Voir: http://www.mk.ru/economics/article/2014/01/15/970710-sozidatelnoe-razrushenie-medvedeva.html
http://www.rg.ru/2014/01/13/primakov.html
http://vz.ru/politics/2014/1/15/668058.html
http://www.rg.ru/2014/01/13/primakov.html
http://vz.ru/politics/2014/1/15/668058.html
Le fait qu'il existe une rupture idéologique entre la présidence et le Gouvernement n'est pas une nouveauté. Beaucoup d'encre a déjà coulé sur le sujet. En revanche, ce qui surprend, c'est qu'une personnalité comme Primakov fasse devant des personnalités de haut rang comme par exemple V. Matvienko (présidente du Conseil de la Fédération), de telles critiques lors de sa conférence annuelle au Club Mercury, juste la veille de la grande messe néolibérale du Forum Gaïdar.
En substance, Primakov officialise la rupture idéologique de la gouvernance en Russie. D'une part, le clan Medvedev-Chuvalov-Dvarkovitch prônant et mettant envers et contre tout en oeuvre une politique néolibérale, qui entraîne une réduction de la place de l'Etat dans l'économie, le renforcement du bisness et l'autorégulation du marché, même dans les sphères sociales. Tout cela reprenant l'idée bien connue que la gestion étatique est inefficace, les oligarques ont donc besoin de plus d'espace pour que puisse s'épanouir d'elle-même l'économie russe, comme ce fut le cas dans les années 90, avec les conséquences que nous connaissons tous.
Plus concrètement, les néolibraux se fixent comme but l'horizon 2018 pour que l'Etat ne puisse contrôler plus d'un quart de l'économie. Par ailleurs, ils proposent de passer directement à la phase post-industrielle, sans passer par la case de réindustrialisation, pourtant nécessaire après la destruction industrielle du pays dans les années 90, ce qu'illustre parfaitement Skolkovo. Sans oublier une grande vague de privatisation qui doit toucher les entreprises publiques clées, comme Rosneft, des enreprises rentables qui doivent être getillement remises entre les mains de quelques oligarques. Bref, on prend les mêmes et on recommence. Les mêmes personnes n'ont pu générer de nouvelles idées. Juste encore un détail pour illustrer le besoin d'oxygène du bisness: 110 oligarques contrôlent 35% des actifs russes. Il serit peut urgent justement de s'y attaquer, pour que l'économie dans son ensemble et non son oligarchie puisse respirer.
Face à ce déferlement néolibérale, qui a déjà frappé la Russie à la chute de l'Union soviétique dans une euphorie, alors compréhensible, pour une économie de marché dérégulée, libérée de l'emprise de l'Etat, les contraintes intérieures et internationales devraient faire réfléchir. Ce que souligne Prmakov, en opposant le cours politique choisi par le Président Poutine, dont le retour n'avait pas été prévu par ses opposants néolibéraux, à la politique de Medvedev.
Du côté présidentiel, avec par ailleurs le soutien d'une grande partie de l'élite et de la population, l'accent est mis sur la nécessité de réindustrialisation du pays, avec l'aide et l'impulsion de l'Etat. Une vision structurée de développement qui s'oppose à la destruction créatrice encore soutenue par Medvedev. Car, selon Primakov, à l'exemple des Etats Unis ou de l'Europe, où le rôle de l'Etat s'est renforcé sous l'effet de la crise afin de ne pas aboutir à un suicide économique collectif, l'Etat russe est le seul organe à même de lancer de grands projets d'ampleur nationale, qui auront pour effet de relancer l'économie intérieure du pays en ces temps difficile.
Et la présidence se trouve aujourd'hui dans la situation difficile, où il est nécessaire de réparer les erreurs stratégiques commises sous la présidence Medvedev, tout en incitant le Gouvernement à comprendre qu'en dehors de la pensée néolibérale, il existe d'autres modes de pensée. Concrètement, le Président va renforcer la régularité de sa présidence de la réunion du Conseil des ministres. Mais est-il toujours possible de trouver un compromis?
Car cette période trouble n'est pas prête de finir. Il ne s'agit pas que d'une crise financière ou économique circonstancielle, il s'agit d'une crise de modèle. Le modèle libérale, poussé à ses extrêmes, conduit à la chute des systèmes politico-économiques, comme l'avait fait en son temps le modèle soviétique.
Notre conception extrême du libéralisme, jusqu'auboutiste, est particulièrement destructrice, que cela concerne l'économie, le social ou la politique. Le rejet a priori de l'Etat, le renforcement de structures para-étatiques, est un luxe que l'on peut se permettre avec modération en période de croissance, mais qui risque de coûter cher en période de crise. Et je ne parle pas que de la Russie.
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