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mardi 3 avril 2012

Medvedev et le Khodorkovsky Gate

Tout en circonvolutions, hésitations, incapacité chronique à prendre finalement une décision, l'encore Président Medvedev ne sait pas quoi faire de Khodorkovsky, mais sa personnalité ne lui permet pas d'être à la hauteur d'une décision politique claire. Alors il demande aux uns de se renseigner, aux autres d'éclaircir, aux troisièmes de surtout ne pas aller trop vite ... il faut le temps de la réflexion. Mais le temps de la décision arrive.

Finalement, le Conseil auprès du Président pour la société civile et les droits de l'homme s'est adressé à un groupe d'experts, composé d'éminents universitaires constitutionnalistes et pénalistes, pour éclaircir un point de droit, qui soi-disant empêchait le Président de se prononcer. (voir ici en russe)

La question est simple: l'exercice du droit de grâce présidentiel est-il conditionné par la formulation d'une demande en ce sens par le condamné?

Et tous se sont évertués à faire comprendre au non moins éminent juriste-président Medvedev que la nature du droit de grâce présidentiel n'est conditionné que par la volonté même du Président de gracier une personne reconnue coupable par une justice indépendante et purgeant sa peine. Afin de ne pas violer le droit de chacun de prouver son innocence, la décision de justice doit être définitive. Mais personne n'a un droit inconditionnel à rester en prison. Le Président peut donc librement décider de la grâce, avatar de logique d'Ancien régime, acte monarchique s'il en est.

Mais juriste accompli et Président qui laissera une trace indélébile dans l'histoire, Medvedev se rebelle. (voir l'article ici) Il aurait rendu un avis négatif par rapport à l'opinion des experts et ne voit pas en quoi il serait obligé de prononcer la grâce. Comment rendre un avis négatif sur une opinion? Il serait intéressant de l'expliquer ...

Est-ce de la bêtise pure et simple ou un talent incroyable pour la mauvaise foi? A moins qu'il ne s'agisse d'un mouvement de panique...

Le problème central est la question de la libération de Mikhail Khodorkovsky. Cette épine dans le talon du pouvoir. Et la plaie est largement infectée. C'est presque devenu une question de principe. Il est clair que si la première condamnation de M. Khodorkovsky n'a pas mobilisé l'opinion publique, la deuxième affaire a fait éclater le caractère politique de l'affaire. Certes, la place d'un voleur est en prison, mais pas éternellement. Or, le libérer maintenant est une manière, dans l'optique du pouvoir, de reconnaître son erreur. Sa faiblesse semble être trop importante pour prendre une telle décision. Khodorkovky, étrangement, leur fait encore plus peur en liberté qu'en prison. Ils le préfèrent en héros politique qu'en personne agissante. Etrange logique.

Mais il y a un autre aspect. La réaction de Medvedev semble être un aveu de panique. Car en fait, les experts lui ont dit clairement de prendre ses responsabilités. Il a le droit de prononcer la grâce. Il peut donc le faire. Mais encore faut-il en avoir le courage politique. Et ça, ça lui fait peur. Prendre une décision et ne pas pouvoir se cacher derrière un paravent. Prendre ses responsabilités. Evidemment, à cela il n'est pas habitué!

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