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mercredi 22 juillet 2020

Le Donbass ou l'impossibilité d'épuiser les conflits post-modernes



Le 17 juillet 2019, le groupe de contact de Minsk était parvenu à tomber d'accord sur l'importance d'un cessez-le-feu entre Kiev et le Donbass, qui devait, formellement, entrer en vigueur le 21 juillet 2019 au matin. Un cessez-le-feu pour une période illimitée, c'est une tentative de mettre fin de facto à un conflit. Faire taire les armes pour ensuite trouver une solution. Dès le lendemain de l'accord, l'armée ukrainienne a repris les hostilités et les données publiées par la jeune république de Donetsk (DNR) soulignent à quel point l'on ne peut mettre un terme à un conflit lorsqu'il n'est pas épuisé, dans ses diverses dimensions. L'on ne peut qu'épuiser la population, en le laissant traîner, devenir une nouvelle normalité pour des enfants, qui déjà ont passé 6 ans de leur vie sans connaître la paix. Certains d'entre eux n'ont jamais rien connu d'autre. Combien de temps encore va-t-on confortablement se cacher derrière un discours de paix pour ne pas avoir à assumer une réalité dérangeante? Ni Kiev, ni ses curateurs, n'ont besoin d'une paix dans le Donbass; ils mènent une politique de terreur et d'usure contre la population civile.
Un an après, DNR publie un compte-rendu de ce cessez-le-feu, en voici les grandes lignes en français.


Il y a un an, le groupe de Minsk avait décidé de l'importance pour les parties au conflit, à savoir Kiev et le Donbass, de formaliser un cessez-le-feu, de sanctionner les violations qui auraient lieu, de s'abstenir de toute mesure offensive et de placer de l'artillerie lourde dans les villages et à proximité des écoles, hôpitaux et ouvrages civils.

Le 20 juillet 2019, DNR a adopté une déclaration de cessez-le-feu, ce qui n'a pas été fait par Kiev. Comme nous le voyons, les cessez-le-feu unilatéraux ne sont pas viables.


Selon le schéma, en orange la quantité d'armement interdit par les accords de Minsk utilisés et en bleu le nombre de violations du cessez-le-feu. A savoir, du 21 juillet 2019 au 20 juillet 2020 l'on compte en tout l'utilisation de 10 102 armements interdits et 3879 violations du cessez-le-feu, dont plus d'un tiers avec recours à l'artillerie et aux lances-mortier. Cela sans compter le recours aux blindés (9316 unités) ou encore l'artillerie légère. En tout, l'on compte, l'utilisation de 34 189 munitions de divers calibres et natures. 

D'une manière générale, l'on observe deux pics d'activité dans cette période. Le premier, en octobre 2019, correspond à la préparation d'un sommet à Paris avec les dirigeants français, allemand, russe et ukrainien dans le cadre du Format Normandie et la relance du discours sur un statut spécial pour le Donbass. Alors des manifestations sont organisées à Kiev "contre la capitulation devant Moscou", parallèlement à la reprise de l'offensive. Le second pic d'activité se situe en mars-avril 2020, lorsqu'une tentative de sortie pacifique est faite et que l'espace d'un instant Kiev entrevoit la possibilité d'un discours direct avec les représentants du Donbass. Autrement dit, à chaque fois qu'une légère avancée politique surgit à l'horizon, le conflit militaire s'intensifie sur le terrain.

L'OSCE a noté la présence, lors de cette période, de 1937 unités d'artillerie lourde, comme des tanks ou lance-missiles. Rien qu'au printemps 2020, l'on compte plus de 500 unités situées en violation de la ligne de séparation.

Les pertes humaines affichées pour cette 6e année de conflit sont relativement peu importantes, car la technique utilisée n'est pas celle d'une guerre classique : 5 morts, 60 blessés. Cela est particulièrement significatif des conflits post-modernes : il n'est médiatiquement pas jouable de mener des opérations avec d'importantes pertes civiles, surtout que les images peuvent fuiter. Nous sommes à l'époque des guerres médiatiques et "propres", presqu'humanitaires. Les guerres post-modernes ne tuent plus, elles "sauvent". C'est en tout cas la soupe, même refroidie, régulièrement resservie par les médias en appui des politiques. C'est plus une guerre d'usure qui se mène.

Les pertes matérielles sont plus importantes, surtout si l'on se souvient que le cessez-le-feu est en vigueur. 37 habitations ont été détruites, 753 touchées, 121 sites d'infrastructures civiles vitales et 17 moyens de transport.

Lorsque l'on voit ces chiffres, l'on comprend parfaitement que Kiev dans le Donbass mène une politique de terreur contre la population. Par ailleurs, l'on ne peut qu'être d'accord avec la conclusion de ce rapport quant à l'absence totale de volonté de l'Ukraine à trouver un compromis. L'Ukraine post-Maïdan, et surtout ses curateurs, ont besoin de faire traîner le conflit, car sur le plan géopolitique, c'est une épine dans le pied de la Russie. C'est un des éléments de la construction de l'image de l'ennemi, indispensable au conflit primaire pour un monde unilatéral ou multilatéral, dont découle celui du Donbass.

2 commentaires:

  1. Ici sur DI, un exemple d'une modalité de cette guerre (de l'information, propagande donc), payés par l'EU et les USA entre autres:

    http://www.donbass-insider.com/fr/2020/07/07/pris-dans-le-piege-pour-lequel-ils-ont-paye-les-operations-dingerence-de-lukraine-contre-leurope-partie-1/

    http://www.donbass-insider.com/fr/2020/07/15/pris-dans-le-piege-pour-lequel-ils-ont-paye-les-operations-dingerence-de-lukraine-contre-leurope-partie-2/

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    1. Merci pour cette excellente référence.

      À suivre.

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