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vendredi 18 mars 2016

Ode au néolibéralisme ou comment l'IEA a manipulé les prix du pétrole à la baisse


Il y a eu un bug dans l'espace néolibéral du marché omniscient. L'espace d'un instant le voile s'est déchiré et le masque du marché tout puissant, omnipotant, objectif même, s'est écroulé. Et non, les prix aussi bas du pétrole ne viennent pas de l'action régulatrice automatique du marché entre l'offre et la demande. Ils viennent de fausses statistiques fournies par l'International Energy Agency. Le Wall Street Journal est un des rares journaux à oser le publier.


Depuis des mois, les analystes se succèdent sur tous les plateaux de télévision, y compris en Russie sur la chaîne RBK, pour nous expliquer que les prix du pétrole sont aussi bas suite à la conjoncture économique. Vous comprenez l'économie chinoise est en berne, la demande baisse, donc les prix aussi. Car l'offre, elle, augmente, l'Iran arrive sur le marché, les Etats Unis se lachent. Et caetera. Et bla. Et bla.

Mais quelle manipulation? Vous êtes fous! Le marché ne se manipule pas, il est Ob-jec-tif. Même en gras. Même en souligné. Voire en oblique. Ces gens parlent en oblique. Et vous, vous baissez les armes face à tant de certitude. Ils savent. Ceux qui osent dire autre chose ne sont que des plaisantins juste bons pour les théories du complot. Ces idées diverses et variées qui entrent dans la catégorie: dérange, on ne veut pas en parler, mais non ce n'est pas sérieux. Donc silence.

Le Wall Street Journal lance un pavé dans la mare du marché omniscient. Mais où sont passés 800 000 barriles de pétrole? Plus qu'une goutte dans la mer, c'est la mer qui déborde l'océan.

Ils ont tout bonnement disparus. L'International Energy Agency s'est "trompée" dans ses statistiques et a surévalué la production de 800 000 barriles. Car, selon le décompte de l'Agence pour 2015, chaque jour d'environ 1,5 million de barriles étaient mis sur le marché en plus de ce que la demande exigeait. Globalement, 770 000 étaient mis en réserve. Encore environ 300 000 étaient expédiés. Restent en gros 800 000, dont la destination est inconnue. Un détail.

La plupart des experts interrogés par le Wall Street Journal estiment que ces barriles de pétrole ... n'existent tout simplement pas. Physiquement pas. Conclusion logique; les prix du pétrole peuvent très rapidement remonter, car la production a été artificiellement surévaluée, au double.

Mais comment? Est-ce que les prix du pétrole ne se forment pas "naturellement", presque magiquement, par une adéquation immédiate du prix en fonction du ratio offre/demande? Mais où a regardé le Dieu marché? C'est une honte, c'est impossible. Enfin enfin, reprenez-vous. La liberté des prix, la dérégulation comme garantie... Mais que sont nos repères devenus?

La réponse risque d'être triviale, faites attention. En fait, les prix sont en grande partie, nous expliquent ces même experts, dépendants des statistiques de l'IEA. Et l'IEA "s'est trompée". Et l'erreur a finie par être découverte. 

Et c'est quoi l'IEA? Très simple, c'est une de ces structures "internationales", donc a-politique, a priori, donc hors discussion. Ils y en a beaucoup dont on devrait discuter aujourd'hui, car soit elles sont archaïques, soit elles sont politisées. Mais il faudra bien se poser la question. Commençons avec celle-ci.

L'IEA a été mise en place, au départ, pour aider les pays importateurs, suite à la crise des années 73-74, à coordonner et réguler leur consommation énergétique. Elle se compose de 29 pays membres : les grands pays de l'UE, les alliés traditionnels des Etats Unis comme Canada, Japon, Corée, etc, et, bien sûr les USA qui sont produsteurs. Les relations de ces pays avec des pays émergents, et avec des pays producteurs, comme le Brésil, la Chine ou la Russie. Ces pays sont des pays "non-membres". Or, ses attributions se sont développées, incidemment, avec le temps.

Et c'est cette agence dite "autonome" (de quoi? ah, oui, internationale donc forcément autonome) qui va avoir une influence directe sur le cours du barrile de pétrole suite à ses statistiques. Sur le plan géopolitique, on va dire que l'erreur est bien tombée. Mais les effets produits ne furent pas suffisamment décisifs, il faut revenir à la réalité.

Mais chuttt, on ne le dira pas.



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