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samedi 28 décembre 2019

Billet olympique : Yuri Ganus ou la voie de la trahison intérieure en Russie



La saga des sanctions olympiques contre la Russie continue à battre son plein. Alors que RUSADA  a officiellement envoyé sa lettre à l'Agence mondiale antidopage (AMA) pour contester les sanctions prises à son encontre, son directeur général, Yuri Ganus, accompagne, chose inédite, ce courrier de sa propre missive déclarant ne pas partager la position du Conseil exécutif de l'agence russe antidopage. Il n'en est pas à son coup d'essai dans le torpillage de cette agence. Surprenant ? Non, pas vraiment. Il semble avoir "d'excellents" contacts avec l'AMA et strictement aucun lien ni attache avec le sport. Comme avec Rodchenkov, les Etats-Unis savent remercier leurs serviteurs.


De manière plus que surprenante, alors que la position juridique de l'AMA est particulièrement fragile (voir notre texte ici et l'interview ici) et que RUSADA, en toute logique, conteste officiellement les mesures prises, son directeur général Yuri Ganus accompagne cette requête de sa propre lettre, dans laquelle il signifie à l'AMA ne pas partager l'opinion du Conseil exécutif de RUSADA. Autrement dit, avant que le Tribunal arbitral du sport ne soit saisi, Ganus donne une arme d'influence à l'AMA, qui pourra être jointe au dossier de saisie du TAS. Ce qui va porter un coup à la défense de la Russie. Et il le sait parfaitement.

Il faut dire que ce charmant monsieur n'en est pas à son coup d'essai. Déjà avant que l'AMA ne prenne sa décision à l'encontre de la Russie, il avait déclaré en octobre aux médias que la base de données avait été modifiée. Cette déclaration avait été faite au New York Times, alors que Ganus se trouvait aux Etats-Unis, pour participer à une conférence contre le dopage. Il a ainsi volontairement contribué à l'attaque menée contre le sport russe.

Rappelons aussi, que plus avant, il y a un an de cela, c'est lui qui avait forcé le jeu en diffusant une vidéo pour que le Président russe intervienne personnellement afin que la base de données de RUSADA, qui était entre les mains du Comité d'enquête (puisqu'une enquête est en cours contre Rodchenkov en Russie), soit transmise à l'AMA, afin que toutes les conditions de restauration de la Russie dans le sport mondial soient enfin remplies. Ce qui a permis in fine à l'AMA d'attaquer la Russie, en utilisant la soi-disant base de données fournie par Rodchenkov, dont l'authenticité n'a jamais été vérifiée. Sans l'intervention de Ganus, l'AMA n'aurait pas pu déclarer l'incompatibilité de ces bases de données et condamner la Russie.

Pourquoi tant de haine ? Car autant appeler les choses par leur nom, cet individu déteste le sport russe. Déteste-t-il la Russie ? C'est à lui qu'il revient d'y répondre. En tout cas il déteste ceux qui constituent les organes d'Etat et ne cesse dans chacun de ses interviews de les critiquer et presqu'insulter.

Yuri Ganus est né en 1964 dans la république soviétique d'Ukraine, a fait des études d"ingénieurs à Léningrad, puis l'Institut international bancaire, puis des études de droit pour ensuite être formé au management. Bref, c'est un manageur. Le nec plus ultra de ce que la société contemporaine peut produire pour remplir cette armée d'individus incompétents et sans aucune conviction. Des êtres gris qui font carrière. En Russie, ils ont aussi leurs concours, ceux de "leader" ou de "directeur corporatif", auquel par ailleurs a participé notre cher ami Yuri.

Comment cet individu a-t-il pu atterrir à la tête de RUSADA alors qu'il n'a aucun lien avec le sport - et qu'il n'y connaît rien ? Ses explications sont assez oiseuses : il a lu quelque part (sans se souvenir où) une annonce sur l'ouverture d'un concours pour diriger l'agence russe antidopage, il s'est présenté avec 700 autres concurrents et a été retenu après des entretiens avec les experts de l'AMA et le Conseil exécutif.

Bref, il passait là par hasard, a vu de la lumière, a poussé la porte, on lui a proposé une chaise, il s'est assis, ils ont pris le thé et s'est marié avec la fille de la maison.

En tout cas, que l'on croit ou non aux contes de Noel (c'est la saison), l'on comprend beaucoup mieux pourquoi Yuri Ganus ne cesse de déclarer que la Russie n'a aucune chance devant le TAS (et il fait tout pour cela), pourquoi il menace même d'un alourdissement des sanctions contre la Russie (concrètement, elles sont déjà au maximum, les instances olympiques ne peuvent empêcher l'existence de la Russie comme pays), et surtout pourquoi il a envoyé, contre toute règle, cette lettre à l'AMA : il réitère son allégeance à son maître et demande à ne pas être mis dans le même sac que ces Russes.

Que la Russie produise en quantité suffisante ce genre d'individu, elle n'en a pas le monopole. Mais qu'elle leur donne des positions dominantes, auxquelles ils ont une réelle capacité de nuisance, alors que le pays est en difficulté et prétend à la souveraineté, c'est une logique assez spécieuse. Même du point de vue sacré du management.

7 commentaires:

  1. Ce type est un traite a son pays, il devrait être arrêté et condamné pour haute trahison a sa patrie

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  2. Pourquoi n'est-il pas viré et sanctionné ? Quant à sa mystérieuse nomination, cela signifie qu'il y a des ennemis dans la place et depuis longtemps. A quand une épuration en règle, qui me paraît justifiée.

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  3. Je me demande, depuis des mois, pour quelle raison on n'a pas vidé ce type. Maintenant c'est trop tard, le mal est fait. J'ai lu sur RT plusieurs de ses déclarations ou il disait que les fichiers transmis à l'AMA avaient été trafiqués, qu'il s'agissait d'un complot ourdi par des hommes politiques russes, sans jamais donné plus de précisions. Comment les autorités sportives russes ont-elles pu le laisser se répandre dans les médias avec des propos pareils sans réagir? Le grand défaut des russes est de toujours intervenir trop tard.

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  4. Quand le patron lui-même fait preuve d'une dissidence aussi fâcheuse

    Un homme honnête dans la position de Yuri Ganus — qui par ailleurs a tout à fait droit à ses propres opinions — aurait eu la décence de démissionner de la RUSADA au moment de publier sa lettre. Comment peut-il encore diriger l'agence antidopage avec cohérence sans en défendre les positions ni préserver l'honnêteté qu'il doit à ses actions ?

    Qui Yuri Ganus représente-t-il au juste ? Comment peut-il se placer ainsi au-dessus de son conseil d'administration ? Comprend-il au moins que la RUSADA n'est pas son entreprise personnelle.

    Il est peu probable qu'il soit à la recherche d'une notoriété sporadique de feu de paille tout en sachant qu'il se fera autant d'ennemis dans son propre pays. Non seulement doit-il démissionner de son poste, mais surtout fournir un minimum de lumière sur ses motivations réelles, lesquelles ne sont peut-être pas toutes honorables.

    Espérons qu'il saura sauvegarder un minimum d'intégrité et nous éclairer sur son état d'esprit qui ne s'accorde plus avec ses fonctions.

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  5. Encore un exemple des ces dirigeants pourris qui ne mesurent pas pleinement la portée de leurs actes !
    Il nous faudrait tout faire pour rendre invisibles dans notre univers de tels hommes...

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  6. Ce qui est inadmissible c'est l'exclusion de la Russie des jeux olympiques. Et ce fait n'est pas du au hasard car le dopage caché est une réalité qui à toujours transcendé le sport. Cet homme aurait du adopter un profil bas, surtout pour les sportifs nationaux qui se réjouissaient de participer à la fête mondiale du sport.

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