Hier, dans la ville de Vladikavkaz, dans le Sud de la Russie, en Ossétie du Nord, une manifestation anti-confinement a regroupé environ 1 500 personnes en pleine journée, demandant le droit de sortir dans les rues, l'ouverture des magasins, le départ du Gouverneur, une information réelle sur le coronavirus et des moyens de subsistance. Ici, comme dans ce genre de manifestations, l'organisation fit méticuleuse, la base d'un mécontentement naturel existant, elle put être utilisée. Car, ce qui est surprenant, c'est que dans la Géorgie voisine, où les problèmes socio-économiques sont encore pires avec des mesures de confinement encore plus strictes, aucun mouvement social n'est à signaler. Il est vrai que l'occupation américaine du pays n'en a pas besoin. Alors qu'en Russie ... en plus dans le Caucase, c'est une aubaine à ne pas laisser passer. Voire à organiser. Et encore une fois, le désarroi des populations est instrumentalisé. Et ceux qui conseillent la persistance des mesures strictes, envers et contre l'avis des académiciens russes, peuvent aussi être ceux qui apportent les tentes.
Vladikavkaz est la capitale de la région russe de l'Ossétie du Nord, se trouvant dans le Caucase du Nord. Depuis la crise politico-sanitaire du coronavirus, les gens ont été mis en isolement et la situation socio-économique est difficile. Surtout que les chiffres laissent songeur : sur une population régionale d'environ 700 000 personnes, il y a 145 personnes touchées et 2 décès. Et la région est à l'arrêt, comme le reste du pays.
Comme dans tout mouvement de foule, il faut conjuguer deux éléments: un bon prétexte - en l'occurrence l'exaspération de la population, et une bonne organisation. L'exaspération de la population, qui ne voit pas de danger particulier à ce coronavirus, devient visible : alors que la Russie a déjà fait une révolution en 1991 au son de la liberté et de la démocratie, à l'instar - par ailleurs - des démocraties occidentales, elle assigne sa population à domicile, mais elle sans déclarer l'état d'urgence. Sans perspective claire de sortie, car avec des chiffres si faibles, mettre une population sous clé, oblige à s'interroger sur ceux qui permettront de la libérer.
Cette exaspération, qui fait suite à la mise en oeuvre par la Russie des mesures globales, ouvre la voie à l'organisation de mouvements de foule. L'organisateur formel, Vadim Tcheldiev, est un ancien chanteur d'opéra reconverti en activiste d'opposition, vivant à Saint-Pétersbourg. Depuis sa chaîne sur télégramme, à distance puisqu'il n'envisageait pas de se déplacer, il a appelé ses concitoyens à sortir dans la rue contre le fake du coronavirus. Ce qui est par ailleurs intéressant, est qu'il revendique l'existence de l'URSS et ainsi vise les forces conservatrices du pays. L'on a même vu apparaître des tentes sur la place de la Liberté à Vladikavkaz, ce qui rappelle des souvenirs.
Les forces de sécurité envoyées pour nettoyer la place n'ont, dans un premier temps, pas été particulièrement actives. Selon certaines sources, une partie des policiers serait même passée du côté des manifestants.
Les manifestants regroupés devant le bâtiment du gouvernement local, selon les sources quelques centaines jusqu'à 2 000, ont tout d'abord demandé l'intervention du gouverneur Butarov, qui est finalement sorti, mais sans réussir à la convaincre.
Les revendications furent variées : la démission de ce gouverneur, la libération de l'activiste Vadim Tcheldiev qui avait été interpellé, plus d'informations sur l'épidémie, des mesures sociales car beaucoup ont perdu leur travail, la fin du confinement, le droit de sortir et ouvrir les magasins. Certains manifestèrent aussi contre le report des cérémonies du 9 mai, qui a été annoncé au niveau fédéral. Certaines arrestations ont eu lieu, dans la soirée, la manifestation s'est dispersée.
L'instrumentalisation du mécontentement populaire est remarquée par plusieurs sources, qui se réjouissent de l'interpellation de meneurs dans d'autres républiques fédérées, ce qui a permis d'éviter de répéter ces mouvements contestataires. L'on peut se réjouir que ce mouvement, concret, de déstabilisation n'ait pas réussi, mais le problème fondamental n'en est pas pour autant réglé. Et il ne se réglera pas uniquement par des arrestations. Surtout lorsqu'il se développe sur la base d'une crise sociale, qui peut devenir politique.
En principe, les mouvements contestant la manière dont la crise politico-sanitaire du coronavirus est réglée montent dans différents pays, notamment aux Etats-Unis, où de grandes manifestations sont organisées dans différents Etats. L'on peut tenter de les discréditer, comme cela est aussi le cas avec cette manifestation à Vladikavkaz, mais l'on ne fera que reporter le problème, car le mécontentement populaire existe. Par exemple, en Russie, plusieurs "manifestations virtuelles" ont également été organisées, contre le confinement et la mise à l'arrêt de la vie.
Ces mouvements sont d'autant plus significatifs que des voix de médecins-chefs, d'académiciens, s'élèvent pour tenter de ramener les politiciens à la raison. Ainsi, le médecin-chef de l'hôpital N° 71 de Moscou, Alexandre Miasnikov, de déclarer que ce virus est arrivé dans notre vie pour longtemps, qu'il n'y a rien de grave, qu'il faut que la population développe une immunité collective et pour cela qu'elle soit touchée à 60%, soignée et continue tranquillement sa vie. "Ce n'est pas agréable, mais il n'y a rien de tragique".
Lors de la réunion du Président Poutine sur la situation épidémiologique en Russie, deux académiciens, deux spécialistes de la question, qui ne font pas de politique, qui ne s'occupent plus de leur carrière déjà bien avancée, se sont prononcés à contre-courant des diktats de l'OMS, appliqués à la lettre.
Tchutchaline, académicien : "Nous exagérons, en dramatisant la situation dans son ensemble. Quelqu'un est touché par le coronavirus - la mère attrape son enfant, dans un mois il l'a aussi. Et l'individu passe toute sa vie avec, c'est la maladie virale la plus étendue. C'est le monde de l'humanité."
Filatov, membre-correspondant de l'Académie des sciences, vice-directeur pour la science de l'Institut des vaccins et des sérums : "Je pense que maintenant il est possible d'ouvrir les institutions pré-scolaires et les écoles qui ont été fermés. C'est un contingent (les enfants) qui n'est pas malade, ils sont naturellement protégés. Le virus, circulant sur eux, perdra ensuite sa virulence."
Mais il semble que l'opinion des politiques ne corresponde pas à celle des scientifiques apolitiques. Une différence de calendrier peut-être ... En attendant, il est fort possible que les mêmes qui donnent les "bons" conseils, stricts, sans concessions, soient les mêmes qui soutiennent les mouvements contestataires. L'on remarquera à ce sujet l'enthousiasme de la BBC, de Radio Liberty, des médias de Khodorkovsky, etc. pour Vladikavkaz.
Sans très grande originalité, mais pour autant, aujourd'hui, non sans danger avec le mécontentement des classes moyennes et pauvres face à la montée des problèmes sociaux, des milieux entrepreneuriaux avec la montée des problèmes économiques, des milieux patriotiques avec le report des cérémonies du 9 mai, des milieux croyants avec l'annulation des cérémonies de Pâques, des familles avec l'impossible enseignement à distance, etc etc etc.
Il serait dangereux de faire l'unanimité contre soi. Rappelons qu'en Russie, O,O16% des morts sont causées par le coronavirus.
Les mouvements erratiques sur le marché du pétrole (moins 40 % sur le wti, au moment ou j'écris ces lignes, montrent bien que le pétrole est probablement au coeur de l'enjeu stratégique de ce virus. Et donc la Russie. La stratégie de faire le mort, comme le fait la Russie est la bonne. Restons caches et confinés, et attendons que la tempête passe. Aidons ceux qui ont peu de revenus. Dans les supermarchés italiens, il y a des caddies vides ou l'on peut déposer de la nourriture. De tels gestes pourraient être favorisés en Russie. Ainsi que d'autres. Quand un état est attaque, il faut faire bloc.
RépondreSupprimerDésolée, Chère Karine, mais lorsque tu parles de la Géorgie, au début de ton billet, tu ne sembles pas être au courant de la situation.
RépondreSupprimerCe pays a admirablement su gérer la crise du coronavirus et c’est tout à son honneur.
Au lieu de quoi, tu exprimes ta surprise et parles d’ « occupation américaine du pays qui n’aurait « pas besoin » de tels mouvements sociaux, « Alors qu'en Russie ... »
De source sûr, je puis te dire que sur place, les Géorgiens sont satisfaits de la manière avec laquelle la crise a été traitée.
Je suis absolument ravie de ce miracle géorgien, qui selon toi n'est pas sous occupation américaine - que j'ai vu de mes yeux avant la crise et question sur laquelle j'ia travaillé. Quant à la gestion "exceptionnelle", nous avons manifestement des sources divergentes. Et "sûr".
SupprimerIl n'est pas seulement question d'occupation américaine , la Géorgie est gérée à la manière d'une province romaine .Il n'y a qu'a voir son gouverneur actuel.
SupprimerPour ceux qui espère encore au "miracle" géorgien (mais ça fait juste 25 ans qu'il attendent):
Supprimerhttps://www.fort-russ.com/2020/04/russia-warns-us-about-biological-weapons-concern/
Mais en France c'est pire. Dans Les zones de non droit ou règnent la délinquance, les trafics de drogue, l'islamisme et les armes, les habitants n'ont pas voulu du confinement. Les Maires ont reçu pour ordre de ne pas faire de vague, c'est à dire de laissez faire, comme d'habitude. En ce moment, pour ne pas changer, ça flambe dans les banlieues parisiennes.
RépondreSupprimerJe lis partout, qu'après le déconfinement et les crises économiques et financières qui s'annoncent, il va y avoir des mouvements sociaux violents un peu partout dans le monde.
Il est vrai que les russes ont très peu de morts, c'est donc qu'ils ont su bien gérer cette crise sanitaire je leur fais confiance pour bien gérer la crise sociale qui risque d'arriver.
Karine,
RépondreSupprimerJe n’ai pas entendu parler de « miracle ». J’écoute simplement mes relations qui vivent cette crise me raconter ce qui se passe. Et surtout, comment la Géorgie fait face.
Il est vrai que la Géorgie doit être heureuse et très rassuré d'accueillir ce labo US de guerre bio (Richard Lugar près de Tbilisi), sauf peu-être les ~70 morts dû à un "accident", pas grave...
SupprimerJe rappel ici que l'US Army a ses habitudes en la matière, et inutile de remonter à la guerre de Corée ou peste et choléra ont été utilisé, mais sans l'efficacité des bombardiers de l'USAF qui elle arrivait à raser 100% de la ville.
Le pentagone a annoncé il y a quelques années "investir" dans le "gene drive", le forçage génétique, cette technique destiné à éradiquer une race dans une espèce ou l'espèce entière, un génocide pour parler moderne.
Il y a apparament des malthusiens partout, même dans les forces armées.
Ils sont au courant en Géorgie de tout cela ?
Je ne manquerai pas de poser la question à mes relations sur place, « arndebian ».
SupprimerCela dit, prendre les Géorgiens pour des naïfs est malvenu. Et écouter leur point de vue, par contre, bienvenu. Car ils sont sans doute bien et mieux placés que quiconque d’entre nous pour savoir de quoi ils parlent.
Vous pouvez poser ces questions mais cela n'empechera pas ce labo d'etre la et de fonctionner a son œuvre de mort. Après si on attend que tout le monde crève pour faire quelque chose. Je ne prend les géorgiens (sans le "G" je ne sais pas pourquoi, peut être à cause des tireurs d'élites géorgiens sur le maidan en 2014 ?) ni pour des naïfs ni pour des lâches, leur pays est juste en état d'occupation par un empire, les USA, situation mainte et mainte fois vue a travers l'histoire, et ce n'est pas Iossif Vissarionovitch Djougachvili qui me contredirait.
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