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mardi 30 janvier 2018

Le "Rapport du Kremlin" publié par les Etats-Unis: un coup d'épée dans l'eau ou une arme à retardement?



Une étrange liste vient d'être publiée par les Etats-Unis, dite des "amis de Poutine", retraçant finalement assez fidèlement l'organigramme du pouvoir en Russie. En précisant bien qu'il ne s'agit pas de personnes à sanctionner et que les Etat-Unis n'ont aucune information contre eux. Quelle est cette nouvelle comédie? Une liste pour rien ou un bâton de pressions discrétionnaires en vue de nouvelles sanctions?


En août 2017, le Congrès américain avait adopté une loi prévoyant un programme des sanctions en guise de stratégie internationale contre ceux qui osent ne pas suivre la ligne du Parti, à savoir l'Iran, la Corée du Nord et la Russie. Cette loi, appelée Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA), nécessitait pour sa mise en oeuvre l'adoption d'une liste concrète de personnes visées. Chose faite. Ou presque.

La liste du Kremlin et l'Etat

C'est ce qui était attendu. Des sanctions ciblées contre les soutiens du Président russe, afin de déstabiliser la situation politique en Russie - surtout avant les élections - et, dans la conception américaine, rétablir la démocratie, c'est-à-dire sa domination sur cette zone qui lui échappe. Par ailleurs, en ciblant des entreprises importantes, les Etats-Unis espéraient contrer la reprise de l'économie russe, malgré les sanctions adoptées depuis 2014.

L'étendue absurde de cette liste, qui est publiée intégralement à la fin de ce texte, montre que l'opération spéciale lancée contre la Russie a en partie échoué. Elle vise toute la direction de l'Administration présidentielle, le Gouvernement, les têtes de pont du Parlement, tous les grands oligarques - sans aucune distinction, etc. V. Poutine a-t-il autant d'amis? Finalement, les Etats-Unis ont glissé vers une approche systématique, mécanique, non personnalisée, retraçant globalement l'organigramme du pouvoir en Russie. Y compris des organes de sécurité.

Ce peut être aussi bénéfique pour les membres du Congrès, qui découvriront ainsi que, en dehors de V. Poutine, il existe d'autres figures politiques. Tous les "spécialistes" occidentaux ne connaissant, en dehors du nom de Khodorkovsky, que celui de Poutine, vont à leur tour pouvoir augmenter leur connaissance de la Russie en lisant attentivement le rapport. Eux qui imaginent la Russie comme une terre politique désolée, désertique et hostile, balayée par le vent cinglant de la dictature, vont être perturbés par tant de noms.

La liste du Kremlin et le business

Les attaques menées contre le business russe sont justifiées de manière surprenante. Suite à la crise de 2009 et aux sanctions de 2014, l'Etat russe a répondu en s'investissant et en soutenant activement l'économie. Ce qui semble impardonnable aux néolibéraux. Il faut donc cibler les grandes entreprises pour casser la dynamique positive.

Mais ici aussi, la liste est un échec flagrant. L'on y trouve quasiment tous les oligarques. Donc, rien de ciblé. Rosneft, des banques comme VTB ou la Sberbank, etc.

Il faut comprendre que cette liste intervient surtout au moment de l'entrée en vigueur des mesures de restriction visant la collaboration des entreprises dans le domaine de l'armement. Le fait que la Russie devienne un acteur important du secteur n'y est certainement pas pour rien ...

Il s'agit ici de l'article 231 du CAATSA, bloquant les contrats importants avec la Russie:
The Act states that the President shall impose five or more of the sanctions described in Section 235 of the Act with respect to a person the President determines knowingly, on or after such date of enactment, engages in a significant transaction with a person that is part of, or operates for or on behalf of, the defense or intelligence sectors of the Government of the Russian Federation. 
Les entreprises russes visées sont Kalachnikov, Tupolev, Rosoboronexport, Rostekh, Uralvagonzavod, etc. Bref, cela concerne l'aviation, l'armement, la technologie, l'industrie lourde ... Le Département d'Etat précise qu'ils ne préviendront pas de la mise en oeuvre de sanctions, ils décideront en fonction de la situation ... Le but annoncé est de peser directement sur le budget russe. Et les premiers résultats sont annoncés:
We estimate that foreign governments have abandoned planned or announced purchases of several billion dollars in Russian defense acquisitions” since the enactment of the law in August, said Heather Nauert, the State Department spokeswoman.
Pour autant, Trump estime qu'il n'est pas nécessaire pour l'instant de prendre des sanctions contre les acheteurs d'armes russes.

Un bluff ou une arme à retardement? 

Cette liste est purement déclarative, comme le texte le précise lui-même: la présence des noms ne signifie pas que des sanctions soient ou doivent être appliquées à leur encontre, ni que les Etats-Unis ne possèdent une quelconque information à leur encontre.



Finalement la question qui reste en suspend est de savoir ce que signifie cette liste distendue à force d'obésité. Vues les réactions de Trump, il est évident qu'elle est le résultat d'un combat intérieur, et que l'Administration présidentielle américaine en a largement perturbé la logique initiale, qui promettait d'être plus violente.

Et si l'on tient compte des déclarations du Département d'Etat, selon lesquels peut-être aucune mesure finalement ne sera adoptée, et celle de l'Ambassadeur américain à Moscou demandant de ne pas dramatiser car il ne s'agit que d'un acte technique, il est évident qu'il n'y a pas de volonté politique de pousser le combat à son paroxysme. Encore une parodie, encore une comédie.

En fait, cette liste va trop loin pour être utile. Concernant quasiment tout l'Etat russe, si elle est utilisée, cela ressemblerait à une déclaration de guerre et l'Administration Trump n'y est pas prête. D'où ces déclarations empressées.

L'on notera en revanche deux grands absents: A. Koudrine et A. Tchoubais, pourtant considérés comme des "proches" de V. Poutine. Une erreur, un oubli? Ce serait étonnant. Surtout si l'on a à l'esprit leur activisme en matière de privatisation de masse, de dérégulation et d'Open society. Peut-être ont-ils aussi d'autres amis ...

Voici la liste entière:








4 commentaires:

  1. Contre-feu allumé le jour même où l'accord a été donné pour la publication des 4 pages de mémo presente comme accablant pour les instigateur du Russia-gate dans le cadre de la collusion anti-Trump orchestree par les complotistes de l'Etat profond suivie de la démission de MC Cabe directeur adjoint du FBI.
    Lancée dans une fuite en avant abracadabrantesque la Fake-sphère n'a d'autre choix que de faire tourner à plein regime la machine à fabriquer les mensonges et diversions requis par le maintien de la narrative anti-Trump totalement falsificatrice via le 100% fake Russia-gate.
    Le Deep State va exploser en vol. C une question de temps. Spectacle assez surréaliste à observer.

    Diego

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  2. A ce tarif là, ils n'avaient qu'à se servir de tous les annuaires téléphoniques de Russie comme liste d'ennemis; pourquoi se casser la tête? juste quelques noms comme Navalny à retirer, y en a moins, ça va plus vite.

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  3. Les dirigeants étasuniens ont perdu la tête et ne savent manifestement plus quoi faire pour nuire à la Russie. Ils l'auraient bien agressé, bombardé, comme ils ont l'habitude de faire, mais c'est un trop gros morceau et beaucoup trop dangereux. Donc, ils appliquent des sanctions, pas tellement efficaces, ils ouvrent des listes qui n'en finissent plus, lourdes de menaces qui signifient : tenez-vous a carreau sinon... J'en viens à me demander si ces comportements ne relèvent pas de la psychiatrie et là ça devient franchement dangereux. Les pires ce sont les alliés occidentaux qui ne font pas un geste pour arrêter ce délire.

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  4. J'opte pour une arme à effet retard (que ça soit dû aux réticences de Trump ... ou pour ses effets psychologiques).
    Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin vient d'ailleurs de préciser (confirmé aussi par une dépêche AFP) que :
    "I assume you haven't read the classified version, There will be sanctions that come out of this report."
    Donc, sanctions à venir au moment où ils le jugeront opportun.
    https://www.rt.com/usa/417400-mnuchin-sanctions-kremlin-list/

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