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mercredi 5 décembre 2012

Novyi Urengoï: une ville s'enferme par peur de l'immigration

Voir: http://www.sova-center.ru/misuse/news/other-actions/2012/12/d25950/

Une nouvelle ville se ferme. Son accès est strictement soumis à autorisation, des postes de contrôle sont établis sur les routes, dans les gares et dans les aéroports. Le motif est on ne peut plus banal: la peur de l'autre. De l'étranger. Du migrant. Même russe.

Les autorités de la ville de Novyi Urengoï viennent de décider de soumettre la ville à un système d'autorisation d'entrée. L'information a été diffusée dans les médias locaux, mais les voyageurs se sont fait surprendre. Et la procédure permettant d'obtenir le fameux césame prend au moins un mois. Pour cela il faut avoir soit une invitation de membres de la famille, soit d'un employeur.
 
Le but affiché par les pouvoirs locaux est la lutte contre l'immigration clandestine. Selon les données de la police locale, l'augmentation de l'immigration clandestine a provoqué une augmentation sensible de la criminalité en 2011. Ils ont également noté le renforcement de l'activité d'organisations illégales extrémistes sur le territoire de la ville.
 
Le seul problème est que la lutte contre l'immigration clandestine ne peut viser les citoyens russes, qui, en vertu de la Constitution fédérale, bénéficient du droit d'aller et venir librement sur tout le territoire de la Fédération de Russie. En tant que ville frontalière, les pouvoirs locaux ont effectivement certaines compétences particulières pour lutter contre l'immigration, mais en restraignant l'accès à leur ville aux ressortissants de leur pays, ils créent de facto un territoire administratif fermé. Il en existe aujourd'hui une quarantaine en Russie.
 
Or, selon la loi fédérale du 14 juillet 1992 (dans la rédaction de 2011), seul le Président de la Fédération de Russie peut décider de la création d'une zone territoriale fermée, et son organisation locale est alors réglementée par le Gouvernement fédéral. Et cette décision ne peut être prise que dans un certain nombre de cas visés par la loi: dans le but de garantir la sécurité du traitement, de l'entrepôt ou de l'utilisation d'armes de destructions massives ou d'armes nucléaires. Un régime spécial est alors mis en place.
 
Mais en aucun cas, les autorités locales ne peuvent prendre de leur propre initiative une décision d'une telle importance pour simplement sélectionner les personnes qu'elles acceptent de voir sur leur territoire. Elles ne peuvent privatiser le territoire de la ville. Sinon chaque ville, Moscou, Iaroslav, St Petersbourg pourraient établir des frontières et se refermer. La circulation deviendrait impossible dans le pays et l'on reviendrait à l'époque féodale.

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