Voir: http://www.ng.ru/politics/2013-10-16/1_vizy.html
Prendre des décisions sous l'effet de l'actualité est toujours un danger lorsqu'il s'agit de la législation et de la politique nationale. Si les tensions éthniques existent bien, si la Russie n'est pas encore tombée dans un processus de ghettoisation, l'introduction d'un régime de visa avec les pays de la CEI, autrement dit en réalité avec les pays d'Asie centrale, serait une erreur stratégique qui pourrait coûter très cher à la Russie.
Suite aux évènements autour du meurtre de Egor Scherbakov, au déclenchement de pogroms, à l'arrestation surmédiatisée de son assassin, le PC propose d'instaurer des visas pour les ressortissants des pays de la CEI, soit par l'adoption d'un projet de loi - qu'ils sont en train de préparer - soit en recourant au referendum si le projet n'est pas soutenu à la Douma. L'idée vient du fait que 90% de l'immigration venant de ces pays est une immigration économique, de personnes cherchant du travail.
Or, peut-on résoudre les problèmes réels d'immigration de cette manière? C'est à en douter. La pauvreté qui règne dans ces pays va de toute manière pousser les gens à partir chercher du travail, chez leur voisin russe, plus riche et dont ils parlent la langue, et non vers l'Europe en crise et dont ils ne parlent pas les langues. L'immigration risque surout de devenir illégale dans un système de visas. La résolution d'un problème de cette ampleur demande l'adoption d'une démarche systémique et non ponctuelle, qui dépasse le cadre des frontières russes.
L'immigration et la recherche du juste milieu, qui veut à la fois ne pas laisser les gens dans le besoin par soucis d'humanisme et ne pas noyer la population locale pour ne pas perdre ses traditions, est un problème endémique de nos société modernes. D'autant plus que des enjeux de géopolitique sont incontournables.
Instaurer des visas avec l'Asie centrale, c'est restreindre la zone d'influence de la Russie dans la région. Région qui voit se développer un intérêt de la part des autres acteurs de la scène mondiale, à savoir les Etats Unis, l'Europe et même la Chine. Biensûr, des visas existent entre eux, mais ils existents historiquement. Si la Russie les instaure, elle renie son passé.
Est-il possible de faire un tel pas en modifiant la législation dans la précipitation? Oui. cela est-il souhaitable? Non. Les conséquences sont trop importantes et bien connues. Récemment V. Poutine s'était prononcé contre l'idée même d'une telle mesure, certes avant les récents évènements. Le pouvoir changerait-il de position aussi radicalement aussi rapidement. Espèrons que tel ne sera pas le cas.
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