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mercredi 25 mai 2016

Victoire de Savchenko

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L'histoire de la libération de Savchenko résonne assez mal. C'est aussi une question de contraste. Tant de bruit autour de son procès. Tant de précipitation autour de sa libération. La gestion de cette histoire est à ce point mauvaise qu'elle en est surprenante. Revenons sur l'enchaînement des faits.


C'est tombé, Savchenko, la correctrice de tirs du bataillon punitif Aîdar (notre article sur ce sujet ici), responsable de la mort d'au moins deux journalistes russes, se retrouve libre en Ukraine. Prête à reprendre le combat comme elle l'affirme. Et beaucoup de journalistes l'attendent à la sortie de l'avion:

Ce qui lui permet de crier sa victoire et dévider sa haine de la Russie. Surtout que, à l'inverse des deux prisonniers russes fait par l'armée ukrainienne, E. Erofeev et A. Alexandrov, elle n'a jamais demandé sa grâce. 

Alors que Poroshenko peut se présenter en "sauveur" et étaler sa "grandeur d'âme", une sorte de mise en scène particulièrement nauséabonde s'étale sur les écrans de télévision russe. Il faut trouver une explication pour rendre acceptable ce qui ne peut pas l'être. Et la communication couaque dans tous les sens.

Il y aurait eu par hasard une rencontre entre les proches des deux journalistes russes victimes, avec Medvedchuk, une sorte d'intermédiaire ukrainien informel de circonstance, suite à quoi, les 22 et 23 mars, ces deux femmes, qui ont souffert l'une la perte d'un frère et l'autre la perte de son mari, s'adressent au Président russe pour demander la grâce de Savchenko, qui s'égosille alors devant les caméras à force d'être fière de ses actes. Et les deux prisonniers russes graciés, sur leur demande, sont accueillis très discrètement par leurs proches. Trop discrètement.




Soit. Pour autant, il y a des éléments qui dérangent. Sans même parler de cet échange "de prisonniers", grâce auquel les chancelleries occidentales apprécient que la Russie facilite l'exécution des accords de Minsk. La Russie qui vient donc de passer du statut de "garant" à celui de "partie". Belle avancée.

Passons. 

Donc, les 22 et 23 mars, la soeur et l'épouse des victimes déposent des demandes de grâce. Manifestement, les conseillers juridiques des dirigeants russes n'ont toujours pas compris que, juridiquement, la grâce présidentiel est un pouvoir régalien qui n'a pas besoin de "demande de la personne concernée" (erreur déjà commise à l'époque pour la libération de Khodorkovsky). Donc, nous avons une "demande", que le Président russe remercie expressément lors de son entretien, devant caméras, avec ces deux femmes pour leur sens morale (pourquoi et de quoi les remercier? continuons à passer), mais qui est déposée non pas par Savchenko, mais par les parents des victimes. Belle innovation qu'une demande déposée par des tiers. On n'arrête pas le progrès. Et sur le plan humain, et sur le plan juridique.

Nous en sommes donc aux 22 et 23 mars. Or, le 29 mars, des fuites organisées dans la presse russe annoncent la possibilité d'un échange de prisonniers. Toujours avec Savchenko, mais un autre échange. Avec les deux prisonniers russes aux Etats Unis, V. Bout et K. Iarochenko, dont le fondemant de l'arrestation est particulièrement discutable. Il y aurait eu une discussion ente V. Poutine et J. Kerry lors de son séjour à Moscou. Mais la réaction, non du Département d'Etat ou de la Maison Blanche, mais au niveau le plus bas possible vue la situation met fin à la nostalgie de ces grands échanges de la guerre froide: le porte-parole de l'ambassade des Etats Unis à Moscou déclare que cela est inenvisageable. Bref, on ne touche pas aux intérêts politiques américains et on ne déforme pas son système judiciaire.

Nous sommes très loin du pont Glienicke.

Toujours passons. 

Ensuite, il y aurait eu un accord lors de la conversation téléphonique lors du Format Normandie entre les présidents russes, français, allemand et ukrainien cette fois le 24 mai.

Il faudrait quand même accorder ses violons. Ou changer de conseiller de communication. Il est peut être intéressant, sait-on jamais, d'échanger Savchenko contre des prisonniers russes, mais pas comme ça.

PS: Le Président ukrainien déclare qu'à la suite de Savchenko, maintenant, il va s'attaquer au retour du Donbass et de la Crimée. Il remercie la France et l'Allemagne pour leur pression sur la Russie.

PPS: Savchenko déclare qu'elle est prête à retourner au combat juqu'à la victoire finale de l'Ukraine. Que parfois la paix n'est pas possible sans la guerre et que c'est très bien qu'il y ait les accords de Minsk.

Triste journée.



5 commentaires:

  1. Les journalistes russes comme les journalistes français ne savent rien et écrivent n'importe quoi, d'ou cette impression de cacophonie. En fait, personne ne connaît la véritable raison de la libération de Savchenko. Ce qui est sûr, par contre, c'est que la Russie ne vient pas de faire un cadeau à l'Ukraine, cette femme est réellement détraquée, j'ai l'impression que les russes avaient hâte de s'en débarrasser, elle est totalement ingérable.

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  2. Je suis contente pour les deux prisonniers russes libérés. Savchenko me paraît assez négligeable malgré l'importance qu'elle se donne à elle-même. Elle va être très vite oubliée. C'est un peu comme l'Eurovision...
    Elle est un enjeu nul pour la Russie et surement une monnaie d'échange qui a rapporté plus que ce que l'on s'imagine.
    Libre à Poronchenko d'essayer de récupérer le Donbass et la Crimée, il verra bien où ça le mène. Il faudrait peut-être qu'il arrête de boire... Il est plus que jamais un dirigeant d'opérette.
    Dommage que les otages russes retenus aux US n'ont pu être libérés... C'est peut-être surtout à cela que l'on mesure qui mène encore la danse mais peut-être plus vraiment pour longtemps...

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  3. Il y a eu peu de soutien à la "Jeanne d'Arc" ukrainienne en Occident. Aucun comité bidule en France avec manif à 15 devant l'ambassade de Russie qui fait l'ouverture du 20 H.
    Son attitude pendant le procès et son appartenance à Aïdar même si leurs crimes sont cachés ont refroidi l'enthousiasme de trouver un nouveau cheval de propagande anti-russe.
    Sa libération n'aura donc pas d'autres conséquence que d'enlever un prétexte foireux pour le maintien des sanctions de plus en plus contestées en UE, d'autant qu'elle aurait déclaré qu'elle est prête à devenir présidente de l'Ukraine.
    Vu l'état du pays...

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    1. il ne suffit pas de se couper les cheveux pour étre Jeanne d'arc ,qu'elle victoire lui attribuer vous???

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  4. Il n'y a pas lieu d'etre triste. Cette liberation est l'equivalent d'un arret de mort pour elle.

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