Publications

dimanche 8 novembre 2015

Charm el-Cheikh: L'étrange enchaînement de communication conduisant à la suspension des vols


Dans un mouvement général, les pays suspendent les uns après les autres leurs vols vers l'Egypte, qui vit essentiellement sur le tourisme. Enfin, presque tous les pays, les Etats Unis, eux, les maintiennent. La Russie a elle aussi cédé à l'envolée occidentale et met un point d'interrogation au dessus de la tête de près de 80 000 personnes, les russes étant le plus gros contingent de touristes en Egypte.

Pour autant, l'appréciation objective de la réalité du danger est difficile, puisque les services secrets britaniques et américains, à l'origine du mouvement de panique, refusent de partager leurs informations avec les autorités égyptiennes et russes en charge de l'enquête. 

Etrange, vous avez dit étrange? En tout cas étrangement à propos...


Le 6 novembre, le comité antiterroriste et le FSB ont recommandé la suspension des vols à destination de Charm el-Cheikh en attendant que les raisons du crash soient déterminées par l'enquête, même si rien, à ce jour, ne conduit à privilégier à la thèse de l'attentat terroriste à la bombe.


Le vice premier ministre A. Dvorkovitch a donc été nommé à la tête du groupe en charge de la question du retour des touristes actuellement à Charm el-Cheikh. Et la question est épineuse, car selon les estimation de l'agence de tourisme russe, il y a environ 80 000 personnes concernées. A. Dvorkovitch a précisé qu'il ne s'agit pas d'une évacuation, mais d'une prise en charge sécurisée du retour de ces touristes. Autrement dit, les dates de retour seront globalement respectées, mais des mesures de sécurités supplémentaires seront mises en oeuvre, notamment le vol séparé des bagages.

La Russie n'a pas été la première à prendre ces mesures. Elle s'est décidée après l'Angleterre, la France, la Hollande, l'Allemagne, la Lettonie et la Lithuanie. Les Etats Unis n'ont pas pris ces mesures, mais B. Obama, se prononçant avec certitude sur l'existence d'un attentat à la bombe, veut renforcer les mesures de sécurité.

Pour sa part, la Russie envoie un groupe de contrôle pour vérifier la sécurité des aéroports égyptiens.

Comment tout cela a-t-il commencé?

Tout d'abord, les services de sécurité anglais et américains lancent l'information selon laquelle, ils ont intercepté une conversation entre des terroristes (selon le Telegraph, repris par le journal russe Kommersant, ils parleraient avec un accent anglais) qui laisserait sous-entendre que l'état islamiste ne serait pas étranger au crash de l'avion de touristes russes en Egypte.

Ensuite CNN et puis France 2 diffusent à grande échelle la quasi certitude d'un attentat fondé sur l'enregistrement ... des boîtes noires. France 2 se fonde sur "une source" anonyme "proche de l'enquête", selon laquelle l'analyse des boîtes noires confirmerait l'attentat puique tout est survenu de manière innatendue.  Comme l'on disait à l'époque soviétique "ect mnenie", autrement dit, il se dit que. Les temps passent et se ressemblent. Ensuite, Reuters a cité France 2, etc, etc, etc.

Et pendant ce temps, le ministère russe des affaires étrangères demande aux Etats Unis et à l'Angleterre de partager toute information qui permettrait de faire avancer l'enquête. De ne pas les garder pour eux, pour les utiliser à des fins de politique intérieure. Pour autant, aucune information n'a été transmise ni aux services russes, ni aux services égyptiens.

Se fondant donc uniquement sur des dires non prouvés, les pays européens du bloc pro-US (pays baltes, Hollande, Angleterre, France) interrompent comme un seul homme les vols vers l'Egypte. 

Le tourisme en Egypte représente 11,3% du PIB, soit une recette de 7 à 8 milliards $. Pour 2015, on estime en tout à 10 million le nombre de personnes qui seront venues se reposer en Egypte. Dans cette catégorie, les russes occupent la plus grande part du marché, suivis, de loin, par les anglais et les allemands. Il y a environ en ce moment 80 000 touristes russes, 20 000 touristes anglais.

Les anglais ont tout d'abord annoncé l'évacuation immédiate de leurs ressortissants. Deux avions avec environ 360 passagers ont décollé... Ensuite, le système s'est grippé. Finalement, l'évacuation est reportée, un peu. Il est recommandé aux touristes anglais de prolonger leur séjour en Egypte, où manifestement rien ne menace leur sécurité. Les allemands affirment également, après les anglais, qu'ils penseront à rapatrier leurs ressoritssants si ceux-là se trouvent en difficulté ...

Et la Russie, suivant le mouvement, interrompt ses vols et doit se débrouiller avec 80 000 touristes. En 24h, la Russie a assuré le retour de 11000 touristes, les autres vont suivre. Là dessus, nous n'avons aucun doute. Même si cela va causer des difficultés sérieuses, même si des compagnies touristiques vont se trouver au bord de la faillite. Tout sera fait. Pendant que l'Angleterre voit comment faire avec les autres, après le retour héroïque et médiatisé de 600 personnes. Alors que l'Allemagne attend de voir si des personnes sont en difficultés. La machine est en marche en Russie.

Ce qui provoque, évidemment, dans un pays froid, en cette saison, une vague de mécontentement populaire pour ces gens qui avaient prévus leurs vacances et se retrouvent privés de vacances. Car peu importe ce qu'affirme Aksionov, la Crimée ne remplacera pas l'Egypte, son soleil, sa mer chaude et son sable fin. Il est plus facile de faire du camembert. Et tout ne se remplace pas, il ne faut pas conduire cette politique à l'absurde.

De deux choses l'une. Soit, la Russie a réellement des informations concernant un danger réel pouvant toucher ses vols touristiques dans la région et donc suspend les opérations pour ne pas mettre en danger la vie de de ses citoyens. Soit, elle se sent obligée de suivre le mouvement sans avoir d'information particulière à ce sujet. En ayant, espèrons-le, consience du préjudice qu'elle se cause à elle-même en ces temps particulièrement difficiles.

Dans tous les cas, c'est une manière idéale de faire pression à la fois sur l'Egypte dans la perspective du combat sunnites contre chiites et sur la Russie indépendante du bloc américano-centré pour faire réagir la population contre la politique populaire menée par le pouvoir à l'international.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'article vous intéresse, vous avez des remarques, exprimez-vous! dans le respect de la liberté de chacun bien sûr.