk ne s'est pas rendu pour le 24. Symboliquement, c'est très important. La prochaine étape est le 26. Attendons pour voir si la Russie pourra aider les combattants à capitaliser sur le plan politique les avancées militaires.

3 commentaires:

  1. Stalingrad de l'armée ukrainienne ou Stalingrad de l'UERSS inféodée aux US ?

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  2. Merci de ce point militaire et politique. Le chiffre des pertes de Kiev est ahurissant, (et sous-estimé, dites-vous). Les familles des victimes ont apparemment commencé à demander des comptes; il est vraisemblable qu'elles vont se montrent bientôt plus agressives, ce qui ne sera que justifié.
    Encore merci.

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  3. C'est drôle comme les informations ne sont pas les même de l'autre coté, qui ment? ;-) Moi j'ai ma petite idée

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