En raison des complications diverses et variées créées par l'Ukraine, la Russie a finalement décidé hier de se retirer dès le 19 décembre 2017 du Centre de contrôle et de coordination créé le 26 septembre 2014 par les deux présidents russe et ukrainien afin de prévenir tout escalade incontrôlée du conflit entre l'Ukraine et les régions de Donetsk et Lugansk. Composé d'officiers ukrainiens, russes et de membres de la mission de surveillance de l'OSCE, les relations n'étaient pas des plus aimables. En revanche, ce Centre obligeait d'une part au dialogue entre l'Ukraine et les représentants du Donbass, mais il permettait aussi à l'OSCE d'éviter tout contact direct pour ses excursions dans les régions de DNR et LNR. Le retrait de la Russie de ce Centre est à double tranchant: un risque d'escalade du conflit est à craindre, car Kiev a les mains libres et l'OSCE a toujours eu des problèmes de cécité sélective, mais justement en ce qui concerne l'OSCE, ses membres vont être obligés à plus d'objectivité - ou à se retirer.
Comme cela a été annoncé depuis quelque temps, le travail des officiers russes dans cette mission conjointe a été rendu quasiment impossible par l'Ukraine. Sans compter les incivilités des officiers ukrainiens envers leurs collègues russes, Kiev n'a jamais voulu adopter un Règlement permettant de fixer les "règles du jeu". Ce qui a permis, petit à petit de causer des difficultés, afin de fausser les constatations factuelles: interdiction de discuter avec la population, restriction de déplacement à l'intérieur même du bâtiment où ils étaient logés avec leurs collègues ukrainiens en Ukraine. Un peu comme des prisonniers, ils étaient autorisés à sortir 10 minutes par heure et chaque fois "accompagnés" par des soldats ukrainiens. Par ailleurs, les contacts entre les officiers russes et la mission de surveillance de l'OSCE étaient réduits au minimum par leurs collègues ukrainiens. Exemple d'incident, le 22 juillet de l'année dernière, le responsable de la mission russe a été arrêté par les Ukrainiens, accusé d'espionnage et déporté en Russie avec une interdiction de territoire de 5 ans.
La dernière "goutte" celle de trop, a été la décision de Kiev d'obliger la Russie à fournir au 1er janvier les données personnelles des officiers russes participant à cette mission commune, ainsi que toutes les informations concernant leurs familles.
La Russie a donc décidé de retirer dès le 19 décembre ses 75 officiers du Centre de contrôle et de coordination, comme l'a annoncé le ministère des Affaires étrangères le 18 décembre. Immédiatement, des complications sont survenues. Alors que l'équipe russo-ukrainienne devait passer la ligne de front au check point Gorlovka-Mayorsk, la mission de l'OSCE qui assurait parallèlement le contrôle s'est retirée et ensuite les tirs ont commencé, notamment d'artillerie. Il a fallu attendre aujourd'hui pour que l'Ukraine garantisse la sécurité du passage. Pour sa part, Kiev accuse DNR LNR d'avoir touché le village de Novoluganskoe, qui eux ont signalé des tirs venant du côté ukrainien, tout comme à Svetlodarsk. Mais l'OSCE a manifestement "oublié" d'inclure ses informations dans son rapport.
Il faut dire que justement le 18 décembre, un pilonnage massif des quartiers d'habitations de Gorlovka, Gomolski ou encore Dolomitnoe a été signalé. A Gorlovka, le maire affirme que le pilonnage du centre de la ville par les forces ukrainienne a commencé vers 20h40 du soir, touchant notamment le bâtiment du foyer des jeunes travailleurs. Le village Golmovski, situé au nord de la ville, est également bombardé et les locaux de l'ancienne colonie de vacances ont pris feu.
A Stakhanova, ce matin, 9 immeubles d'habitation et l'hôpital ont été touchés par l'armée ukrainienne. Afin d'éviter des explosions, puisque les conduites de gaz ont été touchées, tout a été coupé et les gens se retrouvent sans gaz, sans eau, sans électricité.
Ainsi, le retrait de la Russie, sur le plan militaire, laisse craindre une aggravation du conflit, surtout avec la position plus que conciliante de l'OSCE, laissant à l'Ukraine les mains libres. La presse occidentale continue également son oeuvre de propagande, ne parlant jamais du conflit qu'en oubliant de préciser qui attaque, sortant chaque fait de son contexte. Ainsi, elle s'inquiète pour Kiev de ce que le conflit ne s'intensifie et que les Ukrainiens ne soient obligés de "se défendre". Renversant totalement la situation. Magnifique oeuvre de propagande dans RFI (bon, il ne s'agit pas d'un "poste commun", mais c'est un détail, le pire suit ....):
Pour illustrer cela, RFI ne recule devant rien et publie une photo de militaires russes ... à Rostov, oubliant juste de préciser à ses lecteurs que Rostov se trouve justement en Russie ... Qu'il ne s'agit donc pas d'une photo démontrant la fantasmagorique présence militaire russe en Ukraine. En revanche c'est une basse manipulation, un simple article de propagande.
Le retrait de la Russie va mettre l'OSCE mal à l'aise. Jusqu'à présent cette mission en Ukraine s'appuyait sur ses liens avec le pouvoir à Kiev, les républiques de DNR et LNR étant infréquentables. Pour assurer la sécurité de ses membres lors des déplacements dans ces républiques, le schéma était simple: ils contactaient les membres russes du Centre, les prévenaient de leur circuit et attendaient que les Russes se chargent eux-mêmes avec les républiques d'organiser leur sécurité. En se retirant, la Russie va obliger la mission de l'OSCE à entrer réellement en contact avec les représentants de DNR et LNR, ce qui est un aspect politique extrêmement important. L'OSCE va être obligée à plus d'objectivité, à rééquilibrer sa vision de la situation, à entrer en contact personnel, faute de quoi elle sera amenée à reconnaître l'échec de sa mission, car elle ne pourra plus remplir sa mission en se passant de contacts directs réels. Beaucoup va dépendre de cette organisation. L'Ukraine a décidé de continuer à participer, unilatéralement à cette mission, mais retire ses officiers du Donbass, personne ne pouvant plus garantir leur sécurité. Cette participation unilatérale est un non-sens. Mais soit l'OSCE va continuer à couvrir cette réalité parallèle permettant de fausser ouvertement la situation factuelle, soit elle va reconnaître la fin de facto de l'inexistence de ce Centre. Ce sera la première épreuve pour ces observateurs très complaisants.
La décision de la Russie est ainsi une décision à double tranchant. D'une part, une recrudescence du conflit est à attendre, l'Ukraine se trouvant les mains libérées, alors que le Canada a pris la décision de lui fournir des armes létales. D'autre part, l'activité de l'OSCE se trouve devant un choix stratégique: continuer à protéger ouvertement les intérêts ukrainiens ou tenter de remplir - enfin - la mission pour laquelle elle a été envoyée, les contacts obligés avec les dirigeants de DNR et LNR compliquant la possibilité de continuer dans la politique de l'autruche.
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