Ce 15 mai 2019, cela fera une année d'incarcération. Et Kirill Vyshinsky n'a pas le même soutien politico-médiatique que Sentsov. Surprenant. Rédacteur en chef du site d'informations RIA Novosti Ukraine, il est vrai qu'il a été arrêté en Ukraine et non en Russie, en raison des publications insuffisamment pro-Maïdan et non pas avec des explosifs, en raison de son activité journalistique et non pas pour préparation active d'actes terroristes. Beaucoup de motifs qui incitent immédiatement ses collègues occidentaux et les organisations professionnelles à tourner la tête. Alors, regardons.
Sans même parler des raids et des incendies contre les chaînes de télévision dont le discours n'est pas "satisfaisant", rappelons que les journalistes qui ne soutiennent pas aveuglément le régime post-Maïdan ont une vie difficile dans l'Ukraine "pro-européenne" actuelle.
Cela fait une année que le journaliste ukrainien Kirill Vyshinsky a été interpellé à son domicile et accusé de trahison d'Etat en raison des publications sur le site d'informations RIA Novosti Ukraine, dont il était rédacteur en chef depuis 2014 (voir notre texte ici). Le 15 mai 2018, les SBU (KBG ukrainien) opère une perquisition dans les locaux de RIA Novosti Ukraine et, quelle horreur, trouvent dans le bureau de Vyshinsky un passeport russe (car comme une grande partie des Ukrainiens il a la double nationalité), un ruban de Saint-Georges (donc forcément un traitre anti-bandériste), pour avoir couvert le rattachement de la Crimée à la Russie il a reçu une médaille. Ce qui, selon le SBU, indique qu'il fait partie de la guerre hybride que mène la Russie contre l'Ukraine. Pour remettre ces accusations dans leur contexte, il faut rappeler également que le Conseil national ukrainien de télévision et de la radio a interdit la diffusion de 80 chaînes de télévision et stations de radios, dites "pro russes".
Les réactions de l'Occident sont quasiment nulles face à un procès qui n'en finit pas et dans lequel aucune preuve d'une quelconque activité pénalement répréhensible n'a pu être apportée, à moins de ne considérer la liberté d'expression des journalistes comme en soi criminelle. Ce qui semble être le cas, et pas uniquement en Ukraine. Reporters sans frontières avaient demandé des explications et se sont arrêtés là. Le Conseil de l'Europe s'est déclaré "inquiet" et est passé à autre chose. Bref, il a fallu faire semblant de sauver les apparences et point. Aucune action réelle.
Avec l'élection du nouveau président ukrainien, l'affaire étant purement politique, des collègues journalistes russes ont envoyé une lettre ouverte à Zelensky demandant la libération de Vyshinsky :
"Vous dites que les médias doivent être le plus libre possible. Ce qui se passe avec Kirill est une violation des normes de base de la liberté d'expression, des droits des journalistes et des droits de l'homme"
Kirill Vyshinsky vient de répondre à ses collègues, les remerciant de leur soutien dans son combat, espérant finalement un procès impartial pour qu'il puisse démontrer son innocence, mais refuse de plier et d'entrer dans le jeu politique intérieur ukrainien (ce qui est attendu de lui) et de renier ce qu'il a fait et été.
Nous attendons toujours des actions réelles de soutien à la liberté d'expression, au journalisme et aux sacrosaints droits de l'homme de la part de ces "bonnes consciences" de la société civile occidentale et des milieux politiques. Nous attendons ... Nous attendons ...
Nous pourrons attendre indéfiniment.
RépondreSupprimerPour les occidentaux, peu importe les délits commis si les inculpés appartiennent à leur camp, le camp du bien. Ils feront alors tout pour les faire relâcher, au nom des droits de l'homme, de la liberté d'expression et patati et patata. Par contre, s'ils appartiennent à l'autre camp, le camp du mal, c'est le silence absolu, le je m'en foutisme total sur ce qui peut leur arriver. C'est comme ça, c'est pas prêt de changer, inutile de se faire des illusions. Ainsi va le monde.
Vous avez remarqué qu'aujourd'hui les gentils ont tous une cagoule et des armes et que les méchants sont sans arme ni cagoule ?
RépondreSupprimerEt j'imagine qu'on ne peut pas compter sur Harlem Désir et son escouade de l'OSCE pour se porter au secours de ces journalistes qui n'ont pas la chance d'être du bon côté.
RépondreSupprimerLa justice est aveugle dit-on, il semble bien que ce soit le cas ici.