Publications

lundi 26 septembre 2016

Administration présidentielle: l'opposition lance l'opération "Kirienko"

Résultat de recherche d'images pour "кириенко сергей ельцин"
Kirienko, Eltsine et Berezovsky

En nommant S. Narychkine à la tête du Service de renseignement extérieur, un vide a été créé, par jeu de chaises tournantes. Narychkine part et libère le poste de président de la Douma qui est repris par V. Volodine. Qui libère à son tour celui de vice-président de l'Administration présidentielle en charge de la politique intérieure. Fonction particulèrement sensible et importante. Fonction qu'il a récupérée après les grandes manifestations de 2011 et l'échec de la stratégie controversée de V. Surkov d'une opposition radicale soutenue et soi-disant contrôlée. Or, le vide en politique ne dure pas longtemps et le clan néolibéral revient à la charge et lance une opération "Kinder-surprise 2" en sortant Kirienko de l'ombre.


Comme nous l'avons déjà écrit, les élections législatives ont démontré le soutien de la population envers un système qui se distingue des positions défendues par les différents groupes de l'opposition dite "libérale". Or, ce groupe est toujours bien présent, notamment au Gouvernement et dans les structures para-étatiques, comme les différents Conseils qui phagocytent les mécanismes de prise de décision.

La claque monumentale qui vient de lui être assénée, accompagnée par le changement de cap de la politique intérieure que soulignent les récentes nominations, ne peut laisser indifférent ce clan, affaibli temporairement, mais qui ne renoncera jamais au combat. 

En ce sens, le déplacement de V. Volodine vers la Douma, est un cadeau presque inespéré, car il crée un vacuum politique. Formellement, V. Volodine devient la 4e figure du système constitutionnel, pourtant il serait surprenant que ses pouvoirs augmentent réellement proportionnellement à cet organigramme. Sans compter que, avec la majorité constitutionnelle bien disciplinée, la Douma ne va pas être un lieu d'échanges passionnés, les députés qui n'ont pas vraiment pour habitude l'autonomie de pensée ne risquent pas de mettre à mal l'exécutif. Il faut également souligner que la personnalité de V. Volodine ne cadre pas vraiment avec une institution parlementaire. Alors que cette personnalité a bien réussi à faire le contre-poids des manipulations de V. Surkov, lorsqu'il l'a remplacé à ce poste dans la période délicate de 2011 et de Bolotnaya.

Dans ce contexte, tous les médias d'opposition RBK, Dojd, BBC, Gazeta.ru, Vedomosti, Meduza etc lancent une opération "Kirienko". Kirienko est une figure intéressante pour ce clan. Tout d'abord, il s'est fait oublié. Oublié qu'il était Premier ministre difficilement imposé par Eltsine, en poste lors du crash du système financier russe de mars à aôut 98, oublié  qu'il a mis la Russie en défaut de paiement et ensuite a demandé au bout de trois mois en fonction sa démission, laissant Primakov remonter le pays et faire le travail que Kirienko n'a pas été capable de réaliser. Comme beaucoup de personnes de cet accabi, le simple fait de se caractériser comme un libéral, un occidental, tout doit être pardonné. En plus c'était le plus jeune Premier ministre russe, ça compte tellement plus que le reste. Suite à cela, il est évidemment parti vers les partis de droite, SPS, avec ses amis Nemtsov, Tchoubaïs et toute la bulle. C'est suite à sa grande réussite dans la politique nationale qu'il a reçu le surnom de Kinder-surprise.

Pantoufflant tranquilement à Rosatom depuis 2005, il a su faire oublier son passé controversé. Sa figure est suffisamment neutre aujourd'hui pour être acceptable. Contrairement à d'autres comme Tchoubaïs et Koudrine, qui sont trop marqués. Pourtant, sur le fond, il n'y a aucune différence. Dans la même logique, le retour de V. Surkov est difficilement envisageable, cela serait perçu comme une remise en cause trop directe de la ligne Volodine, puiqu'ils sont présentés comme en opposition l'un l'autre.

Mais avec Kirienko, l'on parle du retour de la vielle garde des années 90. Ainsi Volochine, proche de la "famille" Eltsine qui avait été mis à la tête de l'Administration présidentielle en 99 et que V. Poutine n'a pu écarté qu'en 2003, pourrait lui, pour continuer le jeu des chaises tournantes, récupérer Rosatom.

Pour l'instant, à Rosatom ils se refusent à tout commentaire disant n'être pas au courant. Kirienko refuse de commenter ce qu'il appelle des bruits. Le porte-parole du Kremlin, D. Peskov, lui aussi parle d'une "nouvelle version". Pour l'instant ce ne sont que des bruits. Des bruits qui ressemblent à ceux qui entourent périodiquement Koudrine. 

Sans pour autant impliquer la réalisation de ce projet Kinder-surprise 2, cela marque le renforcement du combat idéologique après les élections. Avec toujours ce besoin de trouver un faux "équilibre", comme si nommer des personnes ayant des convictions opposées pourvait permettre un équilibre politique et non simplement paralyser le système de gouvernance.

Une telle nomination serait surprenante, et contre productive, au regard du mouvement qui se met en place aujourd'hui en Russie. Mais sous-estimer la capacité de nuisance de ce clan est impossible.

4 commentaires:

  1. Je lis attentivement votre article, mmais je ne comprends pas a quel poste ils envisagent de placer Kirienko.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. comme écrit: vice-président de l'administration présidentielle en charge de la politique intérieure

      Supprimer
    2. Merci pour cette réponse. Mais la question est en vertu de quoi la présidence, et son entourage, envisagerait de confier ce poste à Kirienko? Pour ses qualités? sous la pression ou pour faire plaisir à qui? Pour ma part ceci est obscur.

      Supprimer
  2. Poutine sert d'arbitre entre le 2 camps je suppose. Peut-être qu'il adore ça : juger, décider, départager qui, dans l'administration présidentielle, a tort ou raison. Peut-être que ça le détend et lui change les idées des graves problèmes internationaux. Sinon, pourquoi n'a-t-il pas éjecté les libéraux, qui ne représentent plus rien, et qui doivent lui souhaiter, en secret, un sort à la Ianoukovitch? Ce président russe est vraiment une énigme.

    RépondreSupprimer

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.