Image: RIA Novosti
Tout commence avec les déclarations sur la très sérieuse et très conventionnelle CNN: l'armée ukrainienne utilise des missiles balistiques de courte portée contre les résistants du Donbass. Et la machine médiatique s'emballe. Evidemment Kiev dément, Novorossia ne les trouve pas, finalement en trouve un morceau, Moscou se tait volontairement, se tait à en faire un bruit d'enfer, on n'entend plus que ce silence. Dans lequel résonnent les déclarations contradictoires de l'OTAN qui confirme puis en appelle à l'erreur de communication. Alors que s'est-il passé? Personne ne le sait. Qu'a-t-il pu se passer? Soit rien n'a été tiré, soit des missiles ont été tirés, mais où? Envisageons la situation dans sa globalité.
A la surprise générale, alors que le conflit ne cesse de se durcir dans l'Est de l'Ukraine, CNN déclare le 29 juillet ceci:
Comme le rapporte RIA Novosti en français:
"Des missiles balistiques à courte portée sont employés par les troupes pro-Kiev qui mènent depuis le 15 avril une opération spéciale dans l'est du pays, a annoncé mardi la chaîne CNN, se référant à trois sources au sein du renseignement US.
D'après les données de la chaîne, ces deux derniers jours, l'armée gouvernementale utilise des missiles dotés d'ogives de 454kg d'une portée de 89km. Il s'agit de l'arme la plus destructrice employée jusqu'à cette date au conflit, souligne la source.
Les interlocuteurs de la chaîne ignorent où ces missiles sont tombés et quels dommages ils ont causé.
Un représentant du renseignement américain a indiqué qu'il était peu probable que les Etats-Unis fournissent des clichés satellite prouvant ces tirs, les soldats ukrainiens étant "de bons gars". Un autre interlocuteur de la chaîne a qualifié ces attaques d'"escalade du conflit", tout en soulignant toutefois que l'Ukraine avait "le droit de se défendre". "
Après cela, l'information passe comme une trainée de poudre dans la presse, notamment russe. D'autant plus que les Etats Unis, tout d'abord, ne savent pas s'ils vont demander à l'armée ukrainienne d'arrêter d'y recourir ou non, car l'un dans l'autre ce sont des gens biens et ils ont le droit de se défendre.
Pourtant, cette bombe lancée par les Etats Unis, le 29 juillet, je parle de l'information, explose sans trop faire plaisir à l'Ukraine, qui dément immédiatement et laisse les résistants de l'Est perplexent. Ils démentent aussi dans un premier temps. Toutefois, le 30 juillet, ils déclarent avoir trouvé des éclats de missiles balistiques dans la région de Lugansk.
Mais, trop vite, le 1er août, l'OTAN soutient évidemment les Etats Unis et déclare avoir effectivement des informations en ce sens de la part des services américains.
Seulement, également très vite, le responsable de la mission ukrainienne auprès de l'OTAN a déclaré que l'information selon laquelle l'armée ukrainienne utilise des missiles balistiques est erronée car, après avoir mené l'enquête, personne de l'OTAN n'a diffusé une telle information. Selon le journal allemand Deutsche Welle, l'OTAN qualifie sa précédente déclaration "d'erreur de communication", le jour même, le 1er août. Et de continuer en précisant que l'Ukraine est confrontée à de sérieuses difficultés et qu'elle est en droit de recourir à la force autant que cela est justifié. Mais aucun preuve n'appuie le recours aux missiles balistiques.
Alors que s'est-il finalement passé?
1. Aucun missile n'a été tiré et le message est passé
Il ne s'agit donc que d'une bombe médiatique, mais qui doit avoir un sens. La veille, I. Strelkov annonçait la possibilité pour l'armée ukrainienne de recourir à des provocations pour aggraver la situation, notamment faire sauter les réservoirs de chlore dans le Donbass, ce qui provoquerait une contamination des eaux potables et une catastrophe humanitaire, dans une population déjà très éprouvée.
Mais si l'armée ukrainienne a carte blanche, la communauté internationale pourra-t-elle cacher un tel crime? Peut-être est-ce trop. Le message est passé. L'attaque n'a pas eu lieu.
2. Aucun missile n'a été tiré, mais la possibilité théorique est reconnue
Il s'agit toujours d'une bombe médiatique. Et les déclarations américaines et celles de l'OTAN montrent une volonté de soutenir l'armée ukrainienne. Lui reconnaître le droit non seulement de se défendre de manière proportionnée, ce qui est logique, mais le droit d'anéantir l'ennemi. Et pour cela, rien n'est trop cher. CNN attaqué se discrédite, l'OTAN fait son mea culpa et reconnaît une erreur de communication. Je ne me souviens pas de la dernière ... Peu importe, la menace est lancée. L'Ukraine coûte cher, mais arrêter le projet Ukraine avant une victoire totale n'a aucun sens, car ce projet a déjà coûté très cher, et pas seulement en dollars.
3. Des missiles ont été tirés, mais ils n'ont pas atteint leur cible
Ce qui est également surprenant est la facilité avec laquel les américains affirment ne pas pouvoir/vouloir fournir les images satellites du lancement des missiles. Pourquoi? Car la question de leur cible reste ouverte. Le Donbass ou plus loin, vers la frontière russe? Celle-ci est déjà fréquemment bombardée par l'armée ukrainienne, par hasard et par erreur bien sûr, mais attaquée. Et au moins un missile s'est écrasé dans la région de Lugansk. Et il n'a rien touché, ni site sensible, ni rien. Une erreur. Il y en a beaucoup en ce moment.
4. Des missiles ont été tirés et ont été détruits par la Russie avant d'arriver à leur cible
C'est la seule version qui explique le silence insistant de Moscou. La Russie possède un bon système de protection et a très bien pu détruire la menace avant qu'elle n'arrive. Et l'hésitation dans les déclarations ou le combat des clans américains plus ou moins guérriers semble apparaître dans les contradictions de communication. Si un missile a été tiré, il y a des traces. Affirmer et se rétracter pourquoi? Car si la Russie est attaquée de la sorte, elle doit sortir de sa position légaliste et entrer en conflit ouvert. Mais si beaucoup l'espèrent, beaucoup également le craignent quand la menace devient réelle.
Car contre qui réellement la Russie entrerait en conflit et jusqu'où irait-elle, géographiquement et politiquement? Personne ne le sait. Et finalement ne semble vouloir le savoir. Sortir de la guerre post-moderne des signaux et des sanctions entraînerait le risque d'un conflit généralisé dont peu de Nation ont les moyens et l'envie.
PS: Le 3 septembre, le ministre de la défense S. Choïgu, prévient le Président V. Poutine que le lancement de deux missiles balistiques a été détecté dans la zone de la mer mediterranée, lancés du centre de la zone vers l'est. L'OTAN déclare vérifier la déclaration russe. L'Italie, la France et Israel déclarent n'avoir aucune information à ce sujet. Quelques heures plus tard, Israel a confirmé. Ainsi fut établie - et évitée - l'attaque possible de la Syrie par les pays occidentaux au moyen de missiles balistiques.
ça sent mauvais tout ça ; les usa , ces faiseurs de guerre , ces créateurs de chaos , veulent la guerre , ils veulent détroner poutine , le seul qui fait tout pour éviter un engrenage dont les populations seront les premières victimes ;
RépondreSupprimerPoutine n'est pas mon cousin puisque la Comité des Droits de l'Homme a retenu ma plainte contre lui (Russie).
RépondreSupprimerMais le comportement des ricains depuis des décennies, et en Ukraine en ce moment, est indéfendable, très inquiétant et criminel...
Concernant votre P.S. Les tirs détectés par les russes en septembre 2013 étaient des tirs d'essais israélo-américains, non pas de missiles balistiques, mais de cibles balistiques (engins reproduisant les trajectoires de tels missiles et servant de cibles d'entraînement à une défense anti-missile). Les pays occidentaux ne disposent pas de missiles balistiques de courte portée permettant des frappes chirurgicales comme ceux dont il est question en Ukraine. Les seules missions qui leurs sont dévoués sont la dissuasion (nucléaire) à des portées intercontinentales. Des frappes contre la Syrie auraient été effectués avec des missiles de croisière type Tomahawk (largement été utilisés contre l'Irak dans un cas de figure similaire). Il est donc erroné de déclarer "Ainsi fut établie - et évitée - l'attaque possible de la Syrie par les pays occidentaux au moyen de missiles balistiques."
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