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jeudi 7 avril 2016

Les leçons du référendum hollandais

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Les résultats du référendum hollandais sur l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine sont tombés. Logique et rationnel: non. Sans ambigüité. Alors que le Parlement national l'avait ratifié. Deux leçons peuvent, immédiatement, en être tirées: 1) Il concerne tout autant l'UE en général que l'Ukraine en partiuclier; 2) La dissociation entre les peuples d'Europe et leurs organes dirigeants s'accentue depuis 2005.


Ainsi, les "eurosceptiques", pour reprendre l'expression consacrée, ont remporté une victoire:
Selon l'ANP, le "non" l'emporte avec 61,1% des voix, avec un taux de participation à 32,2%, au-dessus de la barre des 30% indispensable pour valider le scrutin. Selon la loi sur le référendum, le texte doit être maintenant représenté au Parlement et au Sénat. 
Et le Président Poroshenko présente parfaitement toute l'ambigüité de la situation dans sa déclaration: les hollandais n'ont pas dit non à l'Ukraine, mais à l'UE et aux "valeurs européennes", ce qui ne l'empêche de rermercier ceux qui ont voté oui en soutenant ainsi l'Ukraine, concluant sur le rappel du caractère consultatif du référendum (ce qui signifie que les organes de l'état ne sont pas tenus de le respecter), le dernier mot appartenant au Parlement et au Gouvernement.

Et tout est là finalement, au-delà de l'absurdité de la formulation. 

Un référendum à double signification

C'est tout autant un échec du projet- UE que de l'Ukraine post-Maïdan. 

Les hollandais ont marqué leur refus du projet UE tel qu'il existe aujourd'hui. Il faut dire que son attrait est plus que limité: crise économique, sociale, immigration incontrôlée, terrorisme. Sans que les organes européens ne soient aptes à apporter de réponses efficaces. 

Or, l'UE est une structure artificielle, qui bénéficie de l'aura européenne, en use et en abuse, mais n'est qu'une construction récente. Si elle n'est pas efficace, elle perd sa légitimité. D'où l'urgence pour elle de combattre l'étatisme et la souveraineté sous toutes ses formes et manifestations de puissance, question de survie. 

Mais l'Ukraine post-Maïdan, en tant que telle, n'a pas trouvé l'appuie populaire qu'elle attendait. Il ne suffit pas de sauter sur le Maïdan pour rendre un pays attractif. Et l'Ukraine post-Maïdan est destructurée, son économie est détruite, sa politique est autoritaire un tiers de la population flirte avec le seuil de pauvreté selon le rapport du PNUD. Ce n'est pas l'Ukraine qui est rejetée, c'est ce que les putschistes en ont fait.

Les différentes manifestations organisées avec des ukrainiens à vélo, dans les trains, sautant partout et parlant à la population n'a manifestement pas eu l'effet escompté. Il est même possible que l'effet inverse ait été atteint. L'Europe n'a pas besoin de cette Ukraine-là. Mais l'UE envisage, elle, ce partenariat. L'UE n'est décidemment pas l'Europe.

Dissociation des peuples européens de leurs gouvernements

Nous avons déjà vécu cette histoire avec la ratification du traité appelé constitution européenne, rejeté par les peuples, adopté par les Parlements. La dissociation entre les peuples et les gouvernants se creuse et se confirme. C'est pourquoi la construction européenne ne se fait plus par référendum, comme aux premiers temps, mais par les Parlements nationaux et les Gouvernements.

Si le projet-UE est soutenu par les gouvernants, il est bel et bien rejeté par les peuples. Qui ne sont pas "eurosceptiques", mais "union-eurosceptiques", l'UE n'ayant pas le monopole de l'Europe et s'en distinguant de plus en plus. Cette crise de l'UE dont on parle beaucoup peut, certes, être temporairement surmontée artificiellement par quelques réformes techniques, mais son problème fondamental est ce déficit flagrant de démocratie, qu'il va être difficile de surmonter.

Toutefois, comme le souligne Poroshenko, le dernier mot appartient au Parlement et au Gouvernement. Et le Premier minsitre a déjà déclaré que le texte ne pourra être voté en l'état. Il y a donc de fortes chances pour que l'accord soit un peu renégocié, un peu modifié dans ses dispositions annexes et ensuite validé par le pouvoir. 

L'UE a une grande habitude du détournement de référendum.

1 commentaire:

  1. Le Monde commence ce soir à évoquer ce que pourra être ce nouveau détournement. Dans les conjonctures présentées, il n'y a absolument rien sur un abandon du traité dont l'un des pays membres de l'UE ne veut pas. http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/04/08/apres-le-referendum-neerlandais-quelles-consequences-pour-l-accord-d-association-ue-ukraine_4898949_3214.html

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