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lundi 24 juin 2024

Billet sébastopolien : on ne négocie pas avec les criminels


Hier à 12h15, l'armée atlantico-ukrainienne a lancé 5 missiles américains ATACMS sur les plages de Sébastopol. Un dimanche d'été. Plus de 150 personnes touchées dont une trentaine d'enfants, heureusement seulement 4 morts. 4 missiles ont été interpelés par le système de défense aérienne russe, un a explosé en vol, il contenait des sous-munitions pour toucher un maximum de civils. Voici la réponse apportée au "plan de paix" de Poutine. Il va bien falloir à un moment donné accepter cette réalité. 

Les pays atlantistes ne veulent pas de la paix, ils veulent la victoire. Ce qui implique la disparition au moins politique de la Russie, sinon physique. Hier, les Etats-Unis ont frappé les plages de Crimée, site stratégique militaire bien connu. Selon le communiqué publié hier par le ministère russe de la Défense :

"Aujourd'hui, à 12h15, une attaque terroriste délibérée a été menée contre la ville de Sébastopol par cinq missiles opérationnels et tactiques américains ATACMS équipés d'ogives à fragmentation.

Lors du refoulement de l'attaque de missiles par les forces de défense aérienne en service, quatre missiles américains ATACMS ont été interceptés. L'explosion de la tête à fragmentation du cinquième missile américain dans les airs a fait de nombreuses victimes parmi les civils à Sébastopol.

Toutes les missions de vol des missiles opérationnels et tactiques américains ATACMS sont saisies par des spécialistes américains sur la base de données de reconnaissance satellitaire américaines.

Par conséquent, la responsabilité de l’attaque délibérée de missiles contre des civils à Sébastopol incombe principalement à Washington, qui a fourni ces armes à l’Ukraine, ainsi qu’au régime de Kiev, depuis le territoire duquel cette attaque a été lancée."

Des familles sur la plage le dimanche, 27 enfants touchés. Comme on peut le voir, il s'agit des "cibles militaires stratégiques" dont l'Ukraine et l'Occident nous parlent.


 Comme le déclarent les autorités russes, que ce soit le Kremlin ou le ministère de la Défense :

"De telles actions ne resteront pas sans réponse."

L'ambassadrice des Etats-Unis a été convoquée au ministère des Affaires étrangères ce matin, où il lui a été signifié, que les Etats-Unis étaient considérés comme devenus partie au conflit et qu'ils portaient une responsabilité égale à celle de Kiev dans ce crime.

Puis nous entrons dans le registre macronien tristement (pour nous) célèbre du "Dans le même temps". Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov déclare, d'une part, que la Russie comprend qui est derrière les attaques contre la Crimée et que cela ne pourra rester sans réponse, sans oublier que la doctrine nucléaire de la Russie est en cours de modification pour tenir compte des nouvelles réalités. D'autre part, il fait cette réponse surprenante :

La proposition de paix de Poutine reste en vigueur après l’attaque des forces armées ukrainiennes contre Sébastopol.

Si l'on part du principe qu'un porte-parole porte effectivement la parole et ne la crée pas, cela veut dire que pour des raisons particulièrement obscures (en France l'on dirait "complexes"), ni le discours, ni la ligne politique au sommet de l'Etat n'ont changé, même après la réponse sanglante apportée au "plan de paix" de Poutine.

Même si les élites dirigeantes russes sont prêtes à discuter de paix, sans très bien savoir avec qui d'ailleurs, ce n'est pas forcément la peine de le crier sur tous les toits, surtout dans ces conditions. Une autre formulation, plus floue, n'aurait-elle pas pu être trouvée, que cette grosse Bertha médiatico-diplomatique du "on est toujours prêts à négocier" ? Surtout si réellement vous voulez avoir une chance de conduire des négociations, qui vous soient favorables, un peu plus de retenue serait la bienvenue.  

Par ailleurs, pour être convaincant, le changement de discours doit s'accompagner d'un changement d'axe politique. Soit il s'agit d'une opération militaire pour "sécuriser une zone" et mettre en place une parodie étatique en Ukraine (dans ce cas on discute, avant de se reprendre des missiles sur la tête), soit il s'agit de la libération de la Terre russe (dans ce cas on donne confiance à ceux qui se battent pour elle, donc on ne les négocie pas). 

Il est évident que la réponse à apporter à ces actes doit l'être sur le front. Les déclarations, même tonitruantes, n'effaceront pas la dette de sang. Pour autant, le discours politico-médiatique doit être, lui aussi, adapté aux nouvelles réalités. Il semble de plus en plus décalé et faible. Combien de fois n'a-t-on pas entendu "cela ne restera pas sans réponse", combien de fois a-t-on entendu prononcer cette étrange formulation des tirs en "réponse" comme s'il n'y avait pas de stratégie militaire, combien de "lignes rouges" - délavées avec le temps ? Le problème est-il rhétorique ou politique ? 

Si une réponse est annoncée, elle doit être compréhensible et dissuader de devoir être utilisée une seconde fois. Si une ligne rouge est tracée, elle doit être défendue pour être effectivement infranchissable. Sinon, les déclarations politico-médiatiques ne participent pas de la stratégie de dissuasion, au contraire elles affaiblissent leur auteur. Autrement dit, s'il n'est pas possible de faire ce dont on menace, il vaut mieux se taire. Car face à ces atermoiements, on voit le discours politico-médiatique dangereusement se polariser entre les deux extrêmes du "négocions la paix" et de la fantasmagorie de la guerre nucléaire. Pourtant, c'est entre ces deux radicalités, que l'on trouve tout un panel politique à développer. Mais pour cela, il doit s'appuyer sur une véritable volonté politique et vision stratégique à long terme. Une vision nationale et étatique.

En attendant, Sébastopol et la Crimée sont en deuil aujourd'hui. Et avec eux toute la Russie. Et avec nous, tous ceux qui espèrent la fin de cette dictature atlantiste criminelle et sanglante. Et nous sommes légion.


11 commentaires:

  1. Cette fois, le bombardement est signé USA.
    Ces tirs n'auraient pas pu être guidés sans l'avion sans pilote américain qui survole la Mer Noire.
    La moindre des représailles serait de l'abattre enfin, comme le font ... les Houthis. Eux ne parlent pas de paix et ils font la guerre. Ils ont même suffisamment frappé un porte-avions US pour que celui ci retourne aux USA.

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  2. Seul l'Amérique constitue une menace pour le monde entier.
    Français, je suis triste et dégouté de ce comportement Yankee..
    Il serait grand temps de prendre exemple sur les Houtis, peuple courageux qui n'a pas peur du grand satan

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  3. Luc 33
    Tout ce que vous dites est juste.
    Mais quelle immense tristesse de voir que les hommes politiques français, les médias français, les intellectuels français, l'église française et le peuple français endoctriné (au moins les 2/3 de celui-ci), ne font pas partie de cette légion.
    Et il y a une autre tristesse, qui vient de la quasi certitude qu'après les élections prochaines en France, quel qu'en soit le résultat, rien ne changera vraiment.

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    1. @Luc33, "Et il y a une autre tristesse, qui vient de la quasi certitude qu'après les élections prochaines en France, quel qu'en soit le résultat, rien ne changera vraiment."
      Tout à fait d'accord sur ce point, notamment - et surtout, en ce qui me concerne; je ne suis pas le seul à le penser -, si on prend en considération la question économico-financière - aux niveaux macro et micro:
      https://tvl.fr/politique-eco-n0442-avec-bernard-monot-brics-occident-la-grande-bascule-monetaire

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  4. Ce dimanche 23/06, une autre attaque terroriste meurtrière, cette fois-ci contre une synagogue et des églises orthodoxes au Daghestan a eu lieu. Au moins 20 morts, dont 15 policiers et 1 prêtre. Cela fait beaucoup en quelques heures et certains en Russie voudront/exigeront une réponse beaucoup plus "forte" du pouvoir russe et non plus des mots ou du "en même temps".

    Cela fait longtemps que "l'Occident collectif" n'est plus digne de confiance. Ces prochains mois s'annoncent très difficiles et incertains.

    P.s: un "faux drapeau" d'envergure pendant la période estivale - et plus particulièrement pendant les JO - n'est pas à exclure. "Evidemment", le camp euro-atlantiste désignerait la Russie ou un de ses "alliés"(Iran, Corée du Nord...) comme "responsable"...

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  5. Poutine ne veux pas être celui qui déclenchera la 3° guerre mondiale !

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  6. Oui, réaction navrante de par sa mollesse.

    Qui sait si la dite mollesse commencera à se durcir (je pèse mes mots) quand quelques ATACMS raseront la moitié du Kremlin.

    Sortons les bières et les pizzas et attendons

    Trêve de plaisanterie.
    Poutine & son porte la bonne parole, n'ont pas encore compris qu'il n'y aura jamais de négociation et que l'Ukraine n'est qu'une toute partie de l'enjeux.

    L'affaire du Koursk aurait du lui mettre la puce à l'oreille, mais à l'époque le Tsar (de toutes les Russies) était en vacances en Crimée

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  7. Drone US abattu ?
    https://t.me/boriskarpovrussie/136486

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  8. Un très bel article . Pour envisager le futur, il faudrait effectivement répondre aux attaques sanglantes au présent !

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  9. Cette nouvelle escalade voulue par Washington constitue une décision imprudente qui invite la Russie à agir vers une nouvelle étape de la confrontation.

    Poutine a prévenu. La Russie ripostera de manière asymétrique. Les nouvelles technologies militaires russes vont se retrouver entre les mains du réseau des proxy de la Russie.

    Nos Mozart ne voient rien venir. Cela devient une constante...

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  10. " quand quelques obus tombent sur une plage russe, on réalise que oui, nous sommes en guerre. Mais quelques heures plus tard, hormi les proches des victimes, restaurants et théatres sont de nouveau pleins et on s’amuse dans les rues."

    https://boriskarpov.tvs24.ru/2024/06/27/mobiliser-ou-perdre/

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