Macron propose un "dialogue stratégique" avec la Russie, alors que celle-ci est mise au même rang que le terrorisme dans la déclaration finale de Stoltenberg. De quelle stratégie s'agit-il dans ce cas ? En fait, l'OTAN continue à faire ce qu'il a toujours fait : défendre une idéologie. Avant c'était le libéralisme contre le socialisme, donc contre l'URSS, aujourd'hui c'est l'atlantisme, donc contre la Russie, qui, en ce sens, oui, présente (heureusement) une menace.
La dualité du discours au sujet de la Russie continue. D'une part Macron joue le rôle de l'ouverture au dialogue avec la Russie, un dialogue qu'il qualifie de responsable et de stratégique, ce qui finalement ne signifie rien. Macron incarne ici l'Auberge espagnole politique, où vous trouverez ce que vous apporterez. D'autre part, Stoltenberg, dans la déclaration finale, range la Russie, avec son "comportement agressif", au même rang que le terrorisme comme un des dangers principaux pour la sécurité euro-atlantique. Terrorisme contre lequel§ pourtant, il devrait être possible de coopérer avec la Russie.
Russie qui, dixit Macron, n'est plus un ennemi, mais reste une menace. L'ennemi est le terrorisme islamiste.
Pourquoi cette déclaration est une triple hypocrisie ?
Tout d'abord, la Russie n'est plus un ennemi. Autrement dit, l'OTAN n'envisage "plus" d'attaquer la Russie? Puisque rappelons qu'il s'agit non pas d'une oeuvre caritative, mais d'une organisation militaire. Or, quelqu'un pense-t-il vraiment qu'un pays de l'OTAN, car ce sont bien les pays et leurs hommes qui font la guerre, l'OTAN n'est qu'une fiction juridique, bref qu'un pays de l'OTAN va envoyer ses armées contre la Russie ? Non évidemment. Donc, la Russie, en ce sens, n'a jamais été l'ennemie. Et comme il faut bien une explication officielle à l'existence de l'OTAN, il a fallu en trouver un autre.
Donc, l'ennemi est le terrorisme islamiste. Traduction : il faut combattre le terrorisme et non pas la Russie. Soit. Et, quel est le rapport entre la Russie et le terrorisme? La Russie combat déjà le terrorisme, indépendamment de l'OTAN, notamment en Syrie, et elle ne cesse de proposer aux Etats satellites du clan atlantiste de s'allier réellement à elle pour réellement combattre le terrorisme - et non pas le faire prospérer comme ce fut le cas en Syrie avant l'intervention russe. Le problème ici n'est pas lié à la Russie, mais au manque de volonté politique des Etats atlantistes. Et à l'inadaptation d'une structure comme l'OTAN pour combattre le terrorisme islamique. A l'intérieur des Etats membres, vous n'allez pas envoyer une armée étrangère. Et pour intervenir militairement dans un pays étranger, il faut - théoriquement - une décision du Conseil de sécurité de l'ONU ou l'invitation du pays concerné.
Enfin, la Russie est une menace. Ceci est le principe de base, qui doit permettre de déchiffrer les discours, divers et variés au premier abord, concernant la Russie. Discours qui se terminent toujours de la même manière. Et ne peuvent se terminer autrement. Car la Russie, oui, est une menace pour l'activité centrale de l'OTAN, qui est la défense armée d'une idéologie, avant il s'agissait du libéralisme contre le socialisme, aujourd'hui du globalisme atlantique. Contre la position russe d'un monde multipolaire. Sauf que vous ne pouvez pas dire aux Etats membres qu'ils envoient combattre leurs soldats contre la Russie pour défendre les intérêts atlantiques. Sans oublier que, ici aussi, l'efficacité potentielle de l'OTAN, c'est-à-dire d'une structure militaire, est très relative. Nombre d'autres institutions existent pour défendre et implanter l'idéologie globaliste-atlantiste, qui obtiennent des résultats tangibles, qu'il s'agisse du Conseil de l'Europe en général (avec les sanctions et les recommandations - soft power) et de la CEDH en particulier (imposant des modifications du droit interne et sanctionnant la Russie), du CIO (fin progressive de l'existence de la Russie comme "Etat" dans le sport international et déstabilisation du rapport interne entre la société, les milieux sportifs et les sphères gouvernantes), de l'OMC (modification de la législation interne), OCDE (influence sur les politiques intérieures, comme celle de l'enseignement par exemple), FMI (influence sur les politiques financières et économiques internes), les différentes structures de l'ONU, etc.
En ce sens, le "dialogue stratégique" proposé par Macron, avant la réunion du 9 décembre à Paris pour le Format Normandie, place bien la Russie comme une menace. S'il parle de coopération avec elle, il estime qu'elle est un danger pour ses voisins, impliquée dans des affaires d'empoisonnement, qu'elle doit régler ses conflits avec l'Ukraine. Ce que d'ailleurs, il pose comme condition préalable au fumeux "dialogue stratégique". Avant la réunion du Format Normandie, ce qui montre dans quel camp se met la France. Surtout que, dans le même temps, l'Ukraine annonce refuser tout dialogue direct avec le Donbass (afin que le conflit soit bien présenté comme entre l'Ukraine et la Russie - ce que sousentend Macron - et non pas comme une guerre civile, ainsi que toute modification de la Constitution quant au statut particulier du Donbass, ce qui ôte toute illusion sur leurs intentions). Rappelons également qu'à l'OTAN, dans les couloirs, l'Ukraine avait déclaré la Russie comme Etat-terroriste (ce qui promet un dialogue très stratégique ce 9 décembre), et que l'équivalence Russie - terrorisme a été reprise dans la déclaration finale de l'OTAN.
Puisqu'il faut bien créer la "menace russe", nous avons droit aux "agents du GRU" (renseignement militaire russe, qui porte un autre nom aujourd'hui, mais peu importe les faits, ça sonne mieux que "Direction centrale de l'état-major général des forces armées") qui n'ont manifestement rien d'autre à faire que de se ballader en Europe pour y déposer des agents chimiques (Skripal, l'histoire d'un survivant et la cure de rajeunissement de sa nièce), tuer des Géorgiens (cette fois, il paraît que des agents du fameux GRU, pour des raisons inconnues et sans savoir qui, mais passons, ont tué un Géorgien cet été en Allemagne), etc. Et afin de pouvoir passer agréablement le temps en Europe, ils auraient une base dans les Alpes, c'est vrai que Chamonix est sympa. Avis aux Russes venant faire du sky dans les Alpes, portez un tee-shirt précisant que vous n'êtes pas du GRU, ici un Russe est a priori un agent potentiel, que faire, c'est la Russie. Et dans ce fourbi généralisé, Merkel a déclaré qu'elle allait discuter de l'expulsion de diplomates russes suite à l'assassinat du Géorgien avec Poutine à Paris, justement ce 9 décembre. Quel rapport avec le Format Normandie ? Il semblerait que la paix en Ukraine ne soit plus l'objet de cette formule, certes décalée, mais qu'il s'agisse bien de la Russie. Rappelons que justement la question des sanctions sportives contre la Russie sera discutée, hasard évidemment du calendrier, ce 9 décembre, et cette fois-ci hasard de la géographie, à Paris.
Evidemment, dans cette configuration aucun dialogue réel, qui suppose l'écoute et le respect de l'autre, n'est possible. Seules les apparences peuvent, un temps, en cas de propension à l'amnésie, être préservées. Mais cela est-il finalement nécessaire ? Parce que tout a un coût et le clan atlantiste n'est pas prêt à payer sa part, mais à présenter la facture à la Russie, pour qu'elle ait la "chance" de se désintégrer en son sein. Pour autant, que Macron se rassure, l'absence de naïveté est partagée.
Au passage en ce qui concerne l'hypocrisie macron va même jusqu'à citer les iskander russes et l'armement de l'enclave de kaliningrad en omettant soigneusement les radars et missiles US en Roumanie ou ailleurs, dirigés vers la Russie et les bombes atomiques stockées en Allemagne, GB et Italie au mépris des traités internationaux.
RépondreSupprimerTout a été fait pour torpiller cette réunion au format Normandie. D'abord Macron qui capitule à la réunion de l'OTAN en disant, comme d'habitude, tout et son contraire, Merkel qui expulse des diplomates russes avant que la culpabilité de qui que ce soit n'est été prouvée dans l'assassinat d'un géorgien en Allemagne et, cerise sur le gâteau, l'Ukraine qui ne veut pas entendre parler de discussion avec les autorités du Donbass et encore moins de l'autonomie de cette région. Mais si Zelenski ne veut pas appliquer les accords de Minsk, et la France et l'Allemagne considèrent la Russie comme une menace, pourquoi cette réunion? Et que viendraient faire les russes dans ce bazar?
RépondreSupprimerMacron se prend pour Napoleon, il se reve en president de l'europe,croit toujours que la France est une grande puissance alors qu'elle ne fait que décliner il est comme un vendeur de porte a porte ,il sonne partout .il fait du vent,il vend du vent...
RépondreSupprimerEn quoi la Russie est elle un danger
En Syrie c'est eux qui ont bien mis la patée aux vrais terroristes,l'armée Francaise a moins brillėe.
Richard tailhardat
Cette réunion au format Normandie arrive trop tôt pour Macron et Zelensky qui sont en position d’attente...des élections américaines prochaines. Macron lance ses propos à tous vents...la Russie n’est plus un ennemi menaçant mais une menace ennemie pour la discussion...on n’est pas loin de Trump tout en étant à proximité de l’atlantisme effréné de «l’état profond». Je ne pense pas que Poutine attend quelque chose de cette réunion où il doit aller quand même pour mesurer le niveau de tension entre la France et l’Allemagne. L’Ukraine est à la dérive et n’intéresse plus personne, hormis l'oligarque Kolomoïsky avec le sous-sol du Donbass !
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