Le président russe Vladimir Poutine vient d'adopter deux oukazes remettant en cause le pouvoir d'influence de l'opposition radicale dite "libérale" en la privant de l'une de ses places d'armes, à savoir le Conseil des droits de l'homme auprès du Président de la Fédération de Russie. Cette excellente nouvelle résulte des leçons tirées quant à l'attitude de ses membres les plus actifs dans la crise récente organisée autour des élections locales et des arrestations qui en ont découlées. Peut-être alors cette institution de représentation de la société civile et de conseil pourra-t-elle enfin sortir de cette position destructive dans laquelle l'enfermaient Fedotov et un certain nombre de ses membres.
Le Conseil des droits de l'homme auprès du Président de la Fédération de Russie fait partie de cette pléthore d'organes de la société civile, mis en place dans la logique néolibérale, qui sous prétexte de légitimation du pouvoir (en dehors des mécanismes politiques classiques démocratiques), permettent de donner du poids politique à des mouvements minoritaires politiquement, mais représentant l'idéologie globale dominante anti-étatiste. Le droit de l'hommisme et le contrôle des certains groupes activistes toujours poussé sur l'Etat et la justice, allant jusqu'à l'ingérance, en sont un des aspects.
Ce Conseil des droits de l'homme eut différents présidents, le dernier en date Fédotov a largement marqué le tournant activisme d'opposition et pro-occidental de cet organe, qui s'est prononcé, récemment, pour la libération de Sentsov ou encore de Serebrennikov, qui a apporté un soutien plus qu'inconditionnel aux candidats de l'opposition radicale écartés par la Commission électorale en raison des différentes infractions à la législation électorale.
Fedotov a atteint 70 ans, formellement c'est l'âge-limite, le président Poutine a adopté un oukaze l'envoyant à la retraite. Or, s'il ne pouvait plus être conseiller du Président, il pouvait parfaitement rester à la tête du Conseil, bénévolement, comme le remarquent certains analystes.
Cela d'autant plus que son départ ne fut pas le seul. Ont également été mis sur la touche, sans que personne ne doute du lien avec la crise provoquée de cet été:
- Ilya Chablinsky, professeur à l'Ecole supérieure d'Economie (université de tendance néolibérale), qui était à la tête de la commission du Conseil pour le droit électoral;
- l'activiste Pavel Tchikov, à la tête de l'ONG "Agora", qui s'occupe des affaires judiciaires retentissantes en Russie et devant la CEDH, et qui s'est impliquée dans les affaires Pussy Riot, de Navalny, de Sentsov, etc.;
- l'activiste Evgueny Bobrov, de l'ONG "Voskhod", qui s'occupe des conflits en matière immobilière contre l'Etat;
- Ekaterina Chulmann, maître de conférences à l'Académie russe du service public (de tendance management), politologue, anime une émission sur la radio d'opposition Les Echos de Moscou.
Face à ce changement de cap, une des figures légendaires de l'activisme en Russie, et pourtant ancienne juge constitutionnelle, Tamara Morchakova a décidé de quitter le Conseil, déclarant :
"L'ancien Conseil n'est plus. A cette question, je vous ai répondu dès le départ. Je ne suis pas prête à participer à ce qui s'appelle Conseil des droits de l'homme, mais qui va remplir d'autres fonctions"
En effet, personne n'a de doute concernant les changements d'orientation dans la politique du Conseil. Et, finalement, cela est largement souhaitable, car il s'est transformé en organe de l'opposition et non pas de la société civile, ce qui n'est pas le rôle d'un organe de conseil du Président. Malheureusement, encore une fois, l'opposition russe dite "libérale", dès qu'elle accède à un certain niveau d'intégration dans les structures de pouvoir, ne joue jamais qu'un rôle destructeur. C'est une leçon qui doit être tirée.
Parallèlement, certains analysent cet évènement politique comme un signal lancé de la perte de poids de Sergueï Kirienko (très proche de ces milieux dits "libéraux"), formellement vice-président de l'Administration présidentielle en charge de la politique intérieure qui semble en réalité être le véritable dirigeant de l'Administration présidentielle. C'est sous son influence que le culte du néo-management a envahi les structures étatiques russes, tant au niveau fédéral, qu'au niveau de la direction des Sujets de la Fédération, fragilisant ainsi sérieusement les structures étatiques de gouvernance de l'intérieur même. Cela serait la deuxième bonne nouvelle, mais à prendre avec prudence.
Enfin !
RépondreSupprimerFaudrait faire la même chose ici, en France... un jour.
Un bon coup de torchon, rien de tel pour assainir l'atmosphère.
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