Hier fut l'une des rares fois où regarder le journal du soir provoque un intense sentiment de satisfaction. Sentiment tellement sincère et profond que je ne peux pas m'empêcher de le partager. Même s'il ne s'agit certainement pas de l'information la plus importante, elle est particulièrement significative: V. Poutine demande, avec une ironie à peine voilée, au président de l'Académie des sciences de Russie si les hauts fonctionnaires et gouverneurs qui ont été élus au rang d'Immortels sont à ce point indispensables pour le développement de la science. Et ... panique à bord. Quel plaisir de voir les Tartuffes de la science remis à leur place de carriéristes à l'égo surdimensionné.
Pour ceux qui sont russophones, regardez cet extrait de la réunion du Conseil pour la science et l'enseignement. Le visage défait qui regarde V. Poutine avec une lueure de panique est V. Fortov, président de l'Académie des sciences:
Suite à l'inflation de la part des hauts fonctionnaires et de certains élus d'utiliser leur gloire administrative pour atteindre une reconnaissance scientifique à laquelle, autrement, ils ne pourraient prétendre, V. Poutine avait donné pour instruction en 2015 de ne pas candidater à l'Académie des sciences et a demandé à cette Académie de ne plus prendre en considération ces candidatures. Or, plusieurs viennent d'être élus.
La Russie a besoin de développer la recherche, la science, de donner les moyens aux chercheurs de mener à bien leurs projets dans le pays, et non de perdre des fonds et des postes pour des Tartuffes en mal de reconnaissance. C'est en substance ce que dit V. Poutine à Fortov, avec une finesse et un humour décapant. Voici une partie de ce dialogue:
(...) les personnes qui occupent des postes élevés dans l'administration d'état sont occupés par les besoins du services, ou au minimum doivent l'être de manière sérieuse, sinon ils ne sont pas capables de remplir leurs obligations et ne peuvent alors s'occuper de la recherche qu'à leur temps libre, ce qui, pour des personnes remplissant consciencieusement leurs fonctions administratives, est pratiquement impossible.
Se pose alors une question: peuvent-ils réellement s'occuper de la recherche scientifique avec les résultats attendus?
Pourtant, certains collègues de notre Département des affaires présidentielles, du Ministère de l'enseignement, du Ministère de la défense, du Ministère de l'intérieur, du Minisrète de la défense, du FSB et encore d'autres organes ont pris part aux élections et certains furent élus à l'Académie. (En regardant Fortov et les autres représentants de l'Académie des sciences) Pourquoi vous avez fait ça? Ils sont des scientifiques à ce point importants que l'Académie des sciences ne puisse se passer d'eux? Et deuxième question: qu'est-ce que je dois faire maintenant?
Quand Fortov répond, voulant se cacher derrière un formalisme de bas étage, que tous ont déclaré avoir reçu les autorisations nécessaires, le Président lui coupe la parole lui rappelant que ce n'est pas la question posée: sont-ils à ce point de grands scientifiques pour devenir membre de l'Académie? Après divers bafouillements et gargarismes, Fortov répond qu'ils ont passé tous les stades de l'élection.
V. Poutine coupe en lui disant que donc, à son avis, ce sont bien de grands scientifiques. Dans ce cas, et cela concerne les fonctionnaires et les gouverneurs aussi, s'ils préfèrent la science à la routine administrative, il faut leur donner les moyens de s'en occuper pleinement.
Ce rappel à l'ordre est une surprise de taille et une excellente surprise. Il n'est pas nécessaire de rappeler les thèses soutenues par de hauts fonctionnaires, thèses dont ils n'ont dû voir que la couverture, les postes occupés par des personnes qui ne mettent jamais les pieds dans les instituts de recherche ou dans les salles de cours mais se présentent partout comme "professeur". Ces personnes qui voient la science et la recherche, au mieux comme un hobby, au pire comme une décoration de plus qui leur revient de droit avec l'évolution de leur carrière et leur anniversaire.
Cette remarque ne concerne pas les chercheurs et universitaires qui ont quitté l'Université pour l'Administration ou la politique, ils n'ont pas utilisé leur position pour obtenir un titre scientifique.
Mais les autres sont nombreux. L'on ne donnera qu'un exemple, celui du vice-ministre de l'intérieur A. Savenkov, nouvellement élu membre-correspondant, dont l'activité professionnelle n'a strictement aucun lien avec la recherche. Même si d'autres peuvent avoir eu une activité liée, d'une manière ou d'une autre, avec la science, leur activité professionnelle actuelle ne peur permet en aucun cas de faire réellement de la recherche. L'Académie des sciences se remplie donc d'Académiciens et de membres-correspondants fictifs, qui occupent des places réelles et n'apporteront absolument rien au développement de la science en Russie. Ils n'en sont que des parasites.
Ce nettoyage et cette remise en place est la bien venue. Un minimum de tenue et de respect pour la recherche n'est pas négligeable pour la bonne santé des personnes au pouvoir: tout ne s'achète pas avec la fonction. Le message est passé.
Quand on pense qu'il y a quelques années un physicien japonais a été banni de la communauté scientifique du fait d'avoir révélé que la plupart des "découvertes" de ces dernières années sont inventées de toutes pièces.
RépondreSupprimerLa fraude scientifique reste d'actualité notamment dans les pays qui veulent faire semblant d'être à la pointe des technologies. Les "découvertes" de la NASA sont publiées de façon hebdomadaire dans les journaux du monde entier. On n'a jamais vu autant de planètes, de systèmes et d'autres astéroïdes découverts en si peu de temps... :)
il ne faut pas oublier que ces personnes, outre leur inaptitude à la recherche, sont également en charge de distribuer les crédits aux différentes universités.... de là a voir des pots de vin il n'y a qu'un pas non? ce que Poutine sait très bien.
RépondreSupprimerMais que peut faire un homme seul, fut-il un grand homme comme Poutine, pour lutter contre la cupidité inscrite dans l'ADN de l'être humain ?
RépondreSupprimer"Chacun son métier les vaches seront bien gardées".
RépondreSupprimerProfesseur à l'Académie des Sciences : ça doit faire tellement bien sur les cartes de visite. Ce qui est décapant, c'est le ton et le calme avec lesquels, V.Poutine, remet tout ce joli monde à sa place.
Vu de l'extérieur j'ai l'impression que l'Académie des sciences de Russie ne correspond pas tout à fait à l'Académie des sciences en France qui comprend essentiellement des scientifiques des sciences "dures" mais qu'elle est un peu comme le CNRS avec des sections de sciences humaines, de juristes, de politistes.
RépondreSupprimerIci nous avons à l'Institut de France les académies des "sciences morales et politiques" et l'académie des "inscriptions et belles lettres", c'est plus large comme domaines en Russie me semble-t-il.
Je suppose que les gouverneurs et hauts fonctionnaires ne doivent pas postuler pour des sections de physique quantique...
Pourriez -vous éclairer un peu notre lanterne sur ce statut particulier d'Académicien en Russie et de l'aura qui y est attachée? Cela correspond-il plus au titre de "Membre de l'Institut" plus général?
PS. Jacques Sapir a fait part de son élection à titre étranger à l'Académie des sciences russe. dont il ressent le grand honneur.
L'Académie des sciences est une institution très ancienne qui a été fondée par Pierre le Grand en 1724. Elle recouvre divers champs de recherche, des sciences dures aux sciences sociales et humaines. Il y a deux types de membres, les membres-correspondants et les académiciens, élus à vie. Etre membre de l'Académie est très prestigieux et c'est justement la raison pour laquelle ces individus en manque de reconnaissance s'empressent d'être élus en utilisant leur position politique. Le fait qu'ils soient si facilement acceptés montre, en revanche, l'affaiblissement de l'institution. Et sa récente réforme n'a en rien aidé à son renforcement.
SupprimerEn voyant ça j'ai envie d'être russe, vous avez un président merveilleux soutenez le
RépondreSupprimeridem Boualem enfin un homme d etat qui force le respect
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