La commission électorale fait son travail. Certains parlent de Tchurov (le président de la Commission centrale électorale) comme d'un Grand magicien. Il aurait le don très rare et très recherché de donner vie aux désirs de certains. Et le jeu des présidentielles repose en partie sur lui. Jeu dont il maîtrise à merveille les règles. Personnage incontournable ... et irremplaçable.
Pour couper court aux rumeurs concernant son départ et raffermir sa position, jeudi dernier, lors d'une réunion de la Commission centrale électorale, Tchurov se met en scène. Il a besoin d'une légitimité forte. Même fictive, mais forte. Sans consultations préalables, sans prévenir quiconque, il propose d'inscrire son départ à l'ordre du jour. Pris de court, les membres de la Commission doivent voter pour l'inscription ou non de cette question. Seuls 4 des 15 membres voteront pour l'examen de son départ. Mais comme le vote est à bulletin secret, on ne pourra pas savoir de qui il s'agit (pour plus de détails voir ici en russe). L'opération est rondement menée, Tchurov apparaît parmi les siens auréolé d'une toute nouvelle image, celle du héros malgrè lui, qui a entendu les revendications populaires mais ne peut aller contre la volonté de ses collaborateurs.
Et le moment est bien choisi. Ces jours-ci, la Commission doit examiner les signatures déposées par les candidats indépendants. Rappelons que pour pouvoir participer aux présidentielles, les candidats qui ne représentent pas un des partis de la Douma doivent réunir pas moins de 2 millions de signatures, signatures qui doivent contenir moins de 5% de signatures incorrectes ou falsifiées.
Sur les trois candidats à la candidatures, Iavlinsky (Iabloko), Prokhorov et Mezentsev (gouverneur de Irkoutsk), seul Prokhorov pourrait être amené à concourir, Iavlinsky ayant environ 23% de signatures incorrectes ou falsifiées, Mezentsev dépassant les 5% et Prokhorov ... aucune.(voir l'article ici en russe)
Pour le parti Iabloko, ce n'est pas une surprise, ils s'attendaient à une telle décision. Mais ils ne comptent pas en rester là et vont contester la décision de la Commission. Certains, au sein du parti, avaient proposé d'inscrire la candidature de Navalny pour les présidentielles, mais la proposition n'avait pas été retenue. Elle aurait, selon certaines voix, présenté l'avantage de faciliter le passage de la Commission.
Maintenant, la situation est claire. Le Kremlin a misé sur Prokhorov pour tenter de canaliser la voix du mécontentement populaire. Il doit pouvoir incarner cette opposition acceptable et non dangereuse, même si moins caricaturale que celle des partis "d'opposition" à la Douma. Pourtant, il reste une question.
M. Prokhorov, oligarque glamour et prétentieux, aux faibles talents d'orateur, pourra-t-il convaincre la classe moyenne mécontente qui descend dans la rue de voter pour lui?
Il faudra pour cela chercher un magicien d'un autre calibre que Tchurov!
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