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mardi 29 mars 2022

Etats-Unis / Russie : l'Europe se constitue prisonnier de la guerre du gaz


Le combat pour le marché énergétique européen a toujours été très fort entre les Etats-Unis et la Russie. L'intérêt des pays européens était justement de garder un équilibre entre les différentes puissances, afin de préserver une certaine indépendance. C'est cet équilibre que l'UE a brisé en suivant le diktat américain de sortie à n'importe quel prix du gaz russe, Russie qui en attendant, en contre-partie des sanctions adoptées contre elle, ressortant plus de la piraterie que du droit, exige un paiement en roubles, ce qui rendrait ces sanctions justement inutiles.

Au prétexte de la réponse militaire russe en Ukraine, les pays occidentaux s'attaquent à la Russie pour lui couper les vivres, avec des méthodes de pirate : réserves de la Banque centrale "expropriées", avoirs bloqués, propriété de citoyens russes "réappropriée". Manifestement, la sacralité du droit de propriété n'a pas lieu d'être à l'égard de la Russie et le droit en général semble totalement dépassé.

En réponse à cela, le 23 mars, Poutine annonce une mesure, qui déstabilise ce si petit monde atlantiste - les livraisons de gaz devront être payées en roubles :

«J'ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises», a déclaré le président russe lors d'une réunion gouvernementale, expliquant qu'il s'agissait d'une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident (...). Vladimir Poutine a demandé à la banque centrale et au gouvernement d'établir «dans un délai d'une semaine» le nouveau système qui doit être «clair, transparent» et implique «l'acquisition de roubles sur le marché» russe des changes.Vladimir Poutine a également laissé entendre que d'autres exportations russes seraient concernées, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l'étranger, mesure que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié de «vol» mercredi. «Il est clair que livrer nos marchandises à l'UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d'autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous», a dit Vladimir Poutine."

Alors que les sanctions adoptées visaient à faire s'écrouler le rouble, celui-ci depuis cette annonce reprend du poil de la bête et ainsi, l'annonce du paiement en rouble risque de rendre inefficaces les sanctions financières et économiques adoptées au regard de la monnaie. Les Etats-Unis et leurs pays satellites ne pouvaient laisser passer un tel "affront" et refusent de payer en roubles. Ursula von Leyen et Borrell annoncent que l'UE refuse le paiement en roubles et Borrell d'aller plus loin en étant certain que de toute manière la Russie livrera le gaz. Les pays du G7, dans une poussée de légalisme aigu, ont également affirmé leur refus du paiement en roubles. Il est étonnant qu'alors, s'ils veulent revenir strictement dans le giron juridique, ils ne rendent pas ses avoirs et ses biens à la Russie ...

De son côté, le porte-parole du Kremlin a précisé que la Russie ne livrera pas gratuitement de gaz. Le combat est ouvert. Rappelons que l'UE achète 40% de son gaz à la Russie et les pays européens sont liés à des degrés différents :


L'on comprend que la République Tchèque ait déclaré vouloir rester en dehors de cette guerre du gaz et n'envisage pas de renoncer au gaz russe. 

Pourtant, la relève est prête, elle attend depuis longtemps et est déjà bien implantée : les Etats-Unis vont "aider" l'Europe. Trop aimable de leur part, après avoir provoqué toute cette crise. Cette aide va encore coûter très cher aux pays européens ...


Donc, pour résumer, les pays européens s'étant tiré une balle dans le pied en s'élançant dans la course aux sanctions, afin de protéger les intérêts américains globaux, se sont, en tout logique, constitués prisonniers. Je cite CNN :

"Le Président AMÉRICAIN Joe Biden et la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen ont annoncé vendredi la constituion d'un groupe de travail commun pour sortir l'Europe de sa dépendance au pétrole et de gaz russes.

Le comité, présidé par les représentants de la Maison Blanche et de la Commission Européenne, aura pour objectif de trouver d'autres fournitures de gaz naturel liquéfié, et de réduire la demande globale de gaz naturel.

Les États-unis travailleront en vue de la fourniture de l'Europe d'au moins 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié, en 2022, en partenariat avec d'autres nations, a déclaré la Maison Blanche."

Dans une interview à Sky news Arabia, Borrell a déclaré que d'ici deux ans, l'Europe pourrait se passer du gaz russe. A quel prix ? Que restera-t-il de l'économie européenne à ce rythme-là, si déjà maintenant les Français sont sommés de faire des économies de consommation d'énergie, sinon l'on ne passera pas l'hiver prochain ? Sans même parler de la hausse inédite du prix du gaz. 

Et tout cela, formellement, au nom de la guerre en Ukraine, sur laquelle nos élites ne veulent pas ou ne peuvent pas se permettre d'ouvrir les yeux : cette guerre a commencé en 2014, quand les Etats-Unis, avec le soutien de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, ont fait tomber un gouvernement légitime en Ukraine, ont lancé des groupes extrémistes et provoqué une guerre civile. De ce point de vue, leur attitude actuelle, si elle est immorale, est logique : ils n'ont plus le choix, ils doivent aller jusqu'au bout. Quitte à faire s'écrouler nos sociétés au passage. 





17 commentaires:

  1. Bon, ce qui m’intéresse, c’est de savoir quand ma chaudière va s’arrêter. Et j’espère qu’elle va s’arrêter, sans quoi la Russie se décrédibilisera. Ce serait une vraie victoire... parce que pour la guerre, c’est pas gagné. On attend toujours l’effondrement de l’armée ukrainienne...

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    1. "On attend toujours l’effondrement de l’armée ukrainienne" : vous me paraissez très mal informé cher ami, ceci dit sans aucune animosité ou ironie. Jetez donc un coup d'oeil là-dessus (garanti sans propagande occidentale) sur les combats à Marioupol : https://www.youtube.com/watch?v=EuThLVgXcrE
      Les combattants tchétchènes n'ont pas fait de quartiers du bataillon d'Azov après des pertes liées à la protection des civils et la reconnaissance des lieux de combats urbains. Le reste de l'armée ukrainienne est à la maison ou dans la nasse de Donetsk où elle finira décimée car à court de vivres et de munitions malgré les blockhaus dans lesquels ils se sont réfugiés. La guerre a été rapide, elle est déjà perdue pour l'ex-pouvoir ukrainien. Aujourd'hui la vraie question est de savoir comment les Russes vont administrer cet ancien territoire soviétique.

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    2. J'ai bien peur que la presque totalité du territoire ukrainien continue a être administré par les ukrainiens, quant au Donbass il sera indépendant sous protection russe. Les russes n'iront pas plus loin s'ils obtiennent la neutralisation de l'Ukraine. J'espère me tromper.

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  2. Petit topo chiffré sur le gaz en France et en Europe :
    En 2018, la Russie pour le seul gaz représente 40,4 % des importations européennes, loin devant la Norvège, deuxième fournisseur (18,1 %), et l’Algérie, troisième (11,8 %). Ces trois pays représentent plus de deux tiers des importations en gaz. La Russie est aussi le premier fournisseur de pétrole et de houille (anthracite de qualité supérieure et pas lignite de basse qualité comme dans le bassin de la Ruhr) de l’Union européenne. Dans le mix énergétique européen, le gaz fossile est la deuxième source d’énergie la plus importante après le pétrole. Un tiers de l’énergie qu’on consomme en Europe vient du pétrole et un quart du gaz​. Son premier usage est de produire de l’électricité, notamment à des moments où on a absolument besoin quand on n’a pas forcément d’autre capacité de production, renouvelable ou nucléaire. Son avantage est que le gaz fossile est très réactif dans les centrales à gaz et qu’on peut pouvez facilement augmenter la production d’électricité de manière discontinue et pilotable​.
    Le gaz est aussi un ingrédient essentiel de certains processus industriels, comme la production d’hydrogène utilisé dans les processus de fabrication d’ammoniac et d’engrais pour l’agriculture.
    En 2018, 58,2 % de l’énergie brute disponible de l’UE provenait de sources importées. Les plus grands importateurs nets d’énergie en chiffres absolus ont été l’Allemagne et l’Italie,​ notamment en raison du fort tissu industriel de ces deux pays. Mais au-delà de la quantité de gaz, ce sont bien les pays d’Europe centrale et orientale qui seraient en première ligne en cas de coupure du gaz russe.
    La France importe ainsi 99 % du gaz naturel qu’elle consomme. En 2019, les importations viennent principalement de la Norvège (30 %), de la Russie (20 %), des Pays-Bas (10 %), du Nigeria (7 %) et à 33 % d’autres pays comme le Qatar et l’Égypte.
    PS :
    1 - Les USA ne sont pas autonomes globalement en gaz même si l'export existe, une bonne partie des sociétés en fracturation hydraulique produisant des pétroles et de gaz de schiste ont déposé le bilan du temps où les fossiles étaient bon marché, le gaz à une époque était brûlé à la torchère car les infrastructures de collecte du gaz sont rares chez l'Oncle Sam. Les puits s'assèchent vite (3 ans maxi) et les investissements n'ont pas suivi (80 USD le baril pour atteindre le seuil de rentabilité pour les pétroles de schistes US). Biden comme d'habitude raconte n'importe quoi sur la capacité des USA a fourni du GNL à l'UE. Ce type vit clairement dans un univers parallèle.
    2 - La capacité de production de gaz actuelle ne suffit pas à la satisfaire la demande. Beaucoup de pays ont dépassé leur pic de production (Norvège, Pays-Bas et Algérie notamment). Les investissements n'ont pas suivi depuis 15 ans, ce qui fait que la production ne peut pas être élastique. La qualité du gaz néerlandais est basse (gaz de Groningue), pas utilisable partout et peut-être mélangée à du gaz russe de très bonne qualité mais dans des proportions faibles. Le gaz russe est incontournable en l'état actuel des choses.

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    1. voyez ceci; Russie/Europe :
      En 2022 , Il existe moins de 600 méthaniers C'est à dire des navires spécialisé dans le transport de gaz avec une capacité moyenne de 140.000m3 de gaz .
      Le plus gros méthanier a une capacité de 260000m3 , il dessert des produits gazier quataris .
      Faisons un calcul simple :
      600 méthaniers x 140000m3 = 84.000.000 m3 de gaz .
      C'est à dire le nombre de navire transportant le gaz mondial peut livré 84 millions de mètres cubes chaque mois.
      Donc : 84.millions de mètre cubes x 12 = 1.008.000.000 m3 ans .
      La Russie livre 150 milliards de m3 par ans à
      l'Europe.
      l'union européenne C'est tous de même 27 pays .
      "Grossomodo", il faudra que les usa détiennent d'abord tous les bateaux de transport de gaz de la planète et il faudra encore que tous ces bateaux soient en mesure de faires 4 voyages par ans pour approvisionner l'Europe .
      Et une fois le gaz liquéfié livré , il faudra encore procéder à le rendre en gaz vu qu'il est en état liquide , prenant en compte le transport et la transformation du gaz la facture sera 4 voir 6 fois plus chère que le gaz russe .
      Considérons que le États-Unis veulent combler cette dépendance en livrant 150 milliards de m3 à l'Europe . Ils leur faudra 6000 navires méthaniers , ainsi que 1790 voyage par navires
      Sauf qu'un voyage entre les usa et l'Europe dure en moyenne 1 mois pour ce genre de navire .
      Donc en aller et retour il faudra que les 6000 navires fasses chacun 8 voyages par ans pour combler se vide .
      Cette analyse juste pour que vous ayez une idée de la dépendance européenne en gaz russe .
      NB : Les besoins chinois en gaz , sont de 160 milliards m3 par ans , soit plus que la consommation Européenne annuelle .
      Conclusion : Se passer du gaz russe dans une "décennie" pour ne pas dire avenir proche est une utopie pour les Nations Européennes.
      Donc pas de gaz a très court terme, si le refus de payer en roubles persiste.
      Mais paye en roubles, suppose de la part des pays acheteurs, d'avoir des roubles, ou de les acheter aux russes, en payant en dollars ou euro, mais comme les sanctions l'interdisent, l'europe est dans l'impasse. Nos allons grelotter cet hiver et pas seulement

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    2. Démonstration par l'absurde intéressante, merci ! La BCE peu acheter des roubles à la banque centrale russe en ouvrant un compte spécial, mais il faudra le provisionner dans une monnaie que la Russie accepte (le yuan par exemple) ou mieux avec de l'or. Elle peut aussi emprunter des roubles mais il faudra déposer des garanties en rapport avec la taille de l'emprunt.

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  3. L UE va contourner le problème en rachetant le gaz fourni à d autres pays...

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    1. pas possible : les infrastructures actuelles de transports (bateaux ou pipelines notamment) ne le permettent pas, ni les moyens de productions (pas structurés pour ce faire). Idem pour le pétrole pour lequel les principaux pays producteurs ont déjà alertés l' U.E.
      C'est réellement un suicide et/ou un sacrifice, mais surtout ... pour nous, les populations européennes.
      Concernant le gaz, à un degré moindre pour la France, mais incompréhensible pour l'Allemagne et la Pologne (Cf. chiffres dans l'article de Karine) !!

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  4. Les russes doivent être inflexibles: le paiement du gaz en roubles ou pas de gaz du tout.

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  5. Bonjour Karine,
    "tout cela, formellement, au nom de la guerre en Ukraine", écrivez-vous. Le mot clé de votre phrase est "formellement". L'objectif du régime de Washington était d'obliger la Russie à intervenir en 404, pour ensuite forcer l'Union Européenne à couper toutes les relations avec la Russie. Il a réussi, par la faute exclusive de ceux qui dirigent les régimes occidentaux. Le continent Eurasiatique est coupé en deux. Il leur suffit maintenant de resceller la colonisation de l'Union Européenne par le régime de Washington. Il n'est pas sûr que la Russie ait le temps de se redéployer vers l'Asie. Car, comme vous l'écrivez, "...ils vont aller jusqu'au bout" (avec une éventuelle intervention militaire atlantiste en Ukraine, annoncée ce weekend par le président du régime de Washington, à Kaliningrad, comme en rêvent, selon la presse, certains généraux Polonais, ou même ailleurs en Russie).
    La seule issue favorable pour les européens résiderait peut-être en aval d'une secousse bien plus violente que celle qui vient d'être vécue et qui nécessiterait une reconstruction plus fondamentale, suite à la destruction d'une partie de l'Europe. Nous n'en sommes peut-être pas très loin. Si cela ne se produit pas, notre statut d'esclaves-consommateurs va progressivement prendre une forme de plus en plus aiguë, et la "régulation démographique" s'accélèrera.
    Ce qui se joue est l'avenir de l'humanité. (A travers la Russie, c'est la Chine qui est visée).

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  6. Bonjour, il serait bon au final de rappeler que nos problèmes ne viennent réellement ni des US, ni de la Russie, qui hors des notions de "bien" ou de "mal" défendent leur intérêts. Mais bien de la bande d'immondes cafards de traitres français au sein de l'exécutif politique et merdiatique et de l'ignorance congénitale dans laquelle se complait la population.

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  7. oui et ... non.
    Oui, pour les raisons que tu évoques ...
    Mais non, parce qu'au final si la France se montrait réellement indépendante et souverainiste (pour reprendre un terme à la mode), nul doute qu'elle se trouverait alors (et depuis longtemps) .... à la place des russes aujourd'hui.
    Et cela pose quand même la question du bien du mal. Je n'ai pas de réponse. Mais on peut s'interroger, les U.S ne font-ils que "défendre leurs intérêts" ? J'ai quand même l'impression qu'ils vont bien au-delà de çà.

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  8. Poutine n'a pas daigné donner son feu vert à une opération humanitaire à Marioupol (80% de la ville détruite, déjà plus de 5000 morts), il doit encore, dit-il, y réfléchir... C'est ça la civilisation! Chapeau l'artiste, comme dit Camembert!

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    1. Camembert aime les artistes mais pas les trolls.

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    2. Chers lecteurs, la quantité de trolls stupides augmente chaque jour et en général je ne vois pas l'intérêt de les publier. Mais celui-ci dépasse toutes les limites, même de l'absurde. J'en arrive à me poser une question : les gens qui écrivent ça sont réellement à ce point désinformés (surprenant, puisqu'ils écrivent sur ce blog et donc ont vu les publications sur les corridors humanitaires russes à Mariupol, les liens vers telegram et les vidéos des gens sortant de Mariupol et décrivant l'horreur des groupes néonazis dans la ville) ou bien le niveau de troll est si bas ... parce qu'il n'y a finalement rien à dire ?

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  9. Apparemment, les pays du G7 se sont entendus pour refuser de payer leurs fournitures de gaz russe en roubles, comme demandé par Vladimir Poutine, à la suite de l'interdiction unilatérale qui a été faite à la Russie par l'UE, les USA et le CW d'utiliser le Dollar US et l’Euro dans les transactions internationales de ses hydrocarbures (via la mise sous séquestre, donc au vol pur et simple, des quelques 300 milliards USD de réserves que la banque centrale de Russie a confié à la FED, la banque centrale américaine). L'argument invoqué est la rupture unilatérale du contrat de vente : https://www.latribune.fr/economie/international/refus-du-g7-de-payer-le-gaz-russe-en-roubles-la-russie-ne-va-pas-fournir-de-gaz-gratuitement-c-est-tres-clair-moscou-907151.html
    Il faut savoir que le gaz fourni émanant du territoire russe, il est de facto sous la juridiction de la Russie. Les conditions générales de vente ne sont pas connues dans le détail mais doivent prévoir qu'en cas de modification substantielle des termes de ce dernier, le contrat doit être annulé ou faire l'objet d'un avenant. L'interdiction de régler ce gaz en dollar ou en euros est une modification substantielle et comme aucun avenant n'a été proposé par les acheteurs, ce contrat devient caduc et le litige qui en résulte doit être tranché par la juridiction qui en a la charge, à savoir un tribunal de commerce russe choisi par Gazprom. Ainsi, Macron et Scholz expliquent leur refus de payer en roubles par une modification substantielle unilatérale du contrat qui serait le fait de la Russie, mais il s'agit là bien évidemment d'une inversion accusatoire (typique de la rhétorique politique américaine qui ne se prive pas de modifier de façon substantielle les contrats de vente avec l'étranger en imposant l'extraterritorialité de leur droit, ce qui est bien évidemment interdit par le droit international). La Russie a le droit de modifier les conditions de règlement de ses fournitures de gaz bien évidemment, en fonction de l’environnement économique du moment, si tant est qu’elles soient modifiées et agréées à l’amiable entre les deux parties contractantes. L’UE ne voulant pas régler le gaz russe en roubles, cela aboutira à une suspension provisoire de la fourniture gazière, le temps que les parties se mettent d’accord. Pour le moment, les spécialistes comme Charles Gave constatent que la Russie honore ses contrats et que l’UE paie son gaz en euros malgré les déclarations politiques tonitruantes de nos cadors qui prétendent diriger le monde. Comme indiqué par le porte-parole du Kremlin de façon humoristique : « Nous ne fournirons pas de gaz gratuitement. Cela peut être dit avec une certitude absolue. Dans notre situation, il n’est guère possible et guère conseillé de s’engager dans une charité paneuropéenne ».
    Cette situation qui se résoudra d’elle-même (pas de fourniture alternative au gaz russe, pas de possibilité de se passer de cette fourniture essentielle) nous aura montré au moins une chose : l’UE est dirigée par des américano-idolâtres qui n’ont aucun respect pour le désir des peuples qui leur ont confié le pouvoir et donc de la démocratie. Ce sont des marionnettes de Washington. La chose commence à être visible et comprise par les citoyens européens. L’avènement du pétro-rouble sonne bien évidemment le glas de l’hégémonie américaine sur le monde, mais également celui de l’existence même de l’Union Européenne et donc de l’Euro. Et j'avoue que c'est une chose qui me fait particulièrement plaisir, ayant voté NON au projet de traité constitutionnel européen scélérat de 2005 que j'avais pris le temps de compulser (400 pages de mémoire) et que peu de personnes ont lu en France du fait de la complexité de ce document juridique hermétique au commun des mortels.

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  10. Pour info et pour le fun, il est question dans ce billet de gaz, mais il faut savoir également que la Russie est un des trois plus gros fournisseurs mondiaux de pétrole lourd, une qualité d’or noir qui sert à fabriquer du gasoil, du mazout, du GNR (gasoil non routier pour les agriculteurs, la marine marchande et militaire) et surtout du kérosène pour les avions. Cette qualité de pétrole est incontournable car elle a une densité calorifique très élevée. Les deux autres pays qui extraient cette qualité de pétrole sont le Venezuela et l’Iran. Devinez-quoi : les USA ont mis sous sanction ces 3 pays, alors que les raffineries US sont faites pour traiter cette qualité d’hydrocarbures, ce qui veut donc dire que bientôt, quand les stocks auront été consommés, l’Oncle Sam ne pourra plus faire voler ses avions, naviguer ses navires et faire rouler ses camions dans un pays où la logistique est basée sur le transport routier. Les pétroles de schistes américains sont de qualité légère, c’est-à-dire qu’ils sont extrêmement volatils et qu’ils peuvent être pratiquement utilisés tels quels dans des voitures à moteurs à essence (faible taux de compression et à allumage par bougies), mais qu’ils ne peuvent en aucun cas être utilisés dans des moteurs Diesel (forts taux de compression, auto-allumage). La gestion de ce pays par des élites politiques totalement hors-sol est sidérante.
    Je me souviens d’un précédent similaire quand j’ai commencé ma carrière professionnelle dans l’industrie : le directeur de la branche produits frais du groupe Danone (qui s’appelait BSN à l’époque) avait décidé d’engager un bras de fer avec le groupe Carrefour en refusant de lui vendre ses produits laitiers au prétexte que les conditions d’achats ne lui plaisaient pas. Au bout de 6 mois, le PDG de BSN, Antoine Riboud, a viré avec fracas son directeur produits frais quand il a constaté les pertes colossales de cette division commerciale clé et est allé voir le patron de Carrefour pour baisser sa culotte, lui présenter ses plus plates excuses et signer un nouveau contrat avec des conditions extrêmement avantageuses pour le client. Cette histoire est enseignée dans les Business Schools comme un cas d’école. Conclusion : dans le business, on ne fait jamais de sentiments ni d’idéologie, sinon ça se paie cher. Très cher. A l’instar de Riboud, l’UE ira bientôt voir en catimini la Russie pour baisser sa culotte et présenter ses plus plates excuses.

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