Jeux Paralympiques: le drapeau de toutes les discordes

Contre toute attente et malgré l'interdiction formelle du Comité paralympique international, l'équipe biélorusse a défilé avec les deux drapeaux, national et russe. Ou comment la rigidité du système arrive à créer de la dissidence avec une facilité désopilante.

Lors de la suspension de l'équipe paralympique russe en raison d'accusation, pour l'instant non prouvée, de dopage d'état, la Biélorussie a annoncé, le 23 août, porter les couleurs du drapeau russe aux Jeux paralympiques. Ce qui provoqua la colère du Comité paralympique international: le sport n'a rien à voir avec la politique (c'est bien connu) et cet acte pourrait être interprété comme un acte politique. Donc, pas de drapeau russe, sinon des sanctions seront prises contre les sportifs biélorusses.

L'affaire était doucement retombée, le Comité paralympique international certain de sa force, sinon de sa probité. La Biélorussie, pour sa part, avait affirmé qu'il ne s'agit bien sûr pas de défiler avec le drapeau russe, mais dans les tribunes, il peut être apporté.

Or, lors de la cérémonie d'ouverture, l'équipe biélorusse a levé deux drapeaux.

Le porte-drapeau a bien évidemment porté le drapeau national, mais à l'arrière, pour fermer la marche, Andreï Fomochkine tenait bien haut le drapeau russe. 

Et pas d'hésitation possible. Le Comité paralympique biélorusse a immédiatement affirmé que le drapeau a été levé pour soutenir la Russie qui avait été interdite de Jeux. Que si l'initiative est personnelle, elle a le soutien du ministère des sports biélorusse et le porte-parole du Président Loukachenko affirme que non seulement le Président biélorusse soutient totalement à titre personnel cet acte, mais qu'il est possible de le considérer comme étant la position officielle du pays.

Le Comité international paralympique ne sait pas comment réagir et pour l'instant mène l'enquête. Certes, ce drapeau a fini par être récupéré, mais trop tard le mal a été fait. Les couleurs de la discorde furent levées. Le problème est que la personne qui a levé le drapeau n'est pas un sportif, mais un officiel. Ancien sportif, Andreï Fomochkine est aujourd'hui le directeur du centre de formation des athlètes biélorusses.

La suspension totale de l'équipe russe était déjà un acte non seulement stupide, mais déshonorant. Il est vrai qu'il était impossible de suspendre individuellement des membres de l'équipe qui auraient été pris antérieurement pour dopage, car ils étaient tous propres. Alors il a fallu, pour des raisons qui n'ont rien à voir ni avec le sport ni avec le paralympisme, violer toutes les règles. Une réaction en entraînant une autre, ce système totalement rigide crée naturellement de la dissidence!

D'une manière générale, l'opération est mal passée. Si les américains et les anglais furent heureux de récupérer les places des sportifs russes pour leurs nationaux, l'Azerbaïdjan, par exemple, a refusé en affirmant qu'il s'agit des places réservées aux athlètes russes, non aux leurs. L'on notera également l'absence revendiquée de T. Bach, président du CIO, première dans le genre, qui a trouvé mieux à faire ce jour-là que d'assister à la cérémonie d'ouverture. Sans oublier le Président démocratique nouvellement débarqué à la tête du pays sifflé par le public sur fonds de manifestations monstres. Le tout avec des tribunes attendues quasiment vides: très peu de billets ont été vendus.

Les Jeux paralympiques s'annoncent dans la digne continuité des JO.