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vendredi 27 août 2021

"Plateforme de Crimée" : quand l'Occident reconnaît avoir perdu la Crimée


Tout a un prix, les révolutions de couleur aussi. L'Occident l'a appris à ses dépens avec l'organisation du Maîdan en Ukraine, qui a entraîné pour de pays la perte définitive de la Crimée et un conflit à l'Est dans le Donbass, dont le retour semble de plus en plus compromis après tant de sang versé en raison de l'agression militaire de sa propre armée contre son propre peuple. Mais l'Occident ne peut reconnaître cette défaite, il faut un responsable et la "Plateforme de Crimée", organisée en Ukraine par ceux-là mêmes qui ont causé le démembrement du pays, doit pointer le responsable - la Russie. Cette Plateforme n'est finalement qu'une démonstration de faiblesse de plus, une crispation face au refus de prendre ses responsabilités.

Suite au Maîdan organisé par les forces Atlantistes et soutenu par les pays européens en 2014 en Ukraine pour définitivement trancher les liens entre l'Ukraine et la Russie, l'Etat comme structure s'est effondré, la Cour constitutionnelle a été suspendue, des hommes en armes ont remplacé les députés, un Président s'est autoproclamé, les opposants au Maidan ont été persécutés. La Crimée a donc fait sécession, ce qui est légal lorsque l'Etat n'existe plus, et est entrée dans le cadre de la Fédération de Russie (voir notre texte ici).

C'est bien en raison de l'organisation de ce Maidan par les Etats-Unis et les pays européens alignés, que l'Ukraine a perdu la Crimée. Et légalement perdu - car le Maidan a fait chuter l'Etat en Ukraine.

Ce n'était pas la première révolution de couleur, mais c'est la première fois que les organisateurs ont eu un prix à payer pour leurs actions. Et c'est justement ce qui ne passe pas depuis 2014. Ils refusent cette responsabilité.

Puisque l'agenda international passe et rien ne change, ces mêmes forces ont organisé un forum à Kiev, pour remettre la question de la Crimée à l'ordre du jour international. Il serait bien naïf de penser que l'Ukraine, seule, comme "grande puissance diplomatique", ait pu d'elle-même faire venir 46 pays et organisations internationales.

Pour parler et finalement, rien de plus. Car rien de plus ne peut être fait. Ce n'était qu'une mise en scène de plus autour du thème fédérateur et indiscutable de la mythique "agression russe", mythe fondateur de l'ordre global. Et la presse publique française joue ici parfaitement son rôle, par exemple dans ce magnifique morceau de propagande sur RFI

"Pour la première fois, au niveau international, la Russie est reconnue comme un État occupant, et selon le droit humanitaire international, elle doit arrêter les violations des droits de l'homme en Crimée occupée, et doit autoriser un accès illimité aux organisations internationales humanitaires."

Le problème pour eux, est que la Russie n'est pas "reconnue" justement comme "Etat occupant", dans le sens juridique du terme - ce n'est qu'une déclaration politique de plus et donc aucun "droit humanitaire international" et encore moins aucun droit international ne peut être appliqué contre la Russie sur ce point. Juridiquement, justement, lorsque l'on détruit un système étatique, ses composantes sont libres - puisqu'il n'y a plus d'Etat. Et même le Conseil de l'Europe qui est souvent mis à contribution dans ce jeu a beaucoup de mal avec les considérations juridiques (voir notre texte, par exemple, ici).

Faute de fondement juridique, la Crimée étant bien russe, il faut faire du bruit politique et médiatique. La "Plateforme de Crimée" est bien là pour à la fois que personne ne pose la question de la responsabilité des Etats-Unis et de l'UE dans la dislocation de l'Ukraine et pour que tous ces pays alignés n'oublient pas que l'ennemi officiel - c'est la Russie.

Suite à ces deux jours de grand-messe, une déclaration commune a finalement été adoptée, qui en fait n'apporte rien à ce qui existe déjà:

1. Continuer à ne pas reconnaître la Crimée, comme faisant partie de la Russie - c'est déjà le cas.

2. Analyser la possibilité d'adopter des mesures restrictives (sanctions) politiques, diplomatiques, économiques ou autres contre la Russie - c'est déjà le cas.

3. Faire face aux mesures hybrides et divers dangers découlant de la militarisation constante de la Crimée - rien de nouveau, sur le "front" de la "menace russe".

4. Exiger de la Russie la fin de la violation des droits en Crimée et l'accès à un monitoring régional et international - ce discours dure depuis des années devant l'ONU, l'UE ou le Conseil de l'Europe (voir par exemple, notre texte ici).

Une attention particulière, selon le site américain radio Liberty, a également été portée à la question de la mer Noire, surtout après l'échec patent de la dernière tentative de provocation contre la Russie par le navire britannique Defender lors des derniers exercices militaires de l'OTAN dans la région (voir notre texte ici).

Cette Plateforme est finalement un aveu de défaite - cela fait déjà combien d'années que la Crimée est en Russie en conséquence de ce Maîdan, et rien n'y fait, ni la pression internationale, ni les provocations, ni les sanctions. La défaite est totale.

Il faut bien faire quelque chose, sachant qu'une intervention militarisée, quelle que soit sa forme est manifestement exclue. L'on reste donc dans la manipulation, les chansons de geste ... et la tentative d'acheter. Ainsi, 5 pays (la Grande-Bretagne, le Canada, la Suède, la Suisse et évidemment les Etats-Unis) ont décidé de constituer un Fond pour lutter contre l'influence de la Russie dans le Sud et l'Est de l'Ukraine :

"Aujourd'hui à Kiev, ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni pour le voisinage européen Mme. Wendy Morton a annoncé la création d'un nouveau partenariat pour la Fondation ukrainienne forte.
Le Royaume-Uni, le Canada, la Suède, la Suisse et les États-Unis contribueront à atténuer l'impact déstabilisateur de la Russie dans les régions du sud et de l'est de l'Ukraine.
Le Fonds du Partenariat pour l'Ukraine forte va commencer ses travaux d'ici décembre 2021 et vise à attirer jusqu'à 35 millions de livres de donateurs d'ici trois ans.
Le financement sera destiné à des initiatives visant à renforcer les capacités des régions touchées par le conflit, telles que fournir des conseils techniques aux autorités ou fournir des investissements de subvention qui créent des opportunités économiques et améliorent l'accès aux services publics pour les résidents du sud et de l'est de l
Cela devrait permettre d'améliorer la qualité des services publics, d'augmenter les revenus des familles et d'augmenter les liens entre les communautés divisées en conflit."

Au-delà de l'aide "technique" et des "subventions" pour ces régions, il faut également préciser que le Sénat américain a adopté le projet de loi de partenariat avec l'Ukraine dans le domaine de la sécurité, qui prévoit de porter l'aide américaine annuelle à l'Ukraine à 300 millions de $, notamment en ce qui concerne les armes létales.

Dans le combat géopolitique, l'Ukraine reste bien l'un des angles privilégiés d'attaque contre la Russie, quel que soit le prix à payer par les Ukrainiens. Et il est particulièrement lourd. Ironie du sort, l'Ukraine fêtait les 30 ans de son indépendance ... en étant totalement soumise à un diktat extérieur. Illustration de la Parade de "l'indépendance totale de l'Ukraine" à Kiev en 2017, où les soldats américains défilaient :


Et la population réagit de manière différente aujourd'hui, certains saluent l'Ukraine avec le "Jour de la dépendance", diffusant des photos des militaires américains :


Un jour, nous parlerons peut-être de la "déoccupation" de l'Ukraine ...




 

 

9 commentaires:

  1. Pauvre Ukraine, le pire est que je ne vois pas comment elle pourrait sortir de ce bourbier avec un bouffon à la tête du pays.

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  2. Bonjour, "plateforme de Crimée" pas un mot des participants sur la fermeture, dès 2014, du canal qui alimentait en eau le Nord de la Crimée...
    Concernant le Donbass la situation est mentionnée dans un rapport de l'Unicef:
    UNICEF is releasing Water Under Fire volume 3, a report that highlights the issues children face in accessing water in times of war. The report demonstrates the humanitarian impact on children through case studies from Iraq, State of Palestine, Syria, Yemen, and Ukraine. Attacks on water, sanitation services and staff must stop.
    https://www.unicef.org/media/98976/file/Water%20Under%20Fire%20%20%20Volume3.pdf
    "Since 2017 there has been
    380 attacks on water, with 4
    incidents already taken place in
    2021. Every 4 days on average,
    conflict-related incidents affect water
    infrastructure near the front line."
    "88 conflict-related water and
    sanitation incidents were
    reported in 2019 alone, leading
    to 44 days of water supply
    stoppages."

    KG.

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  3. C'est drôle, mais cela me fait rappeler aux "101" amis (félons) de la Syrie; bref, on connait la suite. Triste et pitoyable Occident !!!!!

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  4. Magnifique morceau de propagande, en effet, et rien de nouveau, hélas, sur le front de la menace russe.

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  5. La gesticulation occidentale; un effet de manche.
    Mais en réalité un aveu de leur impuissance.

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  6. Olivier MONTULET28 août 2021 à 01:55

    La population fuit l'Ukraine en déliquescence et essentiellement pour se réfugier en... Russie. Chercher l'erreur.

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  7. La Russie a tout son temps et a tout intérêt à laisser l'Ukraine sombrer toute seule. Le gouvernement ukrainien aux abois en est réduit à faire la mendicité auprès des instances internationales. L'abandon de l'Afghanistan par les USA préfigure ce qu'il va arriver. Quand les Ukrainiens en seront à faire les poubelles pour survivre, le comique de service qui leur sert de président sera prêt à tout pour signer ce que le Kremlin leur demandera. Echec et mat sans bouger un seul pion.

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  8. Comment une telle entreprise de destruction d'un État européen peut-elle se produire sans que la presse dominante s'en saisisse ? Si, après plus de sept ans, les voix comme la vôtre n'arrivent pas à faire la une des principaux journaux, c'est qu'il y a une volonté manifeste de les faire taire, un aveuglement volontaire et complice.

    Je demeure persuadé que, si les peuples d'Europe et d'ailleurs sur cette planète étaient bien informés, il y a longtemps que leurs gouvernements auraient dû rendre des comptes et agir en pleine lumière sans manquer autant à leurs responsabilités envers les Ukrainiens.

    Si la démocratie signifie encore quelque chose, il ne suffit pas que les dirigeants soient élus, mais qu'ils gouvernent avec le consentement éclairé de ceux qu'ils représentent. Et pour que ceux-ci soient bien informés, la presse doit jouer son rôle qui consiste à être leur porte-parole et à dénicher les vérités, surtout celles qui dérangent. N'est-ce pas pour ce rôle essentiel qu'une presse libre doit être protégée et qu'on la dote de droits conséquents ?

    Je n'ose penser au jour où une majorité de gens prendront conscience d'être piégés par la forfaiture d'une presse complice du pouvoir.

    _________________
    Bellefontaine

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  9. Si l'on y pense, le processus a été exactement le même pour la France, quoique plus ancien et plus lent : opposition factice au 'grand frère' allemand sur fond de nationalismes obtus, puis 'libération' providentielle par les puissances Thalassocratiques (R-U et USA), pour aboutir à la dépendance totale actuelle vis-à-vis d'une 'Europe' inféodée au Mondialisme

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