Alors que les combattants ont unilatéralement retiré leurs forces à 3 km de la ligne de combat, ce qui a été fixé par l'OSCE, l'armée ukrainienne, qui se trouve officiellement obligée de s'aligner, continue à bombarder le Donbass. Pourquoi la démilitarisation ne conduit pas automatiquement à la paix? Voici quelques éléments.
Lors de la réunion du groupe de contact, il a été convenu de retirer, de part et d'autre, les tanks et les calibres de moins de 100 mm à 3 km de la ligne de front. Le texte de l'accord est plus ou moins posé, mais les faits tardent toujours à rattraper les mots.
Car ces derniers temps, la tendance ukrainienne semble plutôt sur la ligne opposée, loin du pacifisme comme l'affirme le Président lui-même. Poroshenko annonce en effet la présence de 64 000 soldats dans la zone de combat, alors qu'il en comptait 60 000 au début du mois.
Pour leur part, les forces de la république populaire de Donetsk annoncent avoir terminé le retrait de leurs forces, sous contrôle de l'OSCE. Ce qui concerne 8 tansk et 222 blindés. Seules les zones dans lesquelles les tirs continuent n'ont pas été désarmées.
Et lorsque l'on regarde l'activité des forces ukrainiennes ces derniers temps, l'on est en droit d'avoir quelques doutes "raisonnables" quant à leur volonté pacfique.
A Donetsk, le 22 juillet à 6h30 du matin un immeuble d'habitation de 9 étages a été touché par un obus et trois appartements sont détruits. Heureusement, on ne compte pas de blessés. Ce qui est assez miraculeux vu son état après avoir l'attaque:
Et voici la douce musique du cessez-le-feu à Donetsk toujours, le 21 juillet au matin (à 1min 40 vous entendez l'explosion d'un obus):
Autre exemple dans la république populaire de Lugansk. Le village de Krutaya Gora a été attaqué par trois fois aux missiles anti-chars le 21 juillet à 16h20. Alors que la république de Lugansk affirme avoir terminé le retrait des tanks et calibres inférieurs à 100 mm dès le 20 juillet.
Vous trouverez une grande quantité de vidéos et de photos sur les combats en juillet ici.
Les combattants de Donetsk et Lugansk (et leurs conseillers) pensent ainsi forcer l'Ukraine à finir la guerre. S'appuyant sur l'idée qu'une mauvaise paix est toujours meilleure que n'importe quelle guerre. Soit. Espérons. Toutefois, plusieurs remarques.
- La paix ne peut être conclue qu'entre les parties impliquées dans un combat. Or, les accords de Minsk concernent l'Ukraine et les combattants du Donbass. Reste-t-il encore une seule personne pour réellement penser que l'enjeu est là?
- En appeler de la sorte à la morale ou à l'éthique qui forcerait Kiev à se conformer aux accords de Minsk laisse perplexe. Lorsque l'on voit la manière dont la population civile est traitée dans la zone de conflit, il est difficile de trouver où le nouveau pouvoir ukrainien a bien pu cacher son sens moral et éthique.
- La question du cessez-le-feu ne règle pas l'impasse fondamentale dans laquelle se trouvent tant la Russie que les Etats Unis: comment faire table rase du passé, des crimes, des horreurs pour restaurer un vivre ensemble entre des groupes sociaux qui ne le veulent plus? Le tout, évidemment, sans changer le régime à Kiev.
- A jouer ce rôle, la Russie renvoie une image qui devient assez peu favorable. Voir, par exemple, les termes employés par le blogger ukrainien d'opposition Yurasumy qui critique l'élite russe pour le dénigrement qu'elle exprime envers la population ukrainienne.
Peut-être cette tactique pousserait le peuple ukrainien dans la rue pour faire pression sur le gouvernement de Kiev ? Que les jeunes refuseraient encore plus de faire leur service militaire ou de rejoindre l'armée suite à une mobilisation ? Les civils n'aiment pas la guerre parce que ce sont eux qui paient le plus lourd tribut...
RépondreSupprimerMais Karine l'élite quelque soit sa nationalité n'a jamais eut que mépris pour les classes populaires. Il y a des exceptions évidemment, Jaurès par exemple, mais elle sont rares.
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