M. Prokhorov a le don de cultiver le paradoxe. Il enregistre un parti, grajdanskaya platforma, mais qui ne fonctionne pas comme un parti. Cet organe doit prendre ses décisions de manière collégiale, mais finalement il le dirige. Il n'est pas dans l'opposition, il peut collaborer avec chacun et cherche une mythique troisième voie.
Ainsi ce parti comprend des personnes qui n'en sont pas membres. Première surprise. Prokhorov lui-même, fondateur, n'en était pas membre, puis a décidé de le diriger toujours sans en être membre pour finalement y entrer et annoncer par la même qu'il quittait le monde des affaires. Mais cela conduit à des situations encore plus étranges. Par exemple, V. Ryjkov, qui prétend à être élu dans un des organes de direction du parti, le comité civil, tout en restant membre du PARNAS. Comment un personne peut-elle faire partie de deux partis politiques, même si ce n'est pas formellement?
Il s'agirait donc non pas d'un parti, dans le sens traditionnel du terme. C'est-à-dire d'un groupe de personnes institutionnalisé qui partagent les mêmes idées, travaillent dans le même sens, dans un sens différent de celui proposé par d'autres partis, ce qui explique leur adhésion justement à ce parti là.
Mais ici aussi le paradoxe continue. S'il ne s'agissait que d'une coquille vide idéologiquement, on pourrait le comprendre. Pourtant, le parti de Prokhorov revendique un programme, une idéologie ultra libérale très marquée. Libéralisation de l'économie, minimisation du rôle de l'Etat dans les affaires, la remise en cause de la verticale actuelle du pouvoir en Russie, mettre l'accent sur des domaines comme la culture et la santé. Mais également soutien aux écologistes ou propositions populistes comme la défiscalisation du secteur agraire. Sans oublier la remise en cause de la question nationale en Russie, qui a déjà provoqué la chute de deux empires - tsariste et soviétique.
Donc, c'est formellement un parti, mais pas tout à fait. Pourtant, ils prévoient de développer des antennes locales pour les élections, de constituer des fractions,etc. Autrement dit, d'entrer dans une logique de parti. La démarche de Prokhorov y gagnerait en clarté s'il osait faire un choix.
Car pour l'instant, rien n'indique l'émergence d'une troisième voie. C'est le libéralisme, classique en Russie, qui a déjà produit des effets désastreux dans les années 90, qui bénéficie d'un électorat très faible, rien de nouveau n'est apporté. Non plus sur les rapports au peuple. Ici aussi, on sent un rejet de la masse populaire russe, car chacun de déclarer que ce parti s'adresse à l'élite pensante de la société. On reste ici aussi dans la réthorique classique libérale des années 90.
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