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jeudi 19 mai 2022

Russie : le Parlement systématise le processus de déglobalisation et le retour à la souveraineté


La Russie continue à remettre en cause le bien-fondé a priori de son engagement entier dans le monde global, question qu'il était impensable de soulever il y a encore quelques semaines de cela. Le Parlement va faire l'état des lieux des conventions internationales dont la Russie est partie et les analyser individuellement, pour voir s'il est opportun de les conserver. C'est bien une reprise en main souveraine, qui se déroule sous nos yeux. 


Le député russe Piotr Tolstoï a annoncé sur son canal Telegram, que le Ministère russe des Affaires étrangères a transmis à la Douma d'analyser la liste des conventions internationales ratifiées par la Russie, il y en a 1342 pour cette dernière dizaine d'années.

Il ne s'agit pas de formellement jeter un oeil sur ce qui a été signé et ratifié, mais d'analyser pour chaque acte son actualité et l'intérêt qu'il présente pour le pays. Ce dernier point surtout étant particulièrement subjectif et va dépendre de l'orientation idéologique de chaque député, cela promet de beaux débats. En tout cas, la réflexion est lancée et le caractère a priori bénéfique de l'inclusion de la Russie dans l'ordre global, qu'il était hors de question de remettre en cause, n'est enfin plus un tabou. L'on met ainsi fin au postulat selon lequel, en soi, toute participation en bonne.

Par cette démarche, la Russie reprend en main sa souveraineté, puisqu'elle reprend en main le contenu de son ordre juridique. En effet, comme le souligne Tolstoï, cette démarche est d'autant plus importante, que beaucoup de ces actes internationaux ont des incidences directes sur le contenu de la législation russe. Ainsi, en conséquence, les comités compétents de la Douma vont devoir analyser la législation nationale correspondante.

Ceci s'inscrit dans la démarche de déglobalisation institutionnelle lancée en Russie depuis qu'elle a décidé de réagir et de défendre ses intérêts contre les agressions ukrainiennes répétées. 

"En outre, nous sommes confrontés à la tâche d'évaluer l'opportunité de la présence de la Russie dans les instances supranationales et les organisations internationales. Nous nous sommes déjà retirés du Conseil de l'Europe et, en avril, le président de la Douma d'État, Viatcheslav Viktorovitch Volodine, a chargé les commissions compétentes, d'étudier avec des experts la question de l'opportunité de la présence de la Russie à l'OMC, à l'OMS et au FMI puisque que ces organisations ont déjà violé toutes leurs propres règles concernant notre pays."

A travers les processus qui se développent en Russie ces dernières semaines, l'on voit bien toute la dimension idéologique et civilisationnelle du combat, qui se mène aujourd'hui contre l'Atlantisme en Ukraine. 

25 commentaires:

  1. Cela fait vraiment plaisir à lire. La République mondiale de Platon n'aura pas lieu. Dostoïevski et Berdiaev n'auront pas vécu pour rien.
    Autre question qui n'a rien à voir : que se passe-t-il avec ces ingrats de Kazakh ?

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    1. Il semble qu'il s'agisse de contrôle de l'espace aérien, où le trafic ukrainien y était dévié.
      Il se peut également qu'il s'agisse de déstabiliser la région à proximité d'un autre pivot géostratégique russe, l'Ouzbekhistan (Ukraine de l'Est russe).

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  2. J'espère que le président de la Douma d'État,n'oubliera pas l'UNESCO

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    1. Mais surtout sortir de toutes les instances sportives mafieuses qui ne cessent de vouloir humilier la Russie par leur exclusion des compétitions internationales (actuellement) et de les avoir priver de leur drapeau, de leur hymne national pour celles antérieures .

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  3. oui, la guerre menée par les Etats-Unis accélère la démondialisation. C'est aussi la thèse de Sapir qui avance que non seulement le PIB russe ne va pas s'effondrer, mais qu'il y a déjà depuis quelques années une réorientation de l'économie russe vers plus de souveraineté et vers plus de relations avec les pays qui sont en dehors du blog occidental
    https://www.les-crises.fr/comprendre-les-dilemmes-de-l-economie-russe-aujourd-hui-jacques-sapir/
    L'exemple type de l'abrutissement occidental, c'est l'abandon de Renault, voilà une usine clé en main qui coûte un rouble et qui va pouvoir produire des automobiles, diminuant la dépendance russe dans ce secteur

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  4. https://www.les-crises.fr/comprendre-les-dilemmes-de-l-economie-russe-aujourd-hui-jacques-sapir/
    Les sanctions ne semblent guère avoir d'effet sur l'économie russe, qui a les capacités de se recentrer sur elle même, et qui peut travailler avec les autres pays qui ne sont pas dans le bloc occidental.
    L'aveuglement de ce bloc est bien représenté par la vente de Renault pour 1 rouble ! Ce qui permet aux Russes d'avoir une bonne usine pour rien pour produire des voitures !

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  5. Le grand signal serait un retrait de l’ONU .

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    1. !!!! surtout pas puisqu'ils ont le droit de veto, sinon les chinois se retrouveraient tous seuls.

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    2. Exact !
      L'intelligence consiste à se retirer seulement des instances qui ne présentent aucun intérêt.

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  6. Quelle belle nouvelle !

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  7. Si cette déglobalisation commencée en Russie poursuit son élan, le monde entier lui en saurait gré, sauf des ingrats bien sûr. La GLOBALISATION, avec les inégalités extrêmes qu'elle n'a de cesse d'engendrer partout y compris aux USA et constamment dénoncées par des ong, est un fléau pire que le covid19.

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  8. Genial. Cesser de nourir les parasites.

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  9. Ah si on pouvait systématiser le processus le débêtisation...!

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    1. Cela demandera plus de temps, hélas!

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  10. il est temps que le monde s'oriente différemment pour faire face aux contraintes du bloc états-unien.

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  11. Aurait-on peur du changement ?

    Devra-t-on s'étonner si une révision des conventions internationales d'une telle ampleur entraîne in fine un nouvel ordre mondial ? L'opération spéciale en Ukraine aura été le catalyseur qui a mis clairement en évidence les désaccords internationaux irréconciliables entre l'Occident et le reste du monde. Il ne sert à rien de se désâmer pour rafistoler ce qui ne peut marcher.

    Cette révision législative me semble parfaitement congruente, peut-être essentielle, avec l'engagement solennel des présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping (1) du 4 février 2022 à Pékin : « Déclaration conjointe de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine sur les relations internationales et le développement durable mondial à l’aube d’une nouvelle ère. »

    On n'a qu'à lire le paragraphe introductif du document pour saisir l'importance de l'engagement et imaginer ce qu'il peut entraîner comme changement :

    « La Fédération de Russie et la République populaire de Chine, ci-après dénommées les parties, déclarent ce qui suit :

    « Aujourd’hui, le monde connaît des changements considérables et l’humanité entre dans une nouvelle ère de développement rapide et de transformation profonde. Elle voit se développer des processus et des phénomènes tels que la multipolarité, la mondialisation de l’économie, l’avènement de la société de l’information, la diversité culturelle, la transformation de l’architecture de la gouvernance mondiale et de l’ordre mondial ; il existe une inter-relation et une interdépendance croissantes entre les États ; une tendance à la redistribution du pouvoir dans le monde s’est dessinée ; et la communauté internationale manifeste une demande croissante de leadership visant un développement pacifique et progressif. Dans le même temps, alors que la pandémie du nouveau coronavirus se poursuit, la situation en matière de sécurité internationale et régionale se complique et le nombre de défis et de menaces planétaires augmente de jour en jour. Certains acteurs, qui ne représentent qu’une minorité à l’échelle internationale, continuent de préconiser des approches unilatérales pour traiter les questions internationales et de recourir à la force ; ils s’immiscent dans les affaires intérieures d’autres États, portant atteinte à leurs droits et intérêts légitimes, et incitent aux contradictions, aux différences et à la confrontation, entravant ainsi le développement et le progrès de l’humanité, contre l’opposition de la communauté internationale. »

    Ajoutons-y un peu de sagesse ancienne, comme dans cette conversation entre un vieux chef Cherokee et son petit-fils :

    — Il y a un grand combat qui se passe à l'intérieur de nous tous, dit le grand-père. Et c'est un combat entre deux loups; l'un est le mal, il est colère, envie, culpabilité, tristesse et ego, et l'autre est bon, il est joie, amour, espoir, vérité et foi.

    — Quel est le loup qui gagnera ?

    — Celui que tu nourris.

    ________________
    Bellefontaine

    (1) Version originale anglaise publiée par le Kremlin : http://en.kremlin.ru/supplement/5770

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    1. @Bellefontaine : Excellent commentaire comme d'habitude, merci :)

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    2. C'est bien gentil cher Camembert,

      Mais c'est Madame Bechet-Golovko qu'il faut remercier pour ouvrir cet espace de partage et de questionnement. Comme le dit si bien Stanislas Dehaene parlant de l'évolution, chez Homo sapiens, c'est grâce au langage que les idées peuvent sauter d'une tête à l'autre.

      Les commentaires qu'on peut faire ici ne sont que l'écho de ce qu'elle provoque en nous.

      Merci Madame Bechet-Golovko.
      ________________
      Bellefontaine

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  12. Cette nouvelle orientation de la Russie va faire plus d'un jaloux, moi, en l’occurrence, coincé dans ce pays siège du mondialisme otanesque et de ses dépendances west-européennes: la Belgique. Rien que de lire ou entendre le mot Bruxelles, j'en attrape la nausée, cette ville étant devenue le symbole même de la négation de l'Humanité. Moscou, à l'aide!

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  13. A la différence de Karine il le semblait clair depuis une dizaine d'années que ceci allait arriver.

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  14. dossier sur les exactions de azov en ukraine
    https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/1811_ukr_violences_groupes_ultranationalistes_0.pdf

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    1. MERCI pour ce lien - pas n'importe lequel - relatif aux EXACTIONS DE AZOV EN UKRAINE ! De 2014 à 2018 des organisations, telles Amnesty internationale et OSCE avaient des informations fiables sur la situation tragique infligée aux pro-russes par les extrémistes ukrainiens. La France aussi a eu accès à ces infos ... En bref, il y a lieu de considérer que :
      1) le KREMLIN n'a pas menti quand il parle de NÉO-NAZIS à combattre
      2) Se battre en faveur des pro-russes à l'Est de l'Ukraine apparaît dès lors comme salvateur (venir au secours des opprimés).
      --- LISEZ ET FAITES LIRE CE DOCUMENT du lien ci-dessus ---

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  15. Qu'un état se préoccupe de faire le ménage dans ses traités, convention et corpus législatifs est une bonne chose car la complexité coûte cher, et c'est probablement ce qui a motivé Medvedev à supprimer un gros paquet de lois obsolètes (je ne me souviens plus du nombre, quelque chose comme 10,000 ou 20,000) il y a quelques années. La France compte plus de 400,000 textes de lois pour une population de 67 millions de personnes, autant dire que trop de lois tue la liberté et l'égalité, et que nous devrions faire quelque chose de similaire (ramener ce chiffre à 15,000 me paraît être un objectif raisonnable).
    Maintenant, dire que cela va remettre de la souveraineté dans le pays, et que cela va tuer la globalisation, c'est possible. Mais n'oublions pas que la globalisation a eu pour but en tirant le prix des matières premières et des produits finis vers le bas de créer des chaines logistiques mondiales qui ont profité à la Russie et à la Chine en priorité. Cela s'est fait au bénéfice des consommateurs occidentaux mais au détriment de leurs systèmes productifs et cela a fait exploser le chômage en UE et aux USA. Il convient de ne pas perdre de vue ces avantages et ces inconvénients de la globalisation. Les choses sont rarement binaires dans ce bas monde. :)

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  16. Rappelons avec Alexandre Douguine que le but déclaré du mouvement eurasiste est de constituer un grand bloc continental pour lutter à armes égales contre la puissance maritime "atlantiste" quireprésente le "mal mondial" entrainant le monde vers le chaos. Ainsi l'eschatologie se mêle à la géopolitique.

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  17. 😛Pour les USA, les Russes doivent respecter les "règles" c à d les leurs. En Ukraine ce sera donc " qui perd gagne" !
    🤣A la règle US "qui perd gagne", les russes répliquent par "qui sanctionnent perdent"

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