Avec la mise en place du nouveau Gouvernement et l'entrée en fonction du nouveau Speaker de la Rada, la répartition des cartes devient plus claire. Sur fond d'échec diplomatique en Syrie, le bloc occidental a besoin renforcer la pression du coté ukrainien, carte qu'ils maîtrisent parfaitement. C'est pourquoi les rôles furent répartis entre un Gouvernement, d'où les personnalités étrangères furent écartés, le travail est de toute manière déjà fait, qui doit se concentrer sur les questions économiques et intérieures et un Parlement radicalisé avec à sa tête un néo-nazi officiel, gérant les questions internationales.
Un Gouvernement recentré les questions intérieures
Le vote des députés pour la confirmation du nouveau Gouvernement dirigé par V. Groysman a dû être faite en bloc et non par personnalité, procédure dont la légalité en l'occurrence est contestable. Mais il est passé à la majorité de 257 votes sur les 226 nécessaires. Voici ci-dessous la répartition des voix:
On notera que tous les députés de la coalition Bloc Poroshenko et Front populaire (Yatséniuk) n'ont pas voté pour le nouveau Gouvernement: 131 sur 146 pour Bloc Poroshenko et 75 sur 81 pour le Front populaire. Le parti de Timoshenko a voté contre ou s'est abstenu, le parti financé par l'oligarque Kolomoïsky "Vozrojdenie" a soutenue la procédure, ce que certains interprètent comme son retour possible dans le jeu politique ukrainien, le parti de Liachko (les Radicaux) n'a pas voté pour à l'exception d'un député, 11 des 42 députés indépendants ont voté pour le nouveau Gouvernement. L'ancienne coalition n'a donc pas être reconstituée autour de ce Gouvernement. Le Bloc d'opposition a évidemment voté contre ce Gouvernement.
L'autre remarque à faire est le nombre d'anciens ministres qui restent en place ou qui changent simplement de poste. Pour autant Groysman considère ce Gouvernement comme ouvertement réformateur, ce que les chancelleries occidentales ont immédiatement exigées. Voir ici:
Le bloc régalien ne bouge pas: l'intérieur, la défense et les affaires étrangères. En bleu, les personnes qui viennent du Gouvernement Yatséniuk, en gris les nouveaux. On notera également la création de nouvelles cellules, comme la gestion de la zone "anti-terroriste", l'intégration européenne et le ministère des territoires occupés. Ces trois cellules concernent les points sensibles de la gestion déléguée de l'Ukraine.
Dernière remarque, le refus des deux ministre étrangers des finances, N. Iaresco, et des infrastrutures, A. Pivovarsky, de prendre part au nouveau Gouvernement. La présence trop marquée de "spécialistes" étrangers dans le Gouvernement Yatséniuk avait choqué, tant à l'intérieur, qu'à l'extérieur. Surtout lorsque l'idéologie affichée est ouvertement nationaliste.
Il s'agit d'un Gouvernement "technique" qui est censé se concentrer sur les problèmes intérieurs, afin de garantir le paiement des aides étrangères. La lutte contre la corruption, la réforme constitutionnelle et la réforme économique doivent en être les nouveaux slogans. Mais dans la mesure où, à peine élu, le Gouvernement à du demander plusieurs votes de la Rada pour obtenir la confirmation de son programme, la collaboration ne sera pas facile. Et le Gouvernement pourra toujours cacher son manque de volonté derrière le refus des représentants du peuple. Ce qui est le but de cette répartition des rôles.
La ligne dure incarnée par la Rada
Le parlement ukraienien, la Rada, renforce sa ligne dure, si l'on tient compte de la personnalité qui vient d'en prendre la tête, A. Parouby. La personnalité de cet individu ne laisse rien présager de bon pour l'avenir proche.
Son parcours est clairement marqué par l'engagement dans des structures néo-nazies. Lorqu'il a commencé à prendre du poids politique, des journalistes sont allés se renseigner sur lui dans sa ville natale, pour comprendre de quel individu il s'agit. Ils ont ainsi pu découvrir que le service de psychothérapie de l'hopital de la ville de Tchervonograd, en 1977, alors qu'il avait 6 ans, le suivait pour un diagnostic de déficience mentale légère avec des poussées d'aphasie.
Dès l'adolescence il est entré dans des groupes extrémistes. En 1988, il entre dans le groupe Spadchina, dont il devient un des leader; en 1989, il est arrêté mais non incarcéré, ne fait pas l'armée et devient député de Lvov en 1990. La période de troubles qui a précédé la chute de l'Union soviétique lui convient parfaitement pour faire sa carrière politique et la chute du régime permet la percée de ce type de personnes. En 1991 il devient l'un des fondateurs du parti ukrainien national-socialiste, profondément néo-nazi, et ils utilisent le même emblème que le bataillon punitif Azov aujoud'hui. En 1999, ils fondent avec Tiagnibok les Patriotes d'Ukraine, qui est une organisation politico-militaire. Voici leur affiche:
Le pouvoir refuse de l'enregistrer. En 2004, avec son "compagnon de lutte" Tiagnibok, ils fondent ces organisations pour faire peau neuve et crééent le bien connu aujourd'hui parti Svoboda (Liberté), qui a joué un grand rôle dans le Maïdan.
Toutefois, leur camarade A. Biltetsky, encore plus radical, refuse de montrer patte blanche et fonde l'Asemblée nationale-socialiste. Plusieurs affaires pénales sont ouvertes en 2011 et 2012, mais grâce au Maïdan, il reprend sa place et devient commandant du bataillon Azov.
Sans entrer dans tous les détails de cette étrange carrière que permettent les périodes révolutionnaires, on rappellera également l'affaire des snippers du Maïdan, qui s'étaient loger pour tirer sur la foule dans l'un des bâtiments dirigés par le commandant du Maïdan, à savoir le nouveau Speaker de la Rada, Parouby, ou encore son aparation à Odessa pour les préparatifs de l'opération punitive du 2 mai 2014, où des radicaux équippés par Parouby ont brûlé vifs des opposants odessites non armés dans le bâtiment de la Maison des syndicats. Voir ici dans la vidéo l'explication que Odessa peut être la prochaine ville à se soulever, c'est pourquoi le chef du Conseil de sécurité, l'incontournable Parouby, s'y est rendu le 29 avril, pour préparer les troupes:
Et c'est l'individu qui prend en main le pouvoir législatif ukrainien. Comment des leaders occidentaux pourront serrer la main de cette personne lors des cérémonies officielles? Combien de fois dans l'histoire les hommes politiques pourront cacher leur collaboration en disant, l'on ne savait pas?
l'Ukraine peut-elle encore tomber plus bas? Quel désespoir ce pays.
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