Un rebondissement vient de se produire hier, alors que le Patriarche de Constantinople, Bartholomée, poursuit la procédure d'attribution de l'autocéphalie à l'Eglise orthodoxe d'Ukraine, après l'avoir unilatéralement sortie du Patriarcat de Moscou, auquel elle est attachée depuis le 17e siècle. Dans ce conflit plus politique que religieux, vient d'entrer en scène la méconnue Eglise orthodoxe turque, qui s'est adressée à la justice turque contre les agissements du Patriarcat de Constantinople, outrepassant ses compétences et les limites très précises dans lesquelles sa présence en Turquie est tout juste tolérée. Les Etats-Unis sembleraient avoir oublié le facteur "Constantinople", qui n'entre pas du tout dans les intérêts de la Turquie moderne.
Comme nous l'avions écrit il y quelques jours de cela (voir notre texte ici), le Patriarcat de Constantinople est entré dans le jeu géopolitique mené par les Etats-Unis contre la Russie. Il est vrai que l'ambassadeur américain Pyatt, après s'être occupé du Maîdan en Ukraine a été envoyé en 2016 en Grèce, maintenant l'on comprend pourquoi. Quel est le rapport avec la Grèce? Très simple et tout aussi direct. En Turquie, depuis 1923, seule l'Eglise orthodoxe turque non canonique est reconnue par les autorités politiques, alors que le Patriarcat de Constantinople est surtout lié à la Grèce. S'il y a environ moins de 9000 fidèles en Turquie, on en compte plus de 3 millions en Grèce. Grèce dont est originaire le Patriarche Bartholomée, d'ailleurs.
Si la Turquie tolère le Patriarcat de Constantinople, elle l'encadre fortement car le retour du terme de "Constantinople" est pour elle inacceptable. Constantinople n'est plus, Istanbul l'a remplacée, c'est sa victoire, sa nouvelle histoire. Quant à laisser créer en son sein une sorte de Vatican en pays musulman, c'est totalement exclu. Pour exemple du peu de marge de manoeuvre de cette Eglise en Turquie, il suffit de remarquer que les prêtres du Patriarcat de Constantinople ont l'obligation d'être en vêtements civils en dehors de la petite enclave de leurs bâtiments. La seule Eglise orthodoxe reconnue est celle, microscopique, de Turquie.
C'est justement cette Eglise qui s'est officiellement adressée à la justice turque contre le Patriarcat de Constantinople en général et Bartholomée en particulier, car selon les termes de la législation turque qui encadre l'activité du Patriarcat de Constantinople et du traité de paix de 1923 signé à Lausanne, le Patriarcat de Constantinople n'a pas le pouvoir d'envoyer des exarques à l'étranger, ni de reconnaître une Eglise autocéphale, il n'a, au-delà de son titre honorifique, que le pouvoir d'assurer le service religieux pour les Grecs vivant en Turquie. Point.
Pour citer le représentant de l'Eglise orthodoxe turque non canonique, ayant violé ces règles et outrepassé ses compétences, Bartholomée ne doit plus pouvoir rester en Turquie. Ironie du sort, c'est le Patriarcat de Constantinople qui risque de se retrouver encore en exil, pour avoir voulu jouer dans un jeu qui le dépasse.
Ce rebondissement est très fort. Souvenons-nous que la Russie avait alors déclaré qu'elle utiliserait les liens diplomatiques avec la Turquie pour faire pression, cela semble avoir bien fonctionné, la Russie et la Turquie ont des intérêts convergents ici. Dans quelle mesure la Turquie va pouvoir résister à la pression des Etats-Unis, qui sera particulièrement forte? Cela va dépendre du danger que représente pour elle la renaissance d'une Constantinople, dont elle n'a aucun besoin.
Bonjour.
RépondreSupprimerParmi les pubs qui polluent les pages de FB, j'ai reçu celle pour ce site. Voilà le genre d'ndividus qui prétendent défendre la chrétienté (occidentale, bien entendu):
«Steve Bannon, lo stratega della campagna elettorale di Donald Trump, balzato agli onori delle cronache mondiali negli ultimi mesi come il guru dei movimenti sovranisti. “È uno dei nostri punti di riferimento”, ammette Harnwell. »'(sic)
On se demande ce qu'ils font en Italie! Cela confirme aussi ce qui se passe actuellement
https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.interris.it%2Fpolitica%2Fnella-certosa-di-trisulti--fortezza-dei-sovranisti&h=AT3Bl-zuBj765gQjEkUWkjtRwYG2FXBnuHNROxLgmFsTlQrkZgxzA8ycD_vAkxmKEYi3mhGKHPy_LfuHpjSr0xPyobHx7sMFWJlL_Owa8-U3kmRxs55LDXwYxUAYW0VupYT2
Ah ah ah1 Quel bonheur! Pour une fois, j'aimerais presque les Turcs, instruments de la justice divine!
RépondreSupprimerC'est Porochenko qui ne va pas être heureux, il était persuadé d'avoir fichu un maximum de bazar pour emm... les russes, il n'est pas du tout sûr que ce soit suffisant. Pourvu que les turcs tiennent bon.
RépondreSupprimerC'est Erdogan qui fait monter les enchères. Il est vrai que la "solution" que lui ont sifflée les Russes lui permet d'atteindre deux pigeons avec une seule pierre:évacuer toute allusion à Constantinople et contenter la Russie. Le paradoxe est que dans l'escathologie politique russe, le messianisme russe a un nom:non pas Armagedon, ni Jérusalem, mais Constantinople (certains Musulmans croient également que "la conquête de Constantinople était religieusement illégitime et que l'Alliance future avec les Roums-entendez les Chrétiens se fera avec l'Eglise orthodoxe,restée plus authentiquement fidèle au Christ). A c paradoxe répond une ironie de l'Histoire:l'Orthodoxie fidèle, celle du futur vient d'être remise en selle par le nouveau sultan du néo-ottomanisme.
RépondreSupprimerInchallah !
Salutations sincères... Sans anti-histaminiques pour les allergiques :))
Je pense que le dossier mérite un traitement particulier, plus ample et plus extensif, e "ouvrant le compas" et à la "perpendiculaire" avec les événements en cours et la fin de cette grande guerre mondiale qui ne dit pas son nom et sa nouvelle bataille de Stalingrad que fut Alep.
RépondreSupprimerA bientôt,
Amitiés
Nacer.K
Enfin une bonne nouvelle !
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