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lundi 4 juin 2018

Pedro Sanchez sera-t-il celui qui portera l'estocade à l'Espagne ?



L'Espagne suit la mode européenne. Pedro Sanchez se retrouve à la tête du pays, avec une coalition de séparatistes/indépendantistes face à un Parlement où il est minoritaire et sans avoir été élu. Bref, le parangon de la démocratie européenne. Mais il représente le "bon" clan, "progressiste", face à la "corruption conservatrice". Amen. Que faire des élections, lorsque l'on sait où sont le bien et le mal? Vous avez aimé l'Arménie? L'Italie? Vous allez adorer, l'Espagne.


Pour qu'un système tombe, deux conditions sont nécessaires. Tout d'abord une volonté extérieure, des intérêts à défendre, des positions idéologiques à prendre, qui ne sont pas celle du pays et la réalisation desquels ce pays gène. Les pays de l'UE le savent pertinemment, il n'est pas de démocratie en dehors de l'UE, de ses dogmes et de ses slogans, il n'est pas d'intérêts en dehors de ces impératifs. Ensuite, il faut aussi une faiblesse interne. Ici, la décomposition des systèmes politiques représentatifs nationaux en Europe en général et en Espagne en particulier a permis l'arrivée, au second essai, de Pedro Sanchez.

Rajoy touché et coulé par des affaires de corruption, il paie pour la Catalogne et un alignement manifestement pas suffisamment fervent. Ainsi, avec 84 députés socialistes et une déroute historique au Parlement espagnol, Pedro Sanchez fait tomber Rajoy, dont le parti est pourtant majoritaire, en s'alliant des députés de la gauche radicale, des nationalistes basques et des indépendantistes catalans (tout en se déclarant soi-disant contre l'indépendance de la Catalogne ...). Mélange explosif d'individus qui vivent sur le cadavre politique de l'Espagne. Mais cet individu est le "bon", il refuse dans une Espagne catholique de prêter serment sur la Bible. Dieu est mort, les hommes peuvent se défouler.


Il correspond parfaitement à la vague idéologique actuelle et est largement soutenu par la presse main stream. Cela s'explique par ses positions dans les domaines-clés que sont la réforme du travail, des pensions et la gestion de la dette. Professeur d'économie, il est partisan des politiques dures. Il préconise plus de flexibilité dans les rapports de travail, une gestion de la dette par la réduction de l'Etat, le relèvement de l'âge de la retraite, la capitalisation etc. Bref, un jeune homme très bien sous tous rapports, parfaitement fréquentable. Sur le modèle grec.

Pourtant, la manière dont il est arrivé au pouvoir, après que les socialistes aient subi une défaite électorale historique, et compte s'y maintenir fait grincer des dents les espagnols, qui sortent dans la rue. Certes, ils ne sont pas des centaines de milliers, il n'y a pas de structures intéressées pour défendre la démocratie toute simple, celle des urnes. Ces manifestants ont la mauvaise idée de demander que des élections soient organisées, car si cette arrivée au pouvoir est constitutionnelle, le Gouvernement ne peut être légitime en représentant la minorité, comme le souligne le Parti populaire.



Même si Pedro Sanchez arrive à former un Gouvernement, comment va-t-il gouverner? Comment préparer des lois avec une coalition disparate d'indépendantistes, de nationalistes, de radicaux, de socialistes? Comment faire voter des lois sans majorité stable au Parlement?

Mais qu'importe finalement cela. Il ne s'agit que de l'intérêt du pays. C'est dépassé. Les députés en restant à leur poste dans ce contexte montre que le pouvoir est un but en soi, sans idéal, sans avoir le sens de l'Etat. Mettre des indépendantistes et des nationalistes en soutien d'une majorité présidentielle montre l'absence totale de volonté de gouvernance. Cela tombe bien, cela affaiblira encore un peu plus l'Etat, cela continuera à le discréditer. Bientôt, l'on pourra se passer totalement et officiellement d'élection: la dictature pour les peuples pourra être célébrée sur nos bonnes vieilles terres d'Europe.



3 commentaires:

  1. Nous voilà donc devant le plan B catalan Et quand c'est un manchévic qui est cheval de Troie, soyez sûr que la bête rendra gorge.

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  2. Olivier MONTULET5 juin 2018 à 02:43

    L'auteur ne sait visiblement pas ce qu'est une majorité parlementaire dans un système proportionnel (bien plus démocratique que le système majoritaire). Le gouvernement de Rajoy n'était plus majoritaire car une majorité alternative l'a mis en minorité (il y a eu des défections dans la majorité de Rajoy). Non les conservateurs n'ont pas gagné les élections. Ils formaient et et continue à former le parti le plus représenter au parlement mais n'ont plus de majorité pour gouverner (puisqu'il n'ont pas à eux seuls une majorité). La majorité a élu Pedro Sanchez pour diriger le pays (les gouvernements sont partout élus sur proposition de la majorité par suffrage indirect c'est à dire par les élus du peuple).
    Ce gouvernement (et son chef de gouvernement) est donc parfaitement légitime et totalement démocratique.

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  3. Azul .Bonjour .Madame , merci beaucoup pour vos analyses fines et très pertinentes à la fois . mais Rajoy a été mis en minorité par une coalition majoritaire regroupant des parlementaires de son propre partie , des socialistes et du parti Podemos ainsi que des Indépendantistes Catalans . Vu , sous cet angle ,on peut dire qu' il y a eu exercice du jeu démocratique , mais la contradiction est manifeste quadn au choix du premier ministre . un socialiste , pour faire quoi , sur quel programme. de nombreuse questions méritent d'être posées sur le bien fonde de cette coalition hétéroclite . cependant , je suis satisfait pleinement de ce nouveau premier ministre , sur le plan du choix de ses ministres , il confie 11 postes régaliens aux femmes.il lui faut reconnaitre au moins cette qualité d' homme progressiste .portez vous bien.

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