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jeudi 28 mai 2015

FIFA: le sport va-t-il officiellement entrer en politique?

Le FBI procède à des saisies de documents dans les locaux de la Concacaf à Miami.

Sur demande de la justice américaine, neuf hauts responsables de la FIFA, à l'exception notable de son président, furent arrêtés à Zurich, alors que l'élection du nouveau président de l'institution doit, ou devrait, se tenir le 29 mai. Plusieurs questions, toutefois se posent.


"Les autorités suisses, sous l'égide du FBI, ont procédé à l'arrestation de 9 officiels de la FIFA ce mercredi matin. Ce beau monde serait accusé de blanchiment, détournement de fonds et rackets sur des compétitions de la zone CONCACAF. Une autre enquête vise les conditions d'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022", c'est-à-dire les coupes du Monde devant se dérouler en Russie et au Quatar. 

Selon les termes employés par la ministre de la Justice américaine, L. Lynch,
 "On parle là d'une instance où la corruption est endémique, où ce système est devenu une culture. Les faits portent sur au moins deux générations d'officiels du football et ce qui leur est reproché est très grave. Le fonctionnement que l'on a découvert est semblable à celui d'une organisation criminelle".
Les sommes en jeu sont énormes, l'on parle de 150 milliards de pots-de-vin. La compétence de la justice américaine, peut surprendre, car ils ne sont pas parties prenantes, les faits ne se sont pas déroulés sur leur territoire. Mais selon la législation américaine, la justice des Etats Unis peut être compétente pour des faits qui ne se sont pas déroulés sur son territoire, de manière très large, il suffit que de l'argent ait transité par des banques américaines. C'est le principe d'extraterritorialité.

L'on pourrait trouver fabuleux la victoire de la Justice sur l'Inique, le combat du Bien triomphant contre le Mal décadent. L'on pourrait. S'il n'y avait eu de manière très précipitée, la déclaration de plusieurs sénateurs américains demandant officiellement aux autorités de la FIFA d'élire un nouveau président qui fera tout pour que le championnat de 2018 ne se déroulent pas en Russie alors que le président actuel, Sepp Blatter a l'outrecuidance de vouloir  maintenir le championnat en Russie "malgré l'agression russe en Ukraine". Selon McCain, laisser le championnat en Russie c'est "proposer une aide financière au régime politique de Poutine". Il est vrai que retirer le Mondial à la Russie alors que les travaux sont très avancés, sans donc donner la possibilité de les rentabiliser, serait un coup très dur pour le budget russe, beaucoup plus efficace que les sanctions. Mais là on se demande quel est le rapport entre le rejet viscéral du régime politique russe actuel avec les problèmes de corruption qui concerne des faits sans aucun rapport. Soit, le fondement est criminel, soit il est politique. 

Après cela, on peut légitimement s'interroger sur le caractère indépendant de l'action en justice menée. Et sur l'indépendance théoriquement possible d'une justice extraterritoriale, qui va obligatoirement choisir quand, où et contre qui frapper, car un Etat ne peut prétendre à résoudre tous les problèmes de justice dans le monde, il fera donc des choix en fonction de ses intérêts. En ce sens, l'on comprend mieux la réaction exaspérée du Ministère des affaires étrangères russe qui demande en substance aux Etats Unis d'arrêter de se servir du principe d'extraterritorialité de la justice pour régler leurs affaires politiques.

Et évidemment, tant l'UEFA que le Ministre français des affaires étrangères, se prononcent pour le report des élections devant se dérouler vendredi. Il faut un peu de temps pour convaincre les membres ayant eu le privilège de rester en liberté de faire le "bon" choix, voire pour pousser le président actuel, qui voulait laisser le sport en dehors de la politique, aller s'occuper d'autres affaires et retirer sa candidature. 

Le sport aussi est politique.

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