Les accords de Minsk prévoient la tenue d'élections dans le Donbass. Les élections sont évidemment un élément central pour la normalisation et la constitution d'une entité politique. Mais pour qu'elles aient un sens et qu'elles soient représentatives de la population et de ses aspirations, encore faut-il des candidats à élire. Et des candidats - politiques, non militaires. Or, avec la guerre que l'Ukraine mène contre son propre peuple dans le Donbass, les anciennes élites politiques furent en grande partie discréditées et l'insistance de l'agression armée bloque - volontairement - le développement d'une élite politique locale. Pour y remédier, dimanche 2 octobre, des primaires furent organisées, malgré le conflit, dans les républiques populaires de Donetsk et Lugansk, voulant par là même démontrer leur caractère populaire, comme l'affirmait très justement Zakharchenko.
Dimanche 2 octobre, les républiques de Donetsk et Lugansk ont organisé des élections primaires afin de déterminer quels seront les candidats bénéficiant d'un réel soutien populaire qui pourront participer aux futures élections locales. Zakharchenko, à la tête de la république de Donetsk, déclarait à ce sujet:
"Les primaires sont une chance pour chaque habitant de ne donner accès aux élections qu'aux candidats le méritant. Ne doivent y participer et remporter les élections que les candidats indépendants qui sont prêts à reconstruire la ville et ses infrastructures, à remonter l'économie et à développer la sphère sociale"
Il y eut ainsi 5 candidats pour l'élection du maire de Donetsk, pour les députés de la ville 141 candidats pour 64 mandats. Mais les opérations électorales concernent également les conseils municipaux, les maires des petites villes comme Aleksandrovka, Andreevka, Larino, etc.
Pour cela, les républiques ont constitué une Commission électorale temporaire qui s'est occupée des listes électorales, de la préparation des bulletins de vote (plus de 600 000 pour qu'il n'en manque pas), de l'organisation des bureaux de vote et de l'invitation des observateurs internationaux, venus de différents pays européens à titre personnel.
Ainsi, plus de 200 bureaux de vote furent ouverts dans la république de Donetsk et 80 dans celle de Lugansk. La participation aux opérations de vote fut plus importante que prévue, vues les circonstances particulières. A Donetsk, l'on a compté 369 617 votants et 54 426 à Lugansk.
Une interview des habitants de la région a été réalisée, pour savoir s'ils savaient qu'il s'agissait d'une journée électorale et s'ils allaient voter et pourquoi. En majorité, les gens étaient évidemment au courant et pour eux le vote était important, pour pouvoir reconstruire leur république et remercier ceux qui les ont aider dans les moments difficiles. C'est un des rares cas, où les gens saisissent réellement l'importance du processus électoral. Pour les russophones:
Ces mouvements politiques qui peuvent aider à structurer la société ne sont pas du tout du goût du pouvoir de Kiev, ni de leurs sponsors. L'on voit, de leur côté, une intensification des actions violentes et un refus catégorique de s'impliquer dans un processus de paix pouvant normaliser la situation. L'Ukraine doit rester un moyen de pression contre la Russie et peu importe la destruction du pays et de sa population. Sans parler du fait que l'armée ukrainienne n'applique pas les derniers accords du groupe de travail de Minsk impliquant un retrait des forces armées sur certains endroits de la ligne de front, hier des tanks, des blindés et des "contractuels" étrangers ont renforcé les positions ukrainiennes. Deux morts sont à compter du côté des combattants, le jour des élections.
Etrangement, la communauté internationale ne soutient pas les processus politiques dans ces cas là. Et le discours grandiloquant sur la "démocratie" reste en creux, se discréditant lui-même. Mais ces républiques n'organisent pas ces élections pour plaire à la communauté internationale, ces primaires répondent à un besoin impérieux intérieur. Un besoin de construire, de dépasser la guerre. Une démarche totalement opposée à celle de Kiev, profondément morbide.
C'est ce qu'on appelle de la démocratie. Bravo au peuple courageux du Donbass.
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