Le Président du Sénat polonais interdit de séjour en Russie

Bogdan Borusewicz en compagnie de P. Poroshenko

L'amitié russo-polonaise se porte mal. Ce qui est surprenant en se souvenant de tous les efforts du pouvoir polonais pour aider l'Ukraine à prendre la voie démocratique en douceur, la voie sans retour de l'UE. Il n'est qu'à souligner la pondération des discours polonais dans les instances européennes pour ne pas douter de l'engagement pris par le pays. Qu'il s'agisse des sanctions contre la Russie, de l'aide quasi-militaire apportée au pouvoir ukrainien, au relai politique et médiatique qui est donné à toutes les revendications de Poroshenko, la Pologne est en première ligne. Bref, la Pologne joue un rôle inespéré, pour elle, sur la scène internationale. Elle le paie cher, mais ne laisserait à aucun prix passer cette unique chance. Et peu importe que cela se fasse grâce à la diffusion d'une hystérie anti-russe, d'un appel à la haine et à la guerre. Alors pourquoi le président du Sénat polonais s'est vu refusé l'accès au territoire russe à l'occasion des obsèques de B. Nemtsov? C'est vrai, c'est étrange quand même ...

C'est à n'y rien comprendre. La Pologne prend et soutient toute forme de sanctions contre la Russie, appelle le monde à prendre en considération le danger miitaire et sécuritaire qu'est la Russie de par sa simple existence. Et à l'occasion de la mort de B. Nemstov, presqu'un frère d'armes, le président du Sénat polonais veut se rendre sur le territoire russe, puisque c'est là qu'ont lieu les obsèques. Donc dans ce pays dictatorial où tout peut arriver. Quel homme courageux, qui n'a même pas peur pour sa sécurité quand la Russie menace le Monde entier!

Et ce pouvoir est décidément mauvais joueur, il ne le laisse pas faire le héros de la démocratie de l'Europe de l'Est, la seule vraie Europe qui ait droit de parole dès que la Russie est en question. Ces pauvres pays qui sont totalement manipulés. Et, que voulez-vous, les autorités russes ont eu la bonne idée de le mettre sous sanctions Bogdan Borusewicz, président du Sénat polonais. Il ne pourra pas porter le fer sur le sol honni. Presqu'un déshonneur après tant d'espoir, les russes l'ont fait exprès. Une fois de plus.

Il est vrai que les européens ont oublié que la Russie, aussi, a adopté des listes de personnes sanctionnées, en réponse aux interdictions dont sont victimes ses ressortissants. Et elle aussi applique ces règles du jeu. Des règles du jeu qu'elle n'a pas choisies.

Les autorités russes ont alors expliqué que l'interdiction n'était pas liée aux obsèques de B. Nemtsov, même un boucher d'Odessa, le député Gontcharenko, a fait le déplacement, avant d'être interpellé, interrogé et renvoyé dans ses pénates, à la surprise générale. La Russie ne veut pas de scandale. L'interdiction visant le président du Sénat est liée aux sanctions adoptées par la Pologne contre la Russie. L'arroseur arrosé. Et les notes de protestation du ministère polonais des affaires étrangères n'y pourront rien. Ce n'est pas la Russie qui a posé les règles du jeu, elle ne fait que les appliquer.

Car oui, elle aussi peut les appliquer. D'aucuns pourront dire que cela est absurde. Autant que d'interdire de séjour aux Etats Unis et, notamment, dans les pays satellites européens, l'entrée de citoyens russes. Parce qu'ils sont russes et n'appartiennent pas au même clan. A la même tribue. Et qu'ils ne le renient pas. Oui, la manière dont la politique mondiale est menée a depuis longtemps dépassé les barrières de l'absurde. Mais c'est un autre débat.

PS: Si la liste noire n'a pas été publiée, en revanche chaque citoyen peut vérifier sur le site du Service fédéral de l'immigration s'il est ou non interdit d'entrée. Il faudrait proposer aux politiciens polonais de venir consulter le fichier ici. N'hésitez pas à leur faire passer l'information.