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vendredi 9 septembre 2016

Mannerheim et les 75 ans du blocus de Leningrad


Une voiture avec un autocollant remerciant pour la victoire de la 2e Guerre Mondiale garée devant la plaque de Mannerheim

Le 8 septembre 1941 a commencé une des plus grandes tragédies de la Seconde Guerre Mondiale: le blocus de Léningrad. Pendant près de 900 jours, la population de ville a été systématiquement affamée et bombardée par Hitler qui voulait raser Léningrad de la surface de la terre. Dans son oeuvre de destruction de St Pétersbourg, l'Allemagne fut aidée par la Finlande, dont le rôle s'efface avec le temps ... et la construction européenne. L'on en arrive ainsi à la glorification de Mennerheim, un de ces "héros" responsable de crime contre l'humanité dans la ville même qu'il a voulu détruire et par le pays qu'il combattait. Aucun projet de Commission de justice transitionnelle n'aurait pu espérer un tel succès. Contre la population qui manifeste et s'indigne.


Le 16 juin de cette année, la société militaro-historique russe fait inaugurer par le ministre de la culture Medinsky et l'ancien chef de l'administration présidentielle Ivanov (démis de ses fonctions cet été) une plaque en l'honneur du Maréchal Mannerheim au nom d'une conception très particulière de l'unité historique - voir notre article à ce sujet.

Après de nombreuses manifestations, publications dans la presse nationale, la plaque est toujours là, sur les murs de St Pétersbourg, pour l'anniversaire des 75 ans du début du blocus de Léningrad. 900 jours d'horreur, de combats quotidiens, tant contre les armées allemandes et finlandaises, que contre la faim, la soif, la fatigue. Contre la mort.


Des femmes découpent un cheval mort pour en récupérer la viande (photo Ria)

Les 871 jours de blocus auront fait plus de 600 000 morts civils, dont 90% sont morts de faim et de froid.

Et la plaque du glorieux Maréchal Mannerheim trône toujours dans les rues de St Pétersbourg, car il est de bon ton de minimiser le rôle de la Finlande. Donc petit rappel:
  • Directive de l'état major des forces militaires navales allemandes N° 1601 du 22 septembre 1041: "Hitler a pris la décision de rayer St Pétersbourg de la surface de la terre ... Si suite aux circonstances, la ville formule des demandes pour se rendre, elles doivent être refusées ... Nous ne sommes pas intéressés par la préservation même d'une partie de la population."
  • Le 21 juin 41 la Finlande lance des opérations militaires communes avec l'Allemagne contre l'URSS. Le 25 juin, l'URSS répond en bombardant 19 aérodromes finlandais où étaient basés des formes aériennes allemandes et finlandaises. Ce fait sera utilisé par la Finlande pour officiellement déclarer la guerre à l'URSS.
  • Dès le 22 juin 41, Hitler s'adresse aux soldats du front de l'Est et déclare que les forces allemandes et finlandaise se battent épaule contre épaule pour défendre les terres de Finlande.
  • Le 24 juin 1941; l'ambassadeur finlandais rapportant à Helsinky sa discussion avec Goering déclare: "Nous pouvons maintenant prendre ce que nous voulons, et St Pétersbourg, qui comme Moscou, doit être détruite ... Il faut découper la Russie en plusieurs petits états".
En ce qui concerne plus concrètement Mannerheim:
  • Dans son ordonnance N°4, il déclare que comme en 1918, les soldats finlandais et allemands sont à nouveau ensemble dans leur combat contre le bolchévisme et l'URSS. Dans l'ordonnance N°5, il parle de la "libération" de la Carélie.
  • Le 5 juin 1941, il donne personnellement l'ordre d'attaquer vers Léningrad et de s'avancer aussi près que possible de la ville - ce que les allemands ont demandé à Mannerheim, qui a pour cela constituer un groupe spécial.
Sans entrer plus dans le détail, il est surprenant qu'un ministre de la culture et le chef de l'Administration présidentielle du pays qui a perdu tant d'hommes et de femmes dans ce massacre de près de 900 jours décident de dédier une plaque comémorative à l'un des responsables de l'horreur, justement, dans la ville qui en a subi le joug dans sa chair.

Plusieurs demandes ont été faites pour que cette plaque soit dévissée. Un recours en justice a été déposé, puisqu'elle viole la loi de St Pétersbourg sur les plaques comémoratives, qui ne peuvent célébrer des évènements ayant portés atteinte à la ville. Mais elle est toujours là, comme si le ministre de la culture avait peur de se dédire, y voyait une question de prinicipe dont il serait le seul à comprendre l'enjeu. Le problème est que cette affaire honteuse qui n'aurait jamais du exister ouvre la porte à la contestation, plus virulente, des milieux particulièrement "patriotes".

Hier, à St Pétersbourg, une manifestation a été organisée par des groupes "patriotiques", l'opposition dure et non systémique: Drugaya Rossiya (qui comporte de nombreux membres des aciens Nationaux-Bolchéviques interdits), ROT-Front etc. Ils manifestaient pour demander le démontage de cette plaque insultant la mémoire de la ville. Il est difficile de ne pas être d'accord avec eux. Il est plus incompréhensible de n'y voir aucune autre force politique. Ils demandent également la démission du ministre de la culture - il est vrai que son entêtement laisse songeur ... 


Ils proposent également au ministre de la culture et à l'ancien chef de l'Administration présidentielle d'aller défiler lors du Régiment immortel en brandissant le portrait de leur "héros" pour voir la réaction de la population...

Finalement, un des manifestants est allé à nouveau verser de la peinture rouge sur la plaque. Et il s'est fait arrêté.


Donc pour résumer les faits, puisque les autorités n'ont toujours pas retiré cette plaque comémorant la mémoire d'un des tortionnaires de la ville, la police a dû le défendre contre les habitants. Et ce, le jour de la célébration des 75 ans du blocus de Léningrad.

Une victoire inespérée pour les nazis. 

PS: Pourquoi la classe politique "traditionnelle", tant attachée au respect de l'histoire nationale, laisse-t-elle place vide à des mouvements marginaux? Faiblesse ou inconsistance?

4 commentaires:

  1. Pourquoi les communistes ne se sont-ils pas joints à cette manifestation? Pourquoi V. Poutine natif de cette ville a-t-il laissé faire? Il est honteux que cette plaque n'ait pas été déboulonnée, que personne n'ait eu le courage de le faire. Ca ne peut être de l'indifférence, alors quoi?

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  2. Faudrait peut-être pas oublier l'attaque de la Finlande par l'URSS de Staline en 1939. Cela pourrait expliquer l'attitude de la Finlande ensuite... ;)

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    1. Peut-être, mais ça n'explique pas la plaque à la gloire d'un maréchal finlandais, dans la ville même qu'il a voulu effacer de la carte. De la part des russes, ceux qui ont eu cette idée, et ceux qui laissent faire, c'est infâme.

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