Le message du 9 mai: le nouveau fascisme ne passera pas

Odessa, 9 mai

La parade militaire du 9 mai à Moscou en l'honneur des 70 ans de la victoire sur le nazisme était grandiose. 16 000 militaires, presque 200 véhicules militaires, tanks et autres nouveautés. A côté de l'armée russe, ont également défilé des soldats représentants les armées d'Arménie, d'Azerbaïdjan, de Chine, d'Inde, de Serbie etc. Rien qu'à Moscou plus de 400 000 personnes dans les rues portant le portrait d'un membre de sa famille ayant combattu les allemands. C'est peut être pour cela que la Russie célèbre la Victoire et non la Libération, c'est peut être pour cela que l'on ne pourra pas lire une infamie comme celle publiée en France, pays de la liberté et des droits de l'homme, dans Le Nouvel Observateur sous le titre "8 mai: ras-le-bol de fêter la défaite des Allemands. Ils ne seront plus nos ennemis". Evidemment, l'on comprend pourquoi certains chefs d'Etat ne pouvaient pas venir à Moscou hier.

Ci-dessous vidéo de la Parade à Moscou:

Cette année la parade de la Victoire a voulu mettre les points sur les i: les vainqueurs sont ici. D'ailleurs le discours de V. Poutine a été très clair en ce sens: l'Europe n'avait pas appréhendé à sa juste mesure le danger représenté par le nazisme, ce qui fut sa plus grande erreur. Et qui semble se répéter aujourd'hui. L'armée rouge et les peuples de l'URSS ont payé le plus lourd tribut et permis de remporter la victoire. "Nous sommes reconnaissant à la Grande Bretagne et la France, aux Etats Unis d'Amérique pour leur apport à la victoire". La question est close.

Et lorsque l'on regarde les manifestations de l'après-midi, en tout, dans toutes les régions et villes de Russie, près de 12 millions de personnes pour ce qui s'appelle le Régiment immortel. 400 000 à Moscou:

170 000 rien que la rue centrale Tverskaya

300 000 personnes à Saint Pétersbourg: 

Mais également presque dans chaque ville ou village de Russie. 5500 personnes à Magadan, 1500 à Nériungri (Iakoutie) etc.

Même Lugansk et Donetsk ont réussi à organiser leur parade: 

Donetsk:

Lugansk:

Et le régime de Kiev avait raison de s'inquiéter. Car malgré les déclarations de Poroshenko ou de Iatséniuk associant le ruban de Saint Georges à un symbole de cafards (c'est le terme employé pour qualifier les populations ethniquement russes par le pouvoir ukrainien). Malgré les centaines d'arrestations et de perquisitions avant les fêtes par le SBU (ex-KGB). Malgré l'ambiance de terreur généralisée qui a été mise en place. Ils n'ont su comment réagir au soulèvement digne et pacifique d'Odessa.

La veille, à Odessa, le service municipal de nettoyage était passé pour enlever toutes les photos des soldats morts dans l'Est ukrainien qui avaient été déposées dans l'Allée de la Gloire pour glorifier l'opération anti-terroriste dans le Donbass. Ils ont ainsi "nettoyé" leur propre symbolique, pour ne pas provoquer l'ire populaire. Ce qui montre bien le caractère artificiel de ces glorifications. Et les habitants, en effet, sont sortis massivement dans la rue, ne se sont pas contentés de la partie officielle.

 

Odessa, 9 mai, manifestation non officielle, marche du Régiment immortel

Il y eut bien sûr la partie officielle, avec quelques coquelicots, symbole dans les pays anglo-saxons de la victoire lors de la Première Guerre Mondiale. Iatséniuk, conseillé outre Atlantique, l'a repris pour la Nouvelle Ukraine. L'orientation est posée, le symbole ne dit rien à personne, donc pas de danger.

Mais même lors de la partie officielle, j'ai du mal à les trouver les coquelicots ... Ca y est, j'ai trouvé des jeunes filles qui ont été bien instruites:

Il faut dire que dans tous les régimes fascistes ou nazis, les jeunes filles souriantes jouent un rôle important en terme d'image. L'Ukraine n'échappe pas à la règle. 

En tout cas, la presse ukrainienne ne sait pas comment réagir et cherche à minimiser le mouvement populaire. La photo publiée est celle-ci:

La perspective est là pour réduire l'effet de masse de ce que la presse appelle l'action des activistes anti-maïdan, qui sont venus et ont crié des slogans provocateurs comme "le fascisme ne passera pas" (vraiment, quelle provocation!) ou encore "Odessa, ville-héros" (ouhh, quelle horreur!) et pour finir, la cerise sur le gâteau, "Dégagez d'Odessa monstres bandéristes" (là, ça devient plus croustillant).

Bref, les services d'ordre ne sont pas intervenus, il y avait vraiment trop de personnes trop pacifistes, mais ils ont récupéré manu militari quelques membres de Pravy Sector "pour leur propre sécurité", je cite.

Car en effet, les coquelicots n'ont pas très bien poussés et le lien intergénérationnel n'a pas été interrompu malgré tous les efforts du pouvoir, malgré le pogrom du 2 mai, malgré la haine quotidienne.

Voici quelques images qui donnent du courage:

Il est des poignées de main beaucoup efficaces que toute commission internationale de mémoire historique.

   

Fleurs déposées aux pieds de la statut du matelot inconnu

Pour finir sur Odessa, une petite vidéo de la manifestation anti-maïdan, ou juste de la marche du Régiment immortel. Sur la vidéo vous entendez toute la foule, je répète, toute la foule, scander Dégagez d'Odessa monstres bandéristes!

 

Deux petites conclusions:

La première est que le régime de Kiev ne peut tenir que par la terreur, c'est un régime artificiel qui n'a pas l'assentiment réel de la population. Ils ne gouvernent que grâce à la peur qu'ils provoquent, aux arrestations, au musellement de la presse et de la politique et à la protection des Etats Unis et de l'Europe qui, encore une fois, ne veulent pas voir le danger du fascisme. Et pour cause.

La seconde est que le nouveau fascisme ukrainien n'est qu'un élément d'un mouvement fasciste contemporain beaucoup plus large et beaucoup plus grave. Dans son discours, le Président V. Poutine a lancé un élément de réflexion: "Nous ne devons pas oublier que l'idée de la supériorité d'une race ou de son caractère exceptionnel ont conduit à la guerre la plus sanglante". Aujourd'hui, les Etats Unis fondent leur politique sur l'exceptionnalité de la nation américaine, justifiant ainsi interventions et guerres de part le monde, justifiant une politique de double standards vis-à-vis de ceux qui ne se plient pas devant cette exceptionnalité. Il est temps de le reconnaître et de l'affirmer, le régime politique américain aujourd'hui est un régime fasciste, qui fonctionne sur la menace politique (envers l'Europe) ou le conflit armé lorsque cela est nécessaire. Les hommes qui meurent, lorsqu'ils ne sont pas du bon camp, sont des "dégâts collatéraux". La torture, les camps secrets et hors zone de droit, l'écoute généralisée, la violence dans l'exercice du pouvoir - même à l'intérieur de ses propres frontières, la violation systématique des droits civiques, est à la base du fonctionnement de ce régime. La seule politique acceptable est la leur. La seule vision du monde acceptable est la leur. Il n'y a qu'une forme de pensée correcte. Le reste est hors débat, car non acceptable. C'est cela le fascisme moderne. 

C'est contre cela qu'il faut se battre aujourd'hui, contre la propagation de cette forme insidieuse de fascisme qui a déjà contaminé l'Europe. Le défilé du 9 mai à Moscou a à nouveau mis en exergue les deux mondes: celui qui accepte le fascisme américain contemporain et le monde libre. Sauf que le monde libre n'est pas, aujourd'hui,  celui de l'Europe occupée.