En déposant un projet de résolution parlementaire demandant au Président russe de reconnaître officiellement les républiques autonomes de Donetsk et de Lougansk, les députés communistes obligent à clarifier le débat politique intérieur, à ce jour très ambigu sur la question. Car si la Russie soutient effectivement ces républiques, surtout sur le plan humanitaire et technique, elle s'accroche de toutes ses forces, et au-delà semble-t-il du raisonnable, aux moribonds accords de Minsk, largement foulés aux pieds par l'Ukraine. Les autorités russes, ainsi, refusent à ce jour d'envisager toute reconnaissance officielle ou encore pire, une possible intégration du Donbass. Mais cette position défensive est-elle encore adaptée à la situation géopolitique ?
Des députés communistes ont hier, 19 janvier 2022, déposé un projet de résolution parlementaire, dans lequel ils demandent au Président russe Vladimir Poutine de reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougasnk comme, je cite, "des Etats démocratiques, souverains et indépendants". Les députés estiment, que ces dernières années, sur la base de la volonté populaire, des véritables organes étatiques ont vu le jour, faisant de ces structures des Etats légitimes.
La dimension sécuritaire est particulièrement présente dans le projet de résolution, puisque selon les auteurs, cette reconnaissance serait une véritable protection pour les populations civiles, qui sont actuellement confrontées à danger réel de génocide.
Cette initiative a provoqué un véritable tsunami politico-médiatique, un vent de panique s'est levé, montrant bien que, malheureusement, elle a très peu de chances d'aboutir. La politique défensive de la Russie sur la question du Donbass, avec le temps, l'a conduite à totalement intégrer le discours globaliste, à avoir peur de ne pas froisser, de ne pas se faire critiquer, comme si les critiques diffusées contre elle pouvaient être rationnellement endiguées par une politique "d'autocontainment". Son discours est totalement centré sur les déclarations défensives, répétant plusieurs fois par semaine qu'elle ne va pas "agresser" l'Ukraine ... quand l'armée ukrainienne, aidée par de plus en plus de "consultants" de l'OTAN, armée par les pays de l'OTAN masse des forces sur la ligne de front. Comment continuer à s'accrocher aux accords de Minsk dans ces conditions ? S'ils sont bafoués par la partie centrale, l'Ukraine, ils n'existent plus. Un accord international bilatéral est existant, tant qu'il est appliqué d'une manière plus ou moins systémique par les deux parties, sinon il ne s'agit plus que d'une prise unilatérale d'obligation.
Ainsi, le vice-président du comité de la Douma pour les affaires de la CEI et de l'intégration eurasienne est immédiatement monté au créneau, pour montrer patte blanche, mais celle du mouton qui veut faire comprendre au loup qu'il est gentil et donc qu'il n'est pas nécessaire de mordre. Assez surprenant comme ligne politique ... Selon Viktor Vodolatsky, la proposition des députés communistes tombe mal, car elle risque de provoquer des critiques à l'égard de la Russie, alors qu'elle cherche à obtenir de très improbables garanties de sécurité, qui ont déjà pour l'essentiel, de toute manière, été refusées. Je cite :
"Il me semble qu'aujourd'hui est il important d'obtenir des décisions plus fondamentales, que nous avons formulées dans nos exigences. Une déclaration de reconnaissance de DNR et LNR pourrait conduire les négociateurs du côté des Etats-Unis et de l'OTAN à qualifier la Russie d'agresseur et l'accuser de vouloir récupérer la moitié de l'Ukraine"
Peut-être Viktor Vodolatsky n'est-il pas au courant que la Russie est déjà qualifiée d'agresseur, qu'elle est déjà accusée de vouloir envahir l'Ukraine, que les lignes rouges, comme l'interdiction de l'élargissement de l'OTAN à l'Est, ont déjà été rejetées d'un revers de main par les Etats-Unis et l'OTAN. Peut-être, simplement, n'est-il pas au courant ? Sinon sa position serait surprenante. Comment, en effet, refuser a priori par peur d'un "nouveau" danger qui existe déjà, une décision stratégique pouvant jouer à long terme, qui donnerait immédiatement du poids justement pour des négociations difficiles, qui ne sont rien d'autre qu'un rapport de force direct entre la Russie et les Etats-Unis, dans lequel chacun joue sa vision du monde ?
Il serait bon d'y réfléchir en tout cas.
La question qui est donc posée est ainsi : "Que se passerait-il au niveau de la géopolitique internationale si la Russie reconnaissait officiellement les républiques du Donbass ukrainien ?".
RépondreSupprimerBien qu'elles ne soient pas reconnues par les membres de l'ONU, la reconnaissance russe de ces républiques est tacite puisque la Russie aurait déjà distribué plus de 600,000 passeports russes à leurs habitants au nombre de 4 millions à la louche. Mais ce nombre de passeports ne représente qu’un sixième de la population, ce qui fait somme toute assez peu pour se lancer comme en Crimée dans un référendum d'autodétermination et une demande formelle de la protection de Moscou. La Russie n’a pas grand intérêt pour le moment à choisir cette tactique.
Que feraient les USA dans le cas où la Russie annexe pacifiquement les deux républiques de Donetsk et de Lougansk ? Rien je suppose, il y aurait bien entendu des énervements à Kiev mais rien de plus. Je ne pense pas que les USA aient tant d'intérêts que cela dans cette partie du monde...Et si l’OTAN décide d’une réaction militaire sous un prétexte bidon, il y aura à la clé une raclée militaire largement prévisible et très mémorable, sans compter le soutien inconditionnel du peuple russe pour la protection du Donbass.
Les paris sont ouverts.
Mon petit doigt me dit que la montagne médiatique va encore accoucher d’une souris virtuelle…
C'est le plus mauvais moment pour reconnaître ces 2 républiques. Les russes les reconnaîtront, c'est certain, ils feront même mieux que ça, mais en temps voulu.
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RépondreSupprimerLe vrai problème vient de la Russie, en interne beaucoup d'oligarque au pouvoir, sont dans le clan Anglos saxon CQFD
Vous censurez mes messages ?
Bonjour, ce blog est un espace personnel, donc oui, je filtre. Votre précédent message n'a pas été publié, car la formulation était totalement caricaturale. Il y a suffisamment d'endroits pour publier des caricatures contre la Russie sur le net. En ce qui concerne ce commentaire, oui, c'est le plus grand poblème de la Russie aujourd'hui, même si personnellement je parlerais plus de ses élites que de ses oligarques.
SupprimerLe projet de résolution parlementaire du parti communiste ne met-il pas la charrue devant les bœufs ?
RépondreSupprimerNe serait-ce pas bousculer l'ordre des choses que d'amorcer la solution du conflit en procédant d'emblée à l'intégration du Donbass ? Les Républiques du Donbass ne doivent-elles pas d'abord déclarer elles-mêmes leur indépendance ?
Le refus de Kiev, malgré son engagement formel de mettre en œuvre les accords de Minsk qui sont pourtant intégrés au droit international par la résolution de l'ONU, ne permet-il pas aux Républiques de s'affranchir de plein droit de l'Ukraine ? Moscou pourrait ensuite reconnaître leur indépendance, comme ce fut le cas pour l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie après le coup de Saakachvili, et envoyer des troupes pour assurer leur défense. Ce qui serait presque un devoir humanitaire.
C'est devenu un comble de l'absurde de voir que la Russie est le seul pays à défendre l'intégrité de l'Ukraine par son soutien des accords de Minsk alors qu'on l'accuse de vouloir la dépecer. Et qui plus est, elle le fait contre la volonté des pseudo-garants que sont la France et l'Allemagne et de l'Ukraine elle-même.
Un mois après le dépôt des exigences de Moscou, les Occidentaux n'ont rien apporté d'autre à la discussion que des accusations infondées et des menaces de sanctions. J'ose croire que la stratégie russe consiste à leur donner assez long de corde pour qu'ils se pendent eux-mêmes tellement leurs arguments ne tiennent pas la route. Ce qui signifie que les échanges doivent tenir encore le temps de mettre en évidence la vacuité de leur politique et que l'impasse soit complète.
Quand il n'y aura plus de motif à la discussion, il faudra agir et ce moment n'est peut-être pas si loin.
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Bellefontaine
merci pour votre reponse , perso je ne suis surtout pas anti russe , mais pour faire bouger les choses un peu de provoque marche toujours ,long vie a vous . cordialement
RépondreSupprimerBonsoir. Quelles sont les attentes déclarées sur cette question des citoyens (référendum ?) et autorités des 2 républiques autonomes du Donbass ? Ont-elles fait une demande de reconnaissance par la Russie ? Pour ce que je peux en savoir, on peut effectivement penser, vu de loin, qu'une reconnaissance sans stratégie d'intégration à terme ne serait qu'un vœu (pieu ?) pouvant nuire à celle de la Russie qui semble être – pour le moment - celle de la défensive et de la diplomatie opiniâtres tant que certaines lignes rouges ( lesquelles au juste ?) n'auront pas été franchies par les provocateurs bellicistes occidentaux qui précisément font tout leur possible pour que la Russie tombe dans leur piège grossier de l’agression. La reconnaissance des 2 républiques sans processus préalable de demande d’intégration de leur part ne pourrait être interprétée que comme telle. Sachant que la Russie ne les abandonne pas à leur triste sort.
RépondreSupprimer"en interne beaucoup d'oligarque au pouvoir, sont dans le clan Anglos saxon CQFD"
RépondreSupprimerLa raison viendrait-elle du fait que ces oligarques & ces élites, dépendent du système financier anglo-saxon pour la gestion et la conservation de tout ou partie de leur fortune.
Evidemment , les oligarques mettent une grande partie de leur avoirs à l'étranger dans des pays sûrs comme UK , USA , BVI , Monaco car ils savent très bien que si demain ils ne plaisent plus à Poutine ils perdront tout , malgré " l état de droit " en Russie.
SupprimerAu sujet du respect des accords de Minsk par la Russie voici une affaire de corruption jugée par le tribunal de Rostov où il est question , par la justice russe , de l'approvisionnement en nourriture de l'armée russe présente dans le Donbass .
RépondreSupprimerhttps://archive.md/CWP6m
Bonjour.
RépondreSupprimerN'est ce pas un peu tôt ? Les deux républiques n'ayant pas le contrôle total de leur territoires respectifs , il serait idiot de les reconnaitre maintenant, car elles seraient amputées de 40 ou 50 % , donc en guerre pour récupéré ces zones occupées ?