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mardi 14 mars 2023

La contre-offensive ukrainienne du printemps : vers une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie ?


Différents avis circulent au sujet de la contre-offensive ukrainienne annoncée pour le printemps. D'un côté, le Washington Post assure que, selon des sources ukrainiennes, l'armée ukrainienne a subi trop de pertes humaines pour pouvoir assumer une contre-offensive générale, quand certains réseaux russes estiment que cela reste possible, que l'Ukraine s'y prépare, mais qu'une implication directe plus évidente des pays de l'OTAN doit l'accompagner. En fait, ces deux points de vue ne sont pas forcément contradictoires. Et la question qui en découle est simple : la contre-offensive du printemps, va-t-elle conduire à une entrée directe des pays de l'OTAN dans le conflit ukrainien contre la Russie ?

Le Washington Post a sorti un article mettant en doute, selon des sources ukrainiennes, la possibilité d'une contre-offensive efficace ce printemps. Voici quelques extraits :

"La qualité de la force militaire de l'Ukraine, autrefois considérée comme un avantage substantiel sur la Russie, a été dégradée par une année de pertes, qui ont retiré bon nombre des combattants les plus expérimentés du champ de bataille, ce qui a conduit certains responsables ukrainiens à remettre en question le fait que Kiev soit prêt pour préparer l'offensive prévue pour le printemps."

Donc cette armée russe présentée par les médias atlantistes comme sous-équipée et non professionnelle a quand même porté un coup décisif à l'armée ukrainienne en un an. Passons sur la contradiction. L'ampleur des dégâts se précise, c'est la qualité même de l'armée ukrainienne qui a été modifiée et l'afflux de nouvelles têtes inexpérimentées n'y change rien, au contraire :

"Statistiques mises à part, un afflux de recrues inexpérimentées, amenées pour combler les pertes, a changé le profil des forces ukrainiennes, qui souffrent également de pénuries fondamentales de munitions, notamment d'obus d'artillerie et de bombes de mortier, selon le personnel militaire sur le terrain."

Pourquoi un tel article ? Ne soyons pas naïf, des médias comme le WP ne font rien pour rien. L'idée est claire, cet article soutient la campagne des va-t-en-guerre : si vous voulez une véritable contre-offensive en Ukraine, il va falloir s'investir un peu plus. Beaucoup plus.

Cette analyse d'un risque d'entrée en guerre directe des pays de l'OTAN en Ukraine contre la Russie est également reportée par Colonel Cassad, reprenant une publication sur le sujet. 

Cela fait un certain temps que l'Ukraine regroupe des forces de plus en plus importantes sur toute la ligne de front, tout en déplaçant les civils loin de la ligne de front, ne leur laissant pas la possibilité d'aller vers la Russie. Une contre-offensive massive est attendue pour mi-avril sur toute la ligne de front.

"Ce qui se passe sur le front ne peut vraiment que suggérer qu'en accumulant des forces sur toute la ligne de front - dans les directions Nikolaev, Kherson, Krivoy Rog, Zaporojie, Kharkov et dans le Donbass, l'ennemi prépare une sorte de revanche."

A la fois Kiev a besoin de montrer des résultats devant ses sponsors, certes, comme le dit l'auteur, mais soyons réalistes, l'Axe atlantiste a très prosaïquement besoin de gagner cette guerre et comme les dirigeants atlantistes ne cessent de le répéter, elle se gagnera sur le champ de bataille. Et le premier but de cette contre-offensive est de faire reculer la Russie militairement, comme ce fut le cas à Kharkov, cette fois-ci en arrivant à la Crimée.

Certes, l'armée ukrainienne est fatiguée, mais elle n'est pas seule et elle bien été prise en main.

"De plus en plus de détails sont connus sur le regroupement des forces armées ukrainiennes dans le secteur de Zaporojie et le transfert de nouvelles brigades, constituées d'anciens de la défense territoriale et entraînés selon les nouvelles normes de l'OTAN pour l'armée ukrainienne. L'ennemi accumule également des forces de sabotage à la frontière avec les régions de Briansk et de Koursk, où il n'y a pas si longtemps, ont été repérés des "groupes de sabotage" et toutes sortes de mercenaires venus de l'Europe "éclairée". Cela suggère un parallèle direct avec l'entrée dans la région frontalière de la région de Bryansk du group de sabotage du "Corps des volontaires russes", qui s'est produite le 2 mars."

Mais au-delà de cette aide indirecte, l'on voit désormais de plus en plus ouvertement apparaître des membres de l'armée régulière de pays de l'OTAN sur le champ de bataille.

"Les forces armées ukrainiennes, bien sûr, s'épuisent en termes de ressources humaines. Il devient de plus en plus difficile d'assurer l'afflux de forces fraîches dans les troupes. Par conséquent, en plus du prêt-bail, Kiev s'appuie sur la participation directe aux opérations militaires des militaires des pays de l'OTAN, sans parler des mercenaires de divers PMC américano-polonaiso-britanniques. Les faits parlent d'eux mêmes. Cela explique beaucoup de choses en ce qui concerne les plans de l'état-major ukrainien et le fait que des militaires et des ingénieurs allemands sont apparus à Izyum même. Presque simultanément avec l'approvisionnement prévu en chars Leopard. L'artillerie britannique a déjà été repérée sur les terrains d'entraînement de Krivoï Rog. Et l'utilisation d'Hymars par l'ennemi dans le Donbass ne surprend plus personne." 

Il est important d'en tirer les leçons, afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs :

"Les manœuvres menées par le commandement des Forces armées ukrainiennes, avec un degré de probabilité élevé, témoignent des préparatifs de Kiev pour une offensive à grande échelle. Et si la situation dans le Donbass est tendue en permanence, alors l'activation dans les zones relativement "stables" de Kherson et de Zaporojie suggère, qu'il faut s'attendre à ce que le coup soit porté ici. Et pas seulement attendre, mais avec une compréhension de la menace, se préparer à empêcher une répétition de la retraite de Kharkov en août 2022."

Autrement dit, si une offensive de grande ampleur se produit au printemps, elle ne pourra avoir lieu qu'avec la participation directe des pays de l'OTAN. Ce qui sonnera le début d'une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie.  

16 commentaires:

  1. Excusez moi Karine mais là je ne comprends plus très bien , on parle maintenant d'une possible offensive ukrainienne alors que leur armée est détruite et qu'ils n'ont plus de munitions ? Et quid de la grande offensive russe qu'on nous annonce depuis la mobilisation de septembre et qu'on attend tous pour le mois de mars ?

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    1. Le question de la date ne se pose pas en ces termes. Ce qui compte, sur un territoire comme celui de l'Ukraine ou de la Russie, c'est l'état du sol. Quand les températures restent négative pendant assez longtemps, le sol est dur et on peut attaquer. Mais on a toujours le risque que des températures de l'ordre de 1 ou 2°C apparaissent et d'un coup tout est boueux. Donc pendant la période de gel, on attaque mais pas pour de longues opérations. On commence à réellement attaquer après le dégel. Si ça dégèle début Mars, on attaque fin Mars. Si ça dégèle fin Avril, on attaque début Mai etc...En ce moment, ça dégel et le vidéo montrer les véhicules complétement embourbés autour de Bakmut. Il faut donc attendre la fin du dégel, l'arrivé de quelques jours "chauds" pour sécher le sol et là, des mouvements deviendront possibles.

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    2. En hiver ils attendaient le gel, là ils attendent l'assèchement des chemins de sangliers.

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    3. Si L'OTAN s'engagent activement avec les troupes en Ukraine ..Cela signifierait la geurre mondiale, donc nucléaire Alors, les États-Unis et leurs bases dans le monde seront des cibles des missiles nucléaires russes..Peut-être chinois auss..l'Esthalishment de Washington et l'etat majeur de l'armée américaine serain7 ils prêts de prendre de tels risques de la destruction totale à jamais de leur espace vitale?

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  2. Bonjour Madame. Serait il possible que la Pologne seule, hors cadre Otan, se joigne a l Ukraine ? L Otan declarant bien ne pas etre belligerant mais restant plus ou moins statique dans les bases Polonaise ? Merci pour votre eclairage.

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  3. Pure propagande. Les UKR sont à la ramasse partout. Comment peuvent-Ils contre-attaquer et avec quelles forces ?

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    1. Medvedev a déclaré dernièrement (rapporté par Boris Karpov, il me semble) que les Ukros ne sont pas du tout en manque de matériels ou de munitions. Et au niveau humain, l'OTAN se substitue, undercover, à l'armée fantôme ukrainienne...

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  4. Le résultat de la guerre limitée de Poutine : une implication de plus en plus accrue de l'OTAN jusqu'à un éventuel choc direct avec les forces de l'OTAN.
    Tant que l'ouest Ukraine sera ouvert aux forces occidentales, celles-ci y engouffreront de plus en plus d'hommes et de matériel.
    Ne pouvant accepter la défaite, si l'armée d'Ukraine est détruite, les occidentaux au sens large, n'auront d'autre choix que d'intervenir plus ou moins ouvertement.
    Au final après un an de guerre le problème reste entier et la guerre prend une dimension d'une plus grande ampleur.
    Cette conflagration à plus large échelle signe l'échec de la stratégie russe, qui comptait par des moyens limités, circonscrire la guerre à un conflit strictement local.

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    1. Donc si je comprends bien, c'est la faute de la Russie que les pays de l'OTAN interviennent en Ukraine, parce qu'elle ne frappe pas assez fort. Et si elle frappe plus fort, les pays de l'OTAN interviendront d'autant plus, car ils seraient en danger sur le sol ukrainien - ce qui serait aussi la faute de la Russie. Donc c'est toujours la faute de la Russie, qui a une mauvaise stratégie en ne voulant pas provoquer de guerre mondiale. Ok, j'ai tout compris ))

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    2. Oui !!! On peut être russophobe mais à ce point là....

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    3. On peut se demander si le but de "l otan" n est pas de laisser la russie s 'user contre l ukraine pour intervenir ensuite au bon moment avec des troupes fraiches ,renouvellées et equipées avec un materiel neuf et en nombre ,face à une armee russe en guerre depuis un an ??

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  5. Article tout à fait pertinent.

    J'ai publié à ce sujet, ici, avant-hier soir : https://twitter.com/MarcLegrand_Zav/status/1635071481838469120

    Fraternellement,

    Marc Legrand

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  6. Vu l'état détrempé des terres agricoles en ce moment en Ukraine, il est sage aussi bien pour l'infanterie que pour l'artillerie russe, de rester sagement à attendre que les sols gorgés d'eau sèchent gentiment, de consolider ses positions avant de tenter une pénétration en territoire ennemi.

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  7. Gotterdammerung14 mars 2023 à 18:27

    Et oui, mais si l'armée des pays de l'OTAN s'implique officiellement dans la guerre contre la Russie sur le champ de bataille ukrainien, qui peu dire que des pays tel que le Bélarus, l'Iran ou même la Corée du Nord et peut-être d'autres encore ne s'impliqueront pas officiellement ou plus probablement officieusement au côté de la Russie.
    La Russie n'est pas si seule qu'on veut bien le faire croire, et l'occasion pour certains pays de se frotter aux forces de l'ennemi, en terrain "neutre", pourrait bien les motiver.
    L'intervention directe de l'OTAN risque fort d'ouvrir la boîte de pandore.

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  8. Contrairement au front qui oppose soldats russes et ukrainiens qui ne progresse que très lentement, on a un autre front qui avance très bien par contre : celui de la dédollarisation initiée par les pays des BRICS, et amplifiée par l'Inde et l'Arabie Saoudite : https://www.aubedigitale.com/linde-joue-un-role-de-premier-plan-dans-la-dedollarisation/

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  9. Si les évènements sont ce qu'ils ont l'air d'être, autrement dit s'il s'agit d'une véritable guerre existentielle entre l'ouest et la Russie, et non d'un enfumage :
    Alors il n'y a plus de place à une sortie négociée de la guerre, les choses sont allées trop loin, les efforts consentis de part et d'autre ont été trop grands, les positions se sont trop radicalisées.
    Les sommes versées à l'Ukraine sont colossales, les dégâts des sanctions sont énormes et n'apparaîtront que peu à peu.
    Il n'y a plus de retour en arrière possible.
    La guerre se poursuivra jusqu'à ce que l'un des adversaires s'effondre en premier.
    Donc évidemment que l'OTAN interviendra au sol en Ukraine.
    Quand ?
    Probablement quand l'armée d'Ukraine et de mercenaires, qui se bat actuellement aura été trop laminée par les Russes, et qu'elle ne pourra plus faire face.
    2024? Qui peut savoir ?

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