Billet d'humeur: c'est la civilisation que l'on dissèque au Danemark

Au zoo de Odense, au Danemark, un lion a été tout d'abord tué car en surnombre, congelé pour attendre les vacances scolaires, puis coupé en morceaux devant les spectateurs venus en famille, le zoo faisait une réduction avec le tarif "famille". Il faut protéger certaines valeurs, quand même. Donc devant les yeux - encore - horrifiés d'enfants de 4 ans et plus, un lion a été découpé, dépecé, le tout avec maintes explications pseudo scientifiques et un "humour" déplacé. Un massacre "scientifisé". La consience sociale est sauve. Pas vraiment.

Attention images choquantes si vous ouvrez le lien

Comme l'explique une employée du zoo, Lotte Tranberg:

"Nous avions le choix. Il y avait un lion qu'il fallait tuer, parce qu'ils sont devenus trop nombreux. On pouvait simplement le tuer et le détruire. Ou bien on pouvait le tuer et le disséquer dans un but scientifique et pédagogique, pour que les enfants voient à quel point le lion est magnifique."

Je ne suis pas certaine qu'une carcasse puante et dégoulinante soit la meilleur façon de montrer la magnificence du Roi déchu. Pour ceux qui ont le courage, voici une vidéo de la scène:

Pour les russophones, le reportage de la chaîne russe Pervy Kanal est intéressant:

Et il semblerait que effectivement les enfants aient été choqués.





L'on pourra peut être m'expliquer où est la magnificence?



C'est simplement ignoble et insoutenable. Désolée, je ne sais pas flouter une image. Vous trouverez plus de photos ici, mais je n'ai pas envie de les publier.

Et voici le commentaire sur l'évènement, par Esguer Ioul, sur la radio danoise 24SYV:

"Je suis très heureux que le zoo de Odense éduque de cette amnière nos enfants. Les enfants sauront à quoi ressemblent les animaux de l'intérieur. Vous savez, je pense que tuer les animaux, c'est extrêmement naturel. Les gens ne doivent pas être choqués par le fait que les animaux meurent. C'est normal."

La mort est naturelle, la dissection publique beaucoup moins.

Lorsque la mort est mise en scène, il y a toujours un message. Un but. Qui n'ont rien d'éducatif. Lorsque tout naturellement l'on pendait les assassins à l'entrée des villes, le message était clair. Mais parallèlement, les populations étaient habituées à un certain degré de violence sociale. Un des apports de la civilisation est de déplacer le degré acceptable de violence sociale. Et la dissection publique d'un lion n'est pas encore acceptable. L'acte par ailleurs recouvre une certaine mesquinerie humaine. Ce fragile corps humain face à la puissance du lion, le roi des animaux. Le roi sous le scalpel. Ce que confirme le mépris  avec lequel est traitée la dépouille de l'animal:

""Un animal mort, ça sent l'animal mort. Il n'y a pas grand chose à faire", a commenté le gardien. Avec sa collègue Lotte Tranberg, ils ont tenté d'imiter le rugissement du lion en soufflant dans un tube qui avait été introduit dans le cou du félin. Rasmus Kolind s'est ensuite laissé aller à une plaisanterie en demandant si quelqu'un dans la foule désirait un œil."

Ce besoin de prouver que l'homme contrôle la nature, donc qu'il peut la détruire et la manipuler. Qui empêchait de donner ce lion ou de le vendre à un autre zoo? Pourquoi le meurtre était la seule solution envisagée? Comme avant celui-ci, le meurtre d'une jeune girafe, aussi au Danemark, il y a un an. Et le meurtre de quatre lions (deux jeunes et deux âgés) toujours au Danemark, car ils avaient de nouveaux projets et faisaient venir un nouveau lion qui les aurait de toute manière tué. Dites moi, il n'y a qu'au Danemark où les animaux soient trop nombreux dans les zoo?

Même si ces dissections publiques, nous dit-on dans la presse française, sont choses normales au Danemark,  elles provoquent quand même - et heureusement - des réactions. Et le processus du tuer les animaux avec autant de légèreté, puisque ce ne sont que des animaux, donc en fait de la viande qui bouge, provoque des réactions sociales tout aussi violentes. Ainsi, après le meurtre de la girafe qui ensuite avait été donnée à manger justement aux lions, la direction du zoo avait reçu des menaces de mort.

Finalement, ce n'est pas si normal que cela. Mais le processus de normalisation avance et le degré de civilisation recule d'autant.

Personnellement, je préfère garder cette image des lions: