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vendredi 8 mai 2015

64,6% ou l'autruche constitutionnalisée

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Le nouveau symbole de la République française

Il est des questions qu'il ne faut pas poser car il est mal venu d'y répondre. Par exemple la proportion d'élèves d'origine étrangère dans les écoles de la République. Cela pourrait pourtant être utile à la mise en place d'une meilleur politique d'intégration, d'une meilleur politique de la ville et du territoire, éviter les ghettos tant dénoncés par notre très actif Premier ministre. Cela pourrait permettre de lancer un débat national sur quelle politique d'immigration pour quelle France par exemple. Mais non. En fait, pour ne pas mentir, ces statistiques sont parfois pratiquées ... mais il ne faut pas divulguer les chiffres. 

Et c'est là que Robert Ménard, le maire honni par la classe politique "unioeuropéanisée", ose annoncer que dans sa ville, en lisant la liste des élèves, il a compté en moyenne 64,6% d'élève pouvant être d'origine musulmane. La réaction hystérique est à la proportion du chiffre. Voyons un peu la question sans hurlements.


En 2004, la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés a été modifiée, intégrant également les normes européennes en la matière. Ainsi, à son article 8, qui est l'article qui nous intéresse ici, l'interdiction de principe est posée en ces termes au point I:
"Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l'appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci."
Et il s'en suit toute une liste d'exceptions au principe, c'est-à-dire de cas dans lesquels il est autorisé de mener des études statistiques mettant en cause, justement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, les questions relatives à la santé etc. Il s'agit, pour faire simple, des cas où la personne interrogée a expressément donné son accord à la divulgation de l'information, dans un but d'intérêt général, pour les organismes de statistiques, pour les groupes ou associations en ce qui concerne leur membres. 

Autrement dit, ces études statistiques peuvent exister, mais pas être divulguées. Et le 15 novembre 2007, le Conseil constitutionnel met un coup d'arrêt à cet assouplissement de 2004 de la collecte de données sensibles par décision posant l'interdiction de collecte de ces données, données qui ne seraient pas objectives et donc collecte qui serait contraire au principe d'égalité devant la loi (considérant 29):
"29. Considérant que, si les traitements nécessaires à la conduite d'études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l'intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l'article 1er de la Constitution, reposer sur l'origine ethnique ou la race "
Cette décision du Conseil constitutionnel permet de hisser au rang des normes constitutionnel le principe de l'autruche. Oui, l'autruche est devenue le symbole des principes républicains.

Donc forcément, lorsque, se fondant sur ce qui est à sa disposition, un maire a le toupet de soulever le chiffre faramineux de plus de 60% d'élèves susceptibles d'être de confession musulmane, ça fait bondir. En plus un maire FN - il faut dire que la classe politique étant totalement amorphe, il y a peu de chance de voir un maire d'un autre parti politique se poser trop de questions qui dérangent, abandonnant ainsi automatiquement le terrain politique.  Du coup le ministre de l'éducation nationale fait pression sur le recteur d'académie qui saisi le parquet qui ouvre une enquête. Image de l'indépendance de la Justice. Les dirigeants disent qu'il faut sanctionner le maire. On continue à ne pas faire pression sur la Justice. Les enquêteurs débarquent dans les locaux de la mairie pour chercher les fameux fichiers dont toute la classe politique parle, Président et Premier ministre en tête, et ne trouvent rien, comme le souligne le journal Le Figaro:     
"Mardi en fin de matinée, le procureur de la République de Béziers, Yvon Calvet, a ouvert une enquête préliminaire pour «tenue illégale de fichiers en raison de l'origine ethnique». Dans l'après-midi, une perquisition a eu lieu pendant plusieurs heures dans les bureaux de la mairie. Les quatre policiers, spécialistes en informatique ont scruté les ordinateurs mais n'ont trouvé aucune trace de fichiers ou de fichiers effacés récemment. Dans un communiqué, la mairie a assuré n'avoir «jamais constitué de fichiers des enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville». «Le seul fichier existant à notre connaissance recensant les élèves des écoles publiques de la ville est celui de l'Éducation nationale.» 
Pour autant, sans fichiers d'aucune sorte, l'acharnement continue, et le véritable débat n'est évidemment pas ouvert. La classe politique et médiatique, unie en chœur républicain, s'enfonce dans une fantasmagorie collective, en appelle aux heures sombres de la République pour révolter le bon peuple. Mécanisme éprouvé qui permet, en rabaissant et salissant l'adversaire qui fait peur, d'en ressortir blanchi et auréolé. La presse continu ainsi à entretenir l'hytérie, oubliant de soulignant que rien n'a été trouvé. On notera une remarquable oeuvre de propagande dans le journal Le Monde, qui commence à être un habitué de ces feuilles de commande. Le journaliste, Madjid Zerrouky, envoyé spécial pour le journal à Béziers, semble choqué et tourne en dérision des photos des années 50 avec des têtes blondes, un musée sur l'histoire antique. Peut être n'est-ce pas suffisamment multiconfessionnel, mais que faire, il est toujours possible de réécrire les origines de la France ou de les nier. Ainsi, le plus grand danger serait, après nombre d'inteviews orientés, Ménard, lui-même.

Notre belle presse indépendante continue aussi en repêchant une ancienne miss France d'origine marocaine, comme elle l'affirme elle-même, qui crie son amour de la diversité ethnique et religieuse. Grande surprise. Il faut dire que les Miss en tout genre ont toujours été réputées pour leur profondeur ... d'analyse.

Pourtant, certains analystes sont moins hargneux, peut être parce que plus compétents. On notera la position, toute en nuance, de Michèle Tribalat, démographe, qui comme beaucoup d'autres, rappelle que la pratique des statistiques ethniques existe dans de nombreux pays où l'immigration est forte car c'est un outil de politique publique incontournable et qu'il faudrait relancer le débat sur la question en France. 

Mais évidemment, le problème est plus profond. Les politiques ne sont pas du tout certains que les français soient très heureux d'apprendre les chiffres très objectifs des pays d'origine des habitants de notre beau pays et de leurs parents. L'INSEE n'a même pas de mot pour qualifier une personne née en France de deux parents français, il semblerait que le vocable "français" n'ait plus grand sens. La peur profonde est celle d'une réaction violente de la population confrontée à la réalité crue de sa diversité, qui ne devient plus très diversifiée, mais justement s'homogénéise. Mais peut-on encore longtemps se prévaloir du luxe de l'ignorance? Les programmes scolaires sont adaptés en fonction de cette diversité que l'on proclame comme avenir de la République, contre une Nation trop étroite, mais on ne veut pas savoir et dire quelle est la composition de cette diversité. Etrange quand même.  

Pourquoi ne peut-on accepter que le silence? Est-ce cela la République aujourd'hui?

4 commentaires:

  1. Bravo pour le symbole de l'autruche : bien trouvé.
    Comment concilier intellectuellement la nécessité d'une politique contrôlant strictement l’immigration tout en luttant sérieusement pour l'intégration = suppression des freins puissants tels que des classes regroupant 100% d'enfants d'immigrés ne parlant pas français à la maison.

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  2. Ménard doit être soutenu, il est urgent de mettre le problème de l'immigration sur la table des débats publics avec réelles statistiques à l'appui; ce qui se passe à Béziers, n'est pas unique, ce problème de l'identité se pose dans beaucoup de villes et de communes; "les valeurs de la république" ont bon dos, eh bien, qu'ils les énumèrent : quelles sont - elles ? Tout pays se doit de protéger ses ressortissants contre tout envahisseur quel qu'il soit et quelles qu'en soit les moyens. Les politiques, malheureusement, se sont orientés, depuis des décennies, vers une toute autre perspective, reçoivent les ordres d'un corps étranger non-élu et s'assimilent à ce que nous définissons : traîtres à la patrie; quel sort est, logiquement et normalement, réservé à un traître ? l'exécution par les armes. Nous avons donc à procéder à un grand nettoyage parmi nos politiques qui, se dissimulant derrière l'immunité parlementaire, s'octroient tous les droits même celui de trahir notre pays.

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  3. C'est un peu n'importe quoi.

    Vous plongez dans l'a priori qu'un prénom à consonance maghrébine induit une religion.

    Comme écrivait Reich : "je suis le seul à pouvoir dire si je suis juif ou pas" et étant donné qu'il n'a jamais rien rajouté, il ne désirait pas qu'une identité lui soit imposée de l'extérieur. Par respect, on ne peut pas dire s'il était juif ou pas, ça ne peut pas lui être imposé.
    Il était un être humain pensant, et c'est en tant que tel qu'il voulait être considéré.
    Est-ce que ça ne pourrait pas s'appeler de l'humanisme ?
    Est-ce que ça ne peut pas s'appliquer à tout le monde ?

    Et vous vous engouffrez aussi dans l'autre a priori que ce prénom ou nom de famille suppose que la personne est immigrée.

    Ce sont pour la plupart des immigrés de deuxième ou troisième génération ou quatrième génération !! Je suis prêt à parier que plus de 90% de ces personnes visées sont nées en France donc non immigrées.
    Et plus de 85% de ces personnes visées ont au moins un parent né en France.

    Voilà pour les statistiques dont tout le monde raffole.
    Ne pas vouloir comprendre ça, c'est fabriquer de l'exclusion, c'est imposer un repli communautariste à l'autre.

    Et le comble, l'idée que ça pourrait éventuellement se justifier par un diagnostic pour éventuellement mettre en place une politique positive de remédiation !! Un autre a priori qui suppose qu'ils ont des résultats plus faibles (en fait ils ont les résultats moyens de leur établissement, vraiment faible dans des zones de banlieue à problèmes, résultats meilleurs dans des établissements moins défavorisés).
    Et les politiques pour les établissements en difficulté, elles sont molles et ne prennent pas le problème à la racine.

    Alors de quoi parle-t-on......y compris inconsciemment ? Est-ce qu'on ne s'engouffre pas dans une pensée qui en cache en fait une autre ?

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