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mercredi 9 octobre 2019

La Russie contre "le monde libre" : la nouvelle vague propagandiste du New York Times



Chaque jour apporte sa part de fantasme et de pitrerie. La dernière en date nous est offerte par le très sérieux (du moins le fut-il) New York Times, qui a enfin trouvé le lien entre tous les maux inexpliqués de la planète dans lesquels, n'ayons aucun doute, la Russie est impliquée. Une responsabilité tellement évidente qu'elle n'a pas besoin d'être prouvée, et elle ne l'a pas été, pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Maintenant on comprend pourquoi : une section hyper secrète du très secret GRU est à l'origine de tout ce programme de "déstabilisation de l'Occident", lancé par le méchant Poutine et la non moins méchante Russie. Chers Gentils, ayez peur et tremblez! Bouh!
Eh oui, nous en sommes là.
 L'article du New York Times est sans appel: la Russie a lancé depuis des années un programme de déstabilisation de l'Occident, qui s'est manifesté en Moldavie, au Monténégro, avec les Skripal et certainement encore dans un grand nombre cas inconnus  :
First came a destabilization campaign in Moldova, followed by the poisoning of an arms dealer in Bulgaria and then a thwarted coup in Montenegro. Last year, there was an attempt to assassinate a former Russian spy in Britain using a nerve agent. Though the operations bore the fingerprints of Russia’s intelligence services, the authorities initially saw them as isolated, unconnected attacks.
Western security officials have now concluded that these operations, and potentially many others, are part of a coordinated and ongoing campaign to destabilize Europe, executed by an elite unit inside the Russian intelligence system skilled in subversion, sabotage and assassination.
N'oublions pas la fameuse ingérence dans les élections américaines, sans laquelle - les Démocrates en sont persuadés donc c'est vrai - Trump n'aurait jamais pu gagner contre Hillary, quelle idée! Ca, c'est un peu plus en bas dans l'article.

Bref, pour réaliser ce travail de titan (ce n'est pas si facile d'attaquer le monde, même libre), une section d'élite hyper secrète a été fondée, l'Unité 29155, que même les autres sections du GRU (renseignement militaire) ne connaissent pas. Mais les services secrets occidentaux, eux, en ont trouvé la trace, le numéro, l'adresse, le chef, etc. Ils sont vraiment trop forts! Et tout est dans l'article. C'est merveilleux.
Hidden behind concrete walls at the headquarters of the 161st Special Purpose Specialist Training Center in eastern Moscow, the unit sits within the command hierarchy of the Russian military intelligence agency, widely known as the G.R.U. (...)Its operations are so secret, according to assessments by Western intelligence services, that the unit’s existence is most likely unknown even to other G.R.U. operatives.
Car il faut bien que le message passe : l'Occident ne doit pas sous-estimer la guerre hybride menée par Poutine contre les pauvres démocraties. Il est jaloux, certainement, face à tant de respect en Occident de l'expression du vote populaire (référendum contre le traité européen dépassé par un vote des députés en France, vote pour le Brexit toujours pas mis en oeuvre, ...), face à la maîtrise des forces de l'ordre lors des manifestations - notamment interdites (Occupy Walt Street, Gilets jaunes, etc), face à l'indépendance de la justice (trop d'exemples en France avec Macron et ses proches, je vais m'y perdre), face à tant de tolérance (la dictature LGBT, l'impunité des immigrés musulmans, etc.). Donc, par jalousie, je ne vois pas d'autres explications, la Russie mène la guerre à l'Occident. Une guerre hybride. Car c'est bien connu, c'est la Russie qui a commencé à déplacer les bases de l'OTAN à ses frontières, c'est elle qui a adopté des sanctions contre elle-même, c'est elle qui dénonce en dernier les traités internationaux sur l'armement, etc. Bref, faites attention à l'ours qui dort :
The purpose of Unit 29155, which has not been previously reported, underscores the degree to which the Russian president, Vladimir V. Putin, is actively fighting the West with his brand of so-called hybrid warfare — a blend of propaganda, hacking attacks and disinformation — as well as open military confrontation.
“I think we had forgotten how organically ruthless the Russians could be,” said Peter Zwack, a retired military intelligence officer and former defense attaché at the United States Embassy in Moscow, who said he was not aware of the unit’s existence. 
 Et la composition de ce groupe doit faire trembler dans les chaumières :
By contrast, officers from Unit 29155 travel to and from European countries. Some are decorated veterans of Russia’s bloodiest wars, including in Afghanistan, Chechnya and Ukraine. 
Vraiment, cet article est une oeuvre majeure. Non pas de journalisme, il est difficile de qualifier ce texte ainsi, mais de propagande, oui, certainement. Ce qui illustre parfaitement les dérives de notre monde. Le journalisme est combattant, au service d'une idée politique, d'une vision du monde, qu'il construit, explique, complète et impose. Cela n'a plus rien à voir avec le journalisme. Il est dommage de remarquer à quel point les grands titres sont devenus des organes de propagande et ce n'est pas l'apanage des Etats-Unis en Occident. Adieu le pluralisme. Simplement parce qu'il ne peut y avoir de place pour ce qui sort de l'espace idéologiquement ainsi balisé. La Russie est hors de cet espace, elle ne peut qu'être combattue. Toute attitude différente sera considérée par les tenants de cette idéologie comme une trahison, comme un pacte avec l'ennemi. La figure de l'ennemi est ici fondamentale pour maintenir la cohésion d'un groupe qui s'effrite. Donc, plus les fissures apparaissent, plus l'ennemi doit être démonisé, pour remplacer l'adhésion positive en perdition par les instincts de regroupement par la peur.

PS : Dans ce contexte, l'on ne peut que saluer la raisonnable décision de la Douma, chambre basse du Parlement russe, d'interrompre tous les voyages officiels des députés russes aux Etats-Unis, tant que ceux-ci n'auront pas sanctionné les agents du FBI qui ont interpellé et interrogé pendant plus d'une heure la députée russe Inga Iumacheva à l'aéroport de New York (voir votre texte à ce sujet ici) et présenté des excuses officielles. 

6 commentaires:

  1. Le New York Times n'a jamais été une source d'informations sérieuse, tout comme tout les autres d'ailleurs.
    Si on se vend pour du bacon, ou pour faire fumer les femmes (et donc les tuer se faisant), tout le reste n'a plus aucune crédibilité.
    Après leurs liens avec les oligarques étatzuniens sont évidents, ceux avec la CIA sont démontrés.

    La fabrique du consentement:
    https://www.youtube.com/watch?v=vLh6DozYRPc

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  2. Très bonne décision de la Douma.
    Quant au NYT c'est du délire. Les étasuniens font peur. Ce sont des fous furieux qui disent et font n'importe quoi.

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  3. Le nouveau blockbuster hollywoodien

    Encore une fois avec cet article, le bon peuple états-unien est considéré et traité comme un public de cinéma pour qui on invente une histoire nationale exceptionnelle, confrontée à tous les dangers, afin d'obtenir son approbation, même irraisonnée, à des théories belliqueuses qui ne le servent surtout pas et contre lesquelles, par ignorance, il ne peut se défendre. Dans des combats manichéens entre bons et méchants, on ne lui présente chaque fois que l'argumentation qui supporte les conclusions qu'on souhaite lui faire avaler. Et au diable la vérité.

    Aucune profondeur de vue ni aucune intelligence ne peut découler de ces déclarations gratuites et péremptoires qui ne font qu'exploiter, en l'exaltant, un nationalisme primaire et pervers pour la détestation des peuples. Comment l'exceptionnalisme US peut-il avoir du sens si les autres peuples ne lui sont pas inférieurs ? C'est bien ce à quoi s'évertuent ce Michael Schwirtz et ses collègues du New York Times ou du Washington Post.

    Les États-uniens semblent n'avoir rien appris depuis l'ultimatum de George W. Bush, « Vous êtes avec nous ou contre nous »; ils ne réalisent même pas qu'ils se sont collectivement ruinés à inculquer la démocratie, de gré ou de force et à coups de canons, à des peuples qui, bien sûr, ne peuvent être que des barbares.

    Mais ils aiment tellement ce cinéma qui leur tient lieu d'histoire nationale que c'est la main sur le cœur qu'ils continueront de chanter « For the land of the free and the home of the brave ».

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  4. Salut, languedoc
    j'apprécie le "étasuniens"
    il est grand temps d'utiliser ce terme, - par toutes les populations du globe, y compris étasuniennes

    Karine, n'as-tu pas encore songé à adopter les supports autres que ceux inexorablement liés aux USA ? - dont celui que je suis en train d'utiliser, hélas

    tu me diras à juste raison que le papier vient de la Chine et la Poste française s'est transformée en banque...

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  5. https://www.youtube.com/watch?v=7hxHqDMiVLE Voilà la véritable Amérique; celle dont Aaron Russo nous parle; l'Amérique qu'il nous décrit est sataniste, c'est la vraie Amérique.

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  6. Bonjour,

    J'ai adoré « (Occupy Walt Street, ... » ! La fusion de Wall Street et de Walt Disney, sûrement encore un coup fourré des Russes. :-D

    Non2.

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