La Rada |
Le 12 février 2015, le Parement ukrainien a voté l'interruption de l'accréditation des journalistes russes auprès des structures étatiques. Le SBU (KGB ukrainien) doit fournir la liste des médias et journalistes russes interdits de travailler en Ukraine. Etrangement, l'Occident ne semble pas s'offusquer d'une telle méthode pour museler le débat public et la liberté de la presse.
Ainsi, un journaliste de TASS s'est vu refusé l'accréditation auprès du Ministère des affaires étrangères ukrainien pour couvrir la conférence de presse qui va avoir lieu entre le Ministre ukrainien et son homologue anglais aujourd'hui. Quand, étonné, il demande quel est le problème car la semaine dernière il a obtenu une accréditation, au ministère on lui répond qu'il n'y a pas de problème, que la semaine dernière c'était possibe, cette semaine ça ne l'est plus. C'est tout, c'est comme ça.
Ces mesures vont concerner une centaine de médias russes. En dehors des deux plus grosses agences que sont TASS et RIA qui sont interdites, l'agence RBK Ukraine a déjà annoncé un durcissement des règles d'accréditation. On rappellera qu'en 2014, 83 journalistes russes se sont vus refuser l'accès au territoire. Ces journalistes sont issus de médias très différents comme Rossiya, NTV, Life News et même Les Echos de Moscou, dont la ligne éditoriale générale soutient la position ukrainienne.
Les autorités russes ont immédiatement dénoncé une discrimination inacceptable et infondée. Il est regrettable que les chancelleries occidentales détournent le tête, une fois de plus. A l'exception notable de Reporter sans frontières. L'OSCE, pour sa part, n'y voit qu'une mesure un peu excessive...
Il est vrai que le pouvoir à Kiev est pris au piège. Les médias sont entre les mains des oligarques qui les utilisent pour leur combat personnel et pour le besoin du pays, dans le sens où ils l'entendent et la mesure où cela leur est profitable. Car même dans cette ambiance anestésiée de propagande officielle agressive, il est difficile de mobiliser les troupes, les recrues viennent souvent après menaces, ceux qui sont sur place veulent renrer.
Traduction: "Excusez-moi, mais pour moi la guerre avec la Russie est finie, j'en ai assez, je dois chauffer ma maison et je n'ai rien pour ;( Enfoirés de Yatséniuk, Poroshenko et Grossman...". La situation sociale, dans le Donbass et dans le reste de l'Ukraine est catastrophique. Certains analystes attendaient l'hiver pour voir la chute du régime. Ce fut une erreur, le régime est maintenu sous perfusion, les gens sont fatigués de la révolution et aucun mouvement de foule type Maïdan ne se monte spontanément et sans financement. Cette absence de réponse alors que les salaires et pensions baissent, les tarifs augment, la monnaie chute, les oligarques sont comme jamais au pouvoir, tout cela démontre justement l'absence d'ingérence de la Russie.
Au-delà de la catastrophe humanitaire qui s'installe dans toutes les régions d'Ukraine, de l'importante paupérisation de la population, surtout de l'ancienne couche moyenne devenue pauvre, c'est l'échec de l'opération militaire dans le Donbass qu'il faut cacher à la population. Il faut masquer les pertes colossales dans les rangs d'une armée démotivée, destructurée et mal préparée, le fait que des soldats meurent sous le tir de leurs pairs, volontairement ou non. Cacher que les corps sont abandonnés sur place, comme à l'aéroport de Donetsk ou à Débaltsévo et que personne à Kiev ne veut les récupérer. Que ce sont les combattants qui les sortent des décombres et les enterreent lorsqu'ils ne peuvent les identifier et contacter les familles. Il faut cacher cette débâcle, cette honte, ce mépris pour ceux qui se sont battus pour un mirage. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: l'interdiction des journalistes russes valant pour le temps de la guerre que mène Kiev contre sa population de l'Est. Il faut non seulement cacher la réalité quotidienne, mais également maîtriser le discours pour l'avenir.
Si plus rien ne peut nous surprendre de la part de ce pouvoir, les couvrir oblige à s'interroger sur les valeurs européennes défendues non seulement par les structures de l'UE, mais surtout par les Etats européens dont le silence est assoudissant. Quant aux journalistes, est-ce pour cela qu'ils font leur métier? Depuis quand la complaisance et la veulerie sont-elles devenues des mots d'ordre? Il est certainement plus confortable de faire semblant de s'acharner sur la dernière chanson des Enfoirés ...
En fait, en Ukraine tout comme en Occident, le métier de journaliste est de plus en plus insignifiant. Il suffit d'obéir aux désidérata des dirigeants. Alors, on ne doit pas s'étonner de leur manque de réaction !
RépondreSupprimerHeureusement qu'il existe des personnes comme vous qui aiment leur métier et qui sont animées par le désir d'être honnêtes.
Je vais partager, bien sur, avec deux mots de "commenta" comme d'hab.
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