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jeudi 29 décembre 2011

L'administration présidentielle s'organise pour une victoire de Poutine au premier tour

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/elections2011/2011/12/28_a_3950513.shtml et http://www.gazeta.ru/politics/elections2011/2011/12/27_a_3943974.shtml

De nombreux changements sont intervenus dans l'Administration présidentielle, où se regroupent les hommes de Poutine. Ainsi, Sergueï Ivanov a pris la direction de l'institution, quittant le Gouvernement juste un peu avant son maître et lui préparant la place. Pour renforcer le passage de pouvoir, enlevant le dernier levier politique de Medvedev, V. Surkov, cerveau de la politique intérieure russe depuis 11 ans, quitte son poste de vice-président de l'Administration présidentielle pour s'occuper de la modernisation au Gouvernement. A sa place apparaît V. Volodine, fidèle des méthodes poutiniennes de gouvernance.

Que cela implique-t-il?

On peut déjà prévoir quelques effets, notamment le durcissement de la ligne politique face aux contestations, le bloquage de l'opposition qui s'en suit et tout investir dans une victoire exemplaire de Poutine aux élections présidentielles. Mais le tout, en ayant conscience de l'instabilité de la situation politique intérieure en raison de l'augmentation de l'activisme social.

Ce changement de ligne politique s'explique par la personnalité des deux hommes, Surkov et Volodine, mis en rapport à la personnalité des deux Présidents, Medvedev et Poutine.

Le "couple" Medvedev/Surkov rendait obligatoirement la politique de Medvedev pas forcément - sur le fond - plus libérale que celle de Poutine, mais dans la forme l'intervention de Surkov permettait de mettre en place un langage de pouvoir qui prenait les formes libérales et démocratiques, en réponse aux demandes de l'Occident.

Le couple "Volodine/Poutine" indique tout de suite que le Poutine qui arrive n'est plus celui qui est parti. Celui-ci a besoin de renforcer sa position, si nécessaire artificiellement. Il n'est plus le leader national incontesté, sans alternative, qui sauve le pays de la menace terroriste, du séparatisme rampant et de l'ombre menaçante des révolutions en couleurs. Il n'est qu'un candidat qui est resté, qui ne veut pas partir et qui veut le pouvoir - pour lui - à n'importe quel prix. Peut-être n'aura-t-il pas besoin de faire exploser à nouveau quelques immeubles, mais il est prêt à prendre le risque d'une explosion sociale.

Et c'est cet homme que V. Volodine se prépare à faire passer en force au premier tour des présidentielles.

Le scénario est absurde et contreproductif. Faire passer V. Poutine au premier tour implique le recours intensif aux ressources administratives. Ce qui va immanquablement impliquer un déficit de légitimité et de son pouvoir personnel, et du pouvoir en général. Alors qu'une victoire au second tour, qui correspond plus ou moins à la réalité de sa force politique actuelle (environ 45% des gens sont prêts à voter V. Poutine), permettrait de faire passer V. Poutine sans trop recourir aux ressources administratives. Et ainsi de pouvoir opposer aux revendications de l'opposition des élections légitimes ... donc non critiquables.

Les deux buts - réussir au premier tour et ne pas provoquer de réactions de masses - sont incompatibles. Cette position est partagée par la grande majorité des analystes politiques.

Mais ici la question n'est plus celle d'une analyse. Il s'agit de réaliser la volonté royale.

Volodine est devenu le Grand Chancelier de ce pouvoir moribond.

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